La Coordination MAK-Anavad d’At Yiraten revient sur la nuit d’émeutes du 14 juin
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
MOUVEMENT POUR L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE
MAK-ANAVAD
COORDINATION LOCALE D’AT YIRATEN

 

Une semaine avant le 14 juin,  la Coordination MAK-Anavad d’At Yiraten a appelé à un rassemblement pour commémorer la Journée de la Nation Kabyle et rendre un hommage aux frères martyrs du Printemps noir kabyle.

La campagne d’affichage réalisée le 09 juin pour l’événement fut un beau succès accompli par une trentaine de militants de la coordination, qui ont sillonné toute la ville de bout en bout au vu et au su des forces d’occupation. Tout au long de la campagne d’affichage, nos concitoyens n’hésitaient pas à s’approcher de nous pour se prendre en photo avec le drapeau Kabyle et nous encourager : « Tikkelt-agi ad nssali annay-nni » (nous allons lever le drapeau Kabyle cette fois-ci) ou encore « aqlaγ yid-wen » (nous sommes avec vous).

Le 14 juin arrivé, la ville de Larevɛa était bouclée dès le matin. Les policiers algériens étaient partout, en civil et en uniforme. La ville était quasi-morte. Les services de répression ont profité de l’absence des militants de la coordination locale, qui se sont déplacé en force à Iɛeẓẓugen dans le cadre de la Journée de la nation kabyle, pour arrêter l’un de ses militant vers 11h30. Il s’agit du musicien, flûtiste professionnel, Mourad Houamdi.

Comme chacun le sait, le rassemblement d’Iɛeẓẓugen a été sauvagement réprimé. Alors que nous étions mobilisés sur place pour la libération des militants arrêtés, nous avons reçu l’information d’un premier renfort de CRS algériens à Larevɛa vers 13:30, puis un autre à 16:00 et un troisième à 17:00.

A 18:45, alors que la ville était toujours inanimée en ce mois de Ramadan, Belaid Moualek, militant actif de la coordination d’At Yiraten, a été arrêté à bord de son véhicule, et conduit au commissariat colonial. L’alerte a été aussitôt donnée et l’information a fait le tour des villages.

A 21:30, alors que les militants qui étaient à Iɛeẓẓugen étaient de retour à Larevɛa, l’accès à la ville été quasi-impossible. Les militants se sont alors réunis de l’autre côté, à « Tizi n Semlal », un lieu très populaire, mais un peu isolé de la ville. La police a investi le lieu rapidement et a arrêté violemment un militant dans une terrasse d’un cafétéria, Yacine D, pendant que d’autres agents de la police coloniale tentaient de s’attaquer aux militants réunis. Mouhand Ouamara Ait Ouatahar fût agressé à coups de matraque par un policier zélé. Un autre policier s’est dirigé vers le plus jeune des militants de la coordination Syphax M et l’a menacé à haute voix, provoquant ainsi la colère des concitoyens : « tu ne vas pas passer le BAC, tu me trouveras au portail, je vais t’attendre », lui a-t-il dit.

A la surprise des policiers, ils venaient de constater qu’ils n’étaient pas face aux militants de la Coordination, mais plutôt à des milliers de villageois qui surveillaient le moindre dérapage de la police pour réagir. Des dizaines de personnes leur criaient dessus : « vous êtes chez nous », « vous ne pouvez pas faire votre loi ! », « Vive la Kabylie libre et indépendante ! », …

Ils ont alors reculé. Les militants de la coordination  se sont mis à calmer les gens pour que ça ne prenne pas un autre tournant. Le lendemain, Yacine D, qui venait d’être arrêté, nous a appris qu’il a tout fait pour convaincre les policiers de relâcher les militants arrêtés pour éviter l’embrasement et qu’ils étaient restés sourds.

Les citoyens exigeaient la libération des militants arrêtés. « 10 minutes et on les relâchera » ont répondu des agents de la police coloniale.

Mille, deux milles, trois milles , jusqu’à 5 000 citoyens étaient réunis pour exiger la libération des militants arrêtés. Une marche pacifique allait avoir lieu vers le commissariat mais la route était déjà bloquée.

Plusieurs dizaines de minutes étaient déjà passées et aucune nouvelle des militants arrêtés et, en plus, les policiers provoquaient les citoyens. Les émeutes ont alors éclaté.

La police était totalement dépassée et a enregistré de nombreux blessés. Moins d’une heure plus tard, Yacine D a été libéré, puis Belaid Moualek.

Les émeutes ont duré toute la nuit malgré la libération des militants, d’autant plus que les policiers ont continué à arrêter des manifestants et surtout de les passer à tabac. Au moins 8 citoyens ont été arrêtés et sauvagement violentés. Un militant associatif, qui a essayé de calmer les manifestants, a été capturé et a reçu un violent coup de planche sur la tête avant d’être forcé à marcher pieds nus sur des morceaux de verre éparpillés, provoqués par les jets de cocktails Molotov. Une fois au commissariat, il a reçu plusieurs coups de tiser. Tous les militants arrêtés ont subi une violence inouïe devant les yeux des manifestants et dans le commissariat. Un enfant de 14 ans qui était de passage et qui s’est rapproché des manifestants à un moment où la situation s’est un peu calmée, a été capturé et violemment frappé.

Les autorités coloniales ne voulaient pas que ça s’arrête. Les policiers algériens ont même cassé tous les lampadaires d’éclairage qui leur étaient accessibles.

Des tirs à balles à blanc retentissaient de partout. Plusieurs manifestants ont été touchés. Les bombes lacrymogènes étaient dangereusement orientées vers la foule en cherchant à atteindre les manifestants avec les projectiles. Ils voulaient faire le maximum de blessés. Les renforts de CRS ne cessaient d’arriver durant toute la nuit.

Un jeune citoyen, Tarik, d’Aggni n Teslent (Michelet), en route pour son travail s’est arrêté un instant pour voir ce qui se passait. Il a été surpris par la police et arrêté. Il a été conduit au commissariat et violenté. Une somme de 5 500 DA lui a été confisquée et les policiers ont refusé de les lui remettre. La gravité du traitement qu’il a subi a provoqué la colère des citoyens d’Aggni n Teslent, d’où les émeutes à Michelet le lendemain. Sa vidéo a fait le tour des réseaux sociaux :


C’est aux environs de 8h du matin que le calme est revenu. Plus tard, nous avons appris de sources hospitalière qu’un nombre important de policiers ont été conduits à l’hôpital dans la nuit.

Cet embrasement, les autorités coloniales l’ont cherché, déjà avec l’arrachage du Drapeau national kabyle à Tawriwt Meqran il y a quelques jours. La répression d’Iɛeẓẓugen a indigné les citoyens. Ajouté à cela, l’arrestation de 3 militants et l’empêchement du rassemblement pacifique à Larevɛa. Autant d’injustices qui ont provoqué l’ire des citoyens, qui, nous tenons à le préciser, n’ont saccagé aucun bien public ou privé.

Les autorités coloniales sont les seules responsables de ces événements.

La coordination MAK-Anavad d’At Yiraten s’est réunie dès le lendemain et a pris attache avec les blessés pour leur proposer leur aide. La Présidente de la Coordination Ouest, Rachida Ider, les a également eu au téléphone et s’est rendue aux chevets d’un blessé.

Le pouvoir algérien, à travers ces événements, a prouvé qu’il ne maîtrise que le langage de la violence et de la répression. La Kabylie doit se lever comme un seul homme à chaque fois qu’une activité pacifique est empêchée par un pouvoir colonial qui encourage les voyous, le banditisme, la drogue, l’insécurité et le salafisme dans nos territoires.

La Coordination MAK-Anavad d’At Yiraten,
SIWEL 201934 Jun 17 UTC

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