DE LA DETTE DE SANG CADUQUE ET INDUE À L’AUTO-FLAGELLATION

Une délégation de villageois Kabyles partie de Larvaa Nat Iraten s’est rendue à Miliana pour présenter ses condoléances à la famille du jeune activiste politique Djamel Bensmail, assassiné dans des conditions louches tant les barbouzes de la junte militaire algérienne sont impliquées jusqu’au cou dans cette affaire où il est désormais acquis que personne ne saura le fin mot de cette histoire criminelle. Une enquête internationale s’impose.

Des affaires de crime politique de cette espèce, il y’en a des milliers depuis 1962 dans cette chimère « Algérie » sous la coupe d’une bande de voyous dont les crimes sont semblables et même pires que ceux de la mafia. Ils restent non élucidés.

Les exemples de ces crimes pullulent dans la nécrologie Kabyle, peuple particulièrement visé par cette bande de criminels au pouvoir.

Au moment où nous écrivons ces lignes, la Kabyle, Kamira Nait-Sid Présidente du Congrès Mondial Amazigh (CMA) est portée disparue depuis 3 jours déjà. Sachant qu’elle était visée, a pris ses précautions sécuritaire pour échapper à la traque et aux rafles policières qui s’abattent actuellement sur tous les militants politiques, les indépendantistes ou simplement les identitaires. Un autre militant, Slimane Bouhafs, réfugié à Tunis, a été kidnappé par 3 individus qui l’ont battu selon les témoins et dont on reste sans nouvelles.

La délégation ne s’est pas rendue les mains vides chez les Bensmaili. Dans sa besace, la bagatelle de 3 milliards de centimes, en guise de paiement de la Diyya (dette de sang) compensation financière que payait autrefois l’auteur ou sa famille sinon son village ou sa tribu s’il a été chargé du crime par ces deux dernières entités.

La Diyya, pratique islamique, en usage autrefois en Kabylie, a complètement disparu avec l’instauration du droit positif colonial, et en Kabylie et en « Algérie » où c’est l’institution judiciaire qui punit et qui décide du montant compensatoire que l’auteur doit aux proches de la victime.

Pourquoi donc ce retour à des pratiques devenues caduques et obsolètes dans la Kabylie moderne ?Le montant de cette dette, dont on ne sait qui l’a évaluée et sur quels critères, est exorbitant alors que ce village à l’instar des autres de la Kabylie, déplore une trentaine de morts et des milliards de dinars de pertes en bétail, en arboriculture, en oliveraies, en figueraies et en faune et flore sauvages ainsi que la perturbation de l’écosystème environnant. Une catastrophe indicible.

Pourquoi s’acquitter de cette faramineuse somme pour des villageois qui ont tout perdu et qui sont les premières victimes de ces incendies criminels et du scénario criminel qui en a suivi et dont la junte terroriste en est l’auteure ? Elle les a volontairement laissés se développer, d’abord ne disposant pas de moyens et d’équipements anti-incendie adéquats et pire, elle a refusé l’aide internationale qui lui était proposée. LNI a fait dans l’auto-flagellation et l’auto-culpabilisation.Aqelmun yughal s-idaren. Le monde à l’envers. De victime, LNI se pose en coupable expiatoire, au grand bonheur de cette junte militaire criminelle ainsi disculpée, pense-t-elle.Certes, cette « Algérie » maudite vit dans la violence, l’arriération, l’archaïsme et l’obscurantisme distillés depuis les médias publics, les politiciens et les mosquées intégristes. Les exemples sont nombreux de ces femmes assassinées, violées en groupe, brûlées vives, avec des féminicides en augmentation. La réminiscence des fatwas gouvernementales, une pratique anachronique ainsi que d’autres croyances surannées font que ce pays patauge dans des lourdeurs sociologiques incompréhensibles pour un ancien territoire qui a vécu de plain-pied dans la modernité apportée par la France coloniale.

Pour autant le père de la victime est resté un homme digne, éclairé et positif qui fait confiance à la « justice » de son pays et n’a émis aucune volonté de vendetta.Pourquoi cette précipitation à se culpabiliser alors que la factice-enquête est en cours, où la junte criminelle est juge et partie. La main qui a tué est aussi celle du commanditaire.

Le terroriste réside aux Tagarins et traîne la botte, plutôt la savate, à El Mouradia.

Dans l’absolu, si l’assassin est de ce village, il est le seul responsable à répondre de son crime devant la justice et le seul à payer les dommages et par sa liberté confisquée et par ses propres deniers. L’ « État » si tant est que cette fumisterie « Algérie » en est, il est le seul responsable de la sécurité des biens et des personnes.

Cette dette de sang indue, payée cash, rubis sur ongle, dont l’usage est aujourd’hui dépassé et archaïque, n’annihile pas la faute – pourtant non commise par les Kabyles – qui retombe ainsi pour l’éternité sur ce village et toute la Kabylie. Un acte inconséquent digne d’un siècle en arrière.

Couche sur couche, ruine sur ruine, crime sur crime, répression sur répression, la Kabylie plie-t-elle sous le poids de cette domination arabo-islamiste, intégriste, obscurantiste qui déteint sur elle.

Elle régresse ici et sombre dans l’éthique sans dignité où de ses enfants se punissent et paient une dette de sang, à l’usage désormais caduque, pour un crime qu’ils n’ont pas commis.

Pendant que les peuples avancent, se développent et prospèrent, la Kabylie encore attachée à cette « Algérie » morte, connaît non seulement, d’immenses retards mais pire, elle régresse. Le gâchis.

CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante
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