DE LA STRATÉGIE POLITIQUE À VUE DE NEZ

KABYLIE (SIWEL) — C’est tellement chétif et risible que de croire que pour pouvoir s’ériger en gentil fédérateur et en super démocrate, il serait nécessaire d’adopter un discours light, dulcifié, voire composite, face à une réalité qui, pour le moins, appelle d’autres médications, et à des foules dont les affres de l’aliénation et de l’acculturation, conséquences avérées d’une école coloniale qui n’est plus à présenter, sont dans un état très avancées.

À ce stade de l’orgueil mal placé, force est d’admettre qu’on n’est plus dans une lutte de nature révolutionnaire, mais bien dans le registre de perpétuation d’une démarche désuète sur fond d’agitation populiste et de démagogie de bas étage qui repose sur l’inféconde posture de toujours qui consiste à « plaire et faire plaisir à tout le monde » pour exister, car au final, c’est de cela qu’il s’agit substantiellement et de rien d’autre. Or, dans une quête de reconnaissance débridée et de toute part, il y a invariablement une souffrance profonde qui sous-tend une immaturité patente. À défaut d’exister par son essence, on s’emploie à collectionner des adjuvants pour l’être et ce, le temps d’une satisfaction éphémère. Tristes petites gloires sans lendemain qui résument la moisson d’une prétention démesurée, impétueuse et sans assises. Et on ose appeler ça de la stratégie !.

Il y a, vraisemblablement, dans certains esprits, plus que de la confusion, une réelle méconnaissance conceptuelle assez inquiétante tant le conformisme est pris pour consensus, l’union pour empilement, le projet politique est réduit à des réactions conjoncturelles et le compromis n’est plus que la copie conforme de la compromission. Au-delà, quand bien même le discours rassembleur est nécessaire, il ne pourrait, pour autant, ni s’ériger sur l’affect ni faire l’économie d’une argumentation objective qui soit en parfaite osmose avec le projet politique qu’on prétend porter.

Enfin et loin du terrain politique, il y a lieu, là encore, de rappeler que simuler l’élite ne fait pas l’élite, ceci est d’autant plus vrai du fait que celle-ci ne devrait s’encombrer ni d’embarras ni d’effroi pour provoquer, pour froisser les sensibilités, voire pour secouer le cocotier des représentations surannées. Etre infatué de ses idées toutes faites, ça peut être le fait de tout ce qu’on veut sauf d’une élite, celle-ci n’existe que pour contraindre la société à sortir des sentiers battus et non à la caresser dans le sens du poil pour engranger le maximum de « bravo » et de « vues ». À moins de verser dans un militantisme scélérat qui reproduit ce qu’il est censé combattre, ce besoin obsessionnel de faire l’unanimité à tout prix, est symptomatique d’un trauma qui relève plus de la pathologie que de la réflexion, encore moins de la stratégie.

Mus
SIWEL 012134 MAI 21