IL AURAIT 65 ANS AUJOURD’HUI S’IL N’AVAIT PAS ÉTÉ ASSASSINÉ

TIZI WEZZU (SIWEL) — Matoub Lounès chantre de l’identité et symbole du militantisme kabyle aurait célébré son 65 ème anniversaire aujourd’hui. Matoub, né le 24 janvier 1956 à Taourirt Moussa à Ait Douala dans la préfecture de Tizi Wezzu, est assassiné le 25 juin 1998 à Thala Bouanan sur la route menant vers son village natal.

Matoub a commencé sa carrière de chanteur en 1978 avec son album intitulé A yizem, depuis, il n’a pas cessé de produire et de s’imposer sur la scène artistique et politique kabyle. Il est devenu chanteur, musicien, auteur-compositeur-interprète et poète qui a bercé les générations kabyles des années 80 et 90. La défense de l’amazighité et d’une Kabylie laïc et démocratique a indéniablement marqué son œuvre de chanteur. Il a souvent fustigé dans ces chansons les détenteurs arabo-islamiques du système en les traitant d’usurpateurs du pouvoir et d’ennemis de l’identité kabyle et de la Kabylie, un engagement qu’il a payé avec son sang en 1989 après avoir été grièvement blessé par un gendarme qui l’a fusillé avec son Kalachinkov à Oued Aissi, un fait qu’il a hardiment reproduit dans son album « Ironie du sort », notamment dans la chanson « Ma darsas ig naqen aqli mutghara ».

Rétabli, Lounes continue son combat sans relâche en fustigeant les ennemis de la Kabylie en particulier les islamistes qui y ont semé la terreur dans les années 90. Cette détermination acharnée a mené un combat contre les islamistes, ennemis de la vie et de la Kabylie, était derrière son enlèvement par des terroristes armés, le 24 septembre 1994, libéré après une la grande mobilisation des Kabyles. Dans la même année, Lounès obtient le prix de la mémoire attribué par Danielle Méttirrand après la publication de son récit autobiographique Rebelle.

En mars 1995, il reçoit le Prix de la liberté d’expression remis par le Ski Club international des journalistes du Canada. En 1998, l’année pendant laquelle il a reproduit l’hymne colonial algérien dans son dernier album, Lounès fut assassiné près de son village natal par un groupe terroriste armé. Dans cette reprise Lounès a exprimé clairement son avis par rapport à l’Algérie en disant qu’il est temps de faire cessation avec ce pays : delwaqt ancaregh tamurt anfrez tura.

Des centaines de milliers de Kabyles ont assisté à son enterrement à Taourirt Moussa, ces milliers n’ont pas cessé jusqu’à nos jours de lui rendre hommage en interprétant ces immortelles chansons. Sa mère Na Aldjia l’a récemment rejoint dans sa demeure éternelle.

À noter que l’un des sbires du système colonial, appartenant à la fondation Matoub, a empêché, aujourd’hui, un groupe d’indépendantistes de brandir le drapeau kabyle près de la tombe du défunt.

Youva Amazigh
SIWEL 242130 JAN 21