La nouvelle stratégie d’arabisation, communiqué du Ministre de la Langue et de la Culture kabyles
ANAVAD AQVAYLI UΣḌIL
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
PROVISIONAL GOVERNMENT OF KABYLIA

MINISTÈRE DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE KABYLES

COMMUNIQUE

Faisceau d’indices convergents pointant vers une nouvelle stratégie d’arabisation de la Kabylie

Depuis notre dernier article sur l’investiture de l’Association d’arabisation IQRAA au cœur de la Kabylie, des informations en provenance de différents endroits de la Kabylie faisant état d’un faisceau d’indices convergents, confirmant qu’une nouvelle stratégie d’arabisation est orchestrée par l’administration coloniale algérienne.

Par le présent communiqué, nous souhaitons alerter l’opinion kabyle dans l’espoir de susciter de la vigilance et une résistance à l’arabisation.

1- Nouvelles écoles coraniques informelles dans les mosquées

Le régime algérien manipule la religion et la met davantage à contribution en vue de renforcer l’arabisation de la population kabyle.

À Agwni-Ggeɣran, l’ancien imam, enfant du cru, d’une âme poétique et dont la maîtrise de taqvaylit est phénoménale, a été affecté ailleurs en le remplaçant par un imam salafisant. Fait sans précédent, la mosquée est désormais ouverte aux femmes. Avec la complicité de certains fonctionnaires de l’État algérien, des femmes ont été recrutées afin de servir d’exemple, avec l’espoir que d’autres leur emboîteront le pas. On tente aussi de renforcer la présence des enfants dans la mosquée.

Cette initiative est sans doute liée à l’implantation de l’Association IQRAA en Kabylie, financée par Ooredoo, une compagnie de communication présidée par un membre de la famille royale du Qatar Sheikh Abdullah Ben Mohammed Ben Saud Al Thani.

2- Implantation de l’Association IQRAA en Kabylie

Nous avons déjà dénoncé l’implantation de cette association en Kabylie lors de son inauguration car derrière l’objectif d’« alphabétisation » annoncé se cache l’objectif réel d’« arabisation ». Notre article dénonçant cette implantation peut être consulté ici.

3- Construction de nouvelles mosquées spacieuses pour abriter des écoles

Selon la presse algérienne, la Kabylie aujourd’hui compte plus de mosquées que dans tout le territoire algérien. La plupart des mosquées construites récemment renferme un espace susceptible d’abriter une école. Certains villages comptant déjà une mosquée ont vu se bâtir une deuxième car l’ancienne jugée assez exiguë pour abriter un projet d’école. Plusieurs cas ont été récemment rapportés par la presse locale et par nos militants, notamment à Buzgen (Bouzguene) et Aɣriv (Aghrib). Afin de s’assurer leur loyauté et leur service, l’État algérien procède à l’affectation de nouveaux imams arabophones, chargés de mission, tandis que les imams locaux sont affectés ailleurs qu’en kabylie.

4- Implantation de gendarmes, de corps policiers et de gardiens d’édifices provenant des régions arabophones

Il a été constaté que de nouvelles recrues de gendarmes, de policiers et de gardiens d’édifices publics arrivent en masse en Kabylie. Souvent jeunes et célibataires, la population locale soupçonne le régime algérien d’avoir recyclé des amnistiés parmi ces nouvelles recrues.

5- Attribution de logements et de quartiers entiers à des populations arabophones déplacées

L’attribution de logements doit faire partie des prérogatives des collectivités locales comme les municipalités dans un esprit de transparence. Or, en ce moment, l’attribution des logements se fait par l’entremise directe des walis en Kabylie dont la mission consiste exclusivement à mettre en application les directives de l’État algérien.

Ainsi, il a été signalé dans la presse locale et par la population que des logements sont attribués dans une opacité totale, à des populations étrangères à la région au détriment des listes confectionnées par les municipalités. À ceux qui risquent de voir dans cette dénonciation une forme de racisme, nous tenons à signaler que nous n’avons rien contre les populations arabophones mais nous dénonçons le fait que ces pratiques soient inscrites dans le cadre du plan d’arabisation de la Kabylie.

6- Projet de créer de nouvelles wilayas arabisées en Kabylie

Dans un nouveau plan de découpage territorial, le projet de créer de nouvelles wilayas arabisées en Kabylie a été remis au goût du jour. Ce projet date déjà du lendemain du printemps noir et fut prôné par Lyazid Zerhouni, alors ministre de l’intérieur. Dans sa nouvelle formule, annoncée récemment à l’issue d’un conseil des ministres, il s’agit de promouvoir en wilayas déléguées certaines daïras, première étape avant de les transformer en wilayas à part entière. Dans un premier temps, il s’agit de détacher Tizi-Wezzu pour faire bloc avec certaines localités déjà en phase finale d’arabisation au fur et à mesure que l’on se déplace vers Vu-Merdas (Boumerdes) et Alger.

Pour se faire, on prévoit de détacher certaines daïras de la Wilaya de Tizi-Wezzu comme Tala n Tehmamat (Ain El-Hammam) et Iɛezugen (Azazga) qui résistent à l’arabisation. L’administration algérienne envisage de faire la même chose de l’ouest de Tizi-Ouzou avec la daïra de Taneccirt (Draa-El-Mizan) en faisant bloc avec des localités en phase finale d’arabisation au fur et à mesure que l’on se déplace vers Tuvirett et à l’ouest vers Lexmis n Xecna (Khemis el-khechna).

Du côté de Vgayet, on prévoit d’en détacher Aqvu et Ixerraten (Kherata). Du côté de Tuvirett, on prévoit de lui soustraire Aïn Bessam, Sour El-Ghozlane et Lakhdaria. La finalité de ce découpage est de créer une nouvelle appartenance arabophone afin que les populations ne se sentent pas solidaires des revendications légitimes de la population kabyle.

7- Conclusion : stratégies pour contrer ce plan d’arabisation

En vue de contrer ce plan d’arabisation, le MAK-Anavad entend mettre sur pied un Comité de surveillance de l’arabisation. Sa tâche primaire consistera à identifier et recenser toute action mise sur pied par l’administration coloniale algérienne en vue de faire progresser son projet d’arabisation de la Kabylie. Ainsi, nous lançons un appel aux militants et militantes kabyles soucieux de faire barrage à ce plan, en les invitant à se rapprocher des sections locales du MAK-Anavad en vue de constituer des comités locaux de surveillance de l’arabisation de la Kabylie. Le MAK-Anavad a besoin des informations en vue de les porter devant les instances internationales dépendant des Nations-Unies.

Nous demandons également à la population kabyle de demeurer vigilante face à ce nouveau projet et d’entamer un processus de déconditionnement en réhabilitant les toponymes kabyles authentiques.

Si rien n’est fait pour contrer ces différentes stratégies, il ne nous restera plus que le cimetière de l’histoire et tout ce que nous léguerons aux futures générations sera « Il était une fois, la Kabylie… ».

Karim Achab,
Ministre de la Langue et de la Culture kabyles
SIWEL 182037 Mar 17

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