Algérie : De la déshérence intellectuelle et éthique à l’allégeance à un « État » voyou narcotrafiquant

TRIBUNE (SIWEL) — Après avoir assassiné Matoub Lounès*. Après l’avoir trucidé avec un acharnement sans pitié où l’on retrouve environ quatre-vingts impacts (80) de balles de Kalachnikovs, comme s’il y avait une volonté d’écrabouiller et son corps et sa voiture, le pouvoir colonial assassin revient 20 ans après ce macabre 25 juin 1998 sur les lieux du crime. Le territoire Kabyle.

Satisfaits d’avoir tué, mais non rassasiés, inquiets de voir que Matoub, le chantre de la Kabylie, est toujours présent à travers la place qu’il occupe dans la mémoire collective et nationale Kabyle « Ulac it illa » (Absent mais si présent ! », avec sa poésie subversive et ses chansons engagées rentrées par la grande porte dans le patrimoine universel, les voyous d’Alger reviennent pour le tuer une seconde fois.

Dans un jeu de dupe mémoriel et par l’entremise de ses agents en Kabylie et de délégations tout droit venus d’Alger la Blanche, couleur Cocaïne – le pouvoir colonial est depuis, tombé, après la corruption et le vol, dans le trafic de cocaïne où des membres proches du clan d’Oujda sont impliqués – tentent de récupérer et de s’accaparer sa mémoire.

Après avoir tenté d’effacer et de supprimer son image et son talent pendant une quinzaine d’années du paysage algérien et Kabyle et loin d’avoir atteint son but, c’est devant le Tsunami indépendantiste qui déferle en Kabylie sous l’impulsion politique de MAK et de l’Anavad à sa tête Mas Ferhat Mehenni, que le pouvoir colonial pris de panique tente de récupérer et d’instrumentaliser la mémoire de Matoub. En somme le tuer une seconde fois et cette fois-ci pour de bon pense-t-il, en souillant son image en associant sa mémoire à leurs manœuvres mesquines de récupération.

Devant le combat et la lutte politique du MAK qui sort des sentiers battus de la revendication autonomiste, culturelle et identitaire de Tamazight, pour rentrer dans le format de la revendication indépendantiste, le pouvoir colonial tente de faire faire à la Kabylie un retour en arrière vers les années… 80 de la revendication Berbériste et de refixer le débat sur Tamazight afin d’éluder la revendication de La KABYLITÉ dans le cadre d’une Kabylie indépendante, libre et souveraine telle que posée par le MAK dès 2001 et l’Anavad depuis 2010.

L’internationalisation de la question Kabyle, le dépôt du Mémorandum à l’ONU le 28/09/2017 et devant les institutions internationale, sans parler des autres actions d’envergures politiques internationales ont fini par jeter le pouvoir colonial dans le désarroi total.
À l’aune de ces actions politiques entreprises par le MAK et l’Anavad (Gouvernement Provisoire Kabyle en exil), les colons du clan d’Oujda ont entrepris dans l’urgence panique une révision de la constitution pour laisser figurer une place, sur un strapontin, à la langue Amazighe afin de casser la dynamique des Nationalistes Kabyles qui projettent et qui voient en la Kabylie une Nation moderne, laïque, ouverte sur le monde et sur l’universalité.

Dans son élan tremblant et fiévreux, il octroie même un petit cadeau perfide à la Kabylie.

Il officialise Yennayer et demande à tous ses agents et ses « Zintello » de clamer partout, que toute l’ « Algérie » est Amazigh mais sans toutefois oublier que l’ « Algérie » est une « terre arabe » insérée dans le socle de l’arabité…

C’est dans le sillage de ces concessions et des reculs calculés que le pouvoir colonial veut faire de la maison de Matoub Lounès, un musée, comme celui dans lequel il veut mettre la civilisation Berbère pour la réduire à un patrimoine historique à l’instar de la civilisation Maya et autres qui ont disparu.

La junte militaire, toujours dans le même élan, envoie aujourd’hui tous ses sbires commémorer sans vergogne l’anniversaire de la mort de celui qu’elle a assassiné.
Elle ouvre désormais tous ses médias aux proches de Matoub quand elle les a fermés pendant des années, les empêchant ainsi de dénoncer le crime dont a été victime leur fils.

Le seul et grand soutien, est venu et vient de ses frères Kabyles qui ont toujours été et resteront toujours présents ainsi que ses amis occidentaux qui ont donné le nom de Matoub à certaines des rues et des places de leurs villes et qui réclament avec force droit la vérité sur la mort de Matoub.

Soulignons ici que la récupération calculée a ses limites. Le nom Matoub ne figure sur aucun un édifice culturel public et aucune place ou rue « d’Algérie » et à fortiori de Kabylie* ne portent le nom de Matoub Lounès.

Aujourd’hui, allant plus loin encore dans le deuxième assassinat de Lounès, les assassins tentent de faire interdire par leurs agents en Kabylie, l’accès à la maison et au village de Matoub et empêcher les Kabyles de célébrer sa mémoire dans les prochaines années.

Dans un jeu de dupe mémoriel et par l’entremise de ses agents en Kabylie et de délégations tout droit venues d’Alger la Blanche, couleur Cocaïne – le pouvoir colonial est depuis, tombé, après la corruption et le vol dans le trafic de cocaïne, où des membres proches du clan d’Oujda sont impliqués – tente de récupérer et de s’accaparer sa mémoire.

Toujours dans la même veine, ils actionnent leurs larbins, qui dans des contributions, mièvres, insipides et candides pour certains, tentent de s’opposer à la dynamique indépendantiste de la Kabylie

Empruntant le style et le mode algérien du pleurnichard et du geignard, ces larbins sont toujours là, à mendier devant le pouvoir arabo islamique qui les méprise – tant ils savent qu’au fond d’eux-mêmes, ces gens-là ne sont intéressés que par la mangeoire ou la prise de pouvoir pour certains – une Amazighité qu’il (le colon) considère lui-même comme un grand danger pour son idéologie fasciste arabo salafiste.

Ont-ils conscience ces égarés que, non seulement cette question de Tamazight ne relève pas de la « souveraineté » algérienne, si souveraineté il y a, en particulier vis à vis de la France, leur génitrice, mais de la ligue arabe et que cela équivaut à un suicide politique et idéologique pour lui que d’accéder à cette revendication ?

Ces KDS (Kabyle de Service) vont jusqu’à sortir des perles plus grosses que leur cervelle.

De victime du fascisme et du négationnisme arabo salafiste qui fait couler le sang Kabyle depuis les années 20 jusqu’à aujourd’hui, les Kabyles sont traités de fascistes. Ils ont osé !
Nous savions que ces KDS veulent garder leur place dans la mangeoire arabo salafiste et c’est leur droit absolu, mais de là à se renier à ce point est d’une telle déchéance que Taqvaylit n’a jamais connue. Même les harkis de la guerre de libération n’ont pas dépassé cette limite.

En déshérence intellectuelle et éthique et sans aucune cohésion politique, ils font quand même le constat d’une Kabylie sinistrée, ruinée et ce sur tous les plans, identitaire, culturel, économique et social, ils accusent le pouvoir de tous ces maux et de tout ce négationnisme mais pour ensuite dans une attitude que seules la psychiatrie ou la couardise peuvent expliquer, persister à entrevoir le futur et l’avenir de la Kabylie avec ce… pouvoir colonial narcotrafiquant, qui à son grand bonheur apprécie, l’attitude de ces personnages qui ont bien appris leur leçon et qui lui servent de caution et de faire-valoir démocratique.

Ces individus des partis dits « Kabyles » qui aspirent à une assise nationale algérienne, dont ils sont carrément absents, et dont le dernier parti, né de l’insémination opérée par Ould Abbas actuel secrétaire général du FLN qui en est le parrain, vont même jusqu’à remettre en cause la légitimité du MAK, le MAK, le seul mouvement Kabyle qui a mobilisé des centaines de milliers de Kabyles, en Kabylie, en France, au Canada, dans le Benelux et ce pour l’INDÉPENDANCE DE LA KABYLIE, quand eux-mêmes n’arrivent pas à mobiliser trois pèlerins et sont rejetés au niveau national colonial où ils font place de figurants lors d’ « élections » frauduleuses où « l’élu » de 2019 est déjà connu.

Sans projets politiques, exceptés les plans éculés de l’autonomie, de la régionalisation et du fédéralisme, qui ont connu leurs limites suite à un rejet total, méprisant et ironique, du pouvoir colonial, ces KDS, n’existent que dans la réaction pathétique.

Certains d’entre eux continuent de tourner en rond, dans le déni d’une réalité sociale et ethnique disloquées aux antipodes d’une nation unie et homogène, ils osent même palabrer et radoter sur une « Algérie » plurielle, une illusion, un paradoxe qui donne le vertige dans cette « Algérie » érigée sous le dogme d’une constante nationale inaliénable, l’arabité.

Cette arabité imposée, importée, comme de la patate, une chimère, mais une chimère sacrée quand même où le pouvoir colonial ne voit l’autre, l’Amazigh, que soumis à cette arabité.

Dans cette « union », le pouvoir colonial donne la main gauche en place et lieu de la main droite pour serrer la main de l’autre, l’Amazigh. En somme le mariage de la carpe et du lapin.

Sous les ordres du pouvoir colonial, ces Kabyles de service, sont en embuscade et tels des snipers, ils sont prompts à tirer sur Mas Ferhat Mehenni, l’Anavad et le MAK, à chaque progrès politique et structurel enregistrés par la Kabylie en voie d’indépendance.
À l’opposé, leur silence est extraordinaire face à la répression et les arrestations en Kabylie où contrairement aux pays de droit, la procédure judiciaire est respectée, l’ « Algérie » coloniale procède à des Kidnappings et des séquestrations en mode voyou.

Parmi ces KDS, Ouyahia, le premier ministre algérien, est le seul qui assume son « larbinisme » et sa traîtrise envers les siens, reconnaissons-lui ce déshonneur, il a même été l’artisan qui a fait appliquer, dès 1998 la politique de ses maîtres, portant sur la généralisation de l’arabisation.

Ces paumés qui ont honte de se définir Kabyles se disent Amazighs à l’instar des algériens, qui eux aussi clament depuis… janvier 2018, qu’ils sont Amazighs mais… Algériens arabisés par l’Islam. Comble de l’égarement c’est dans la religion qu’ils tirent leur arabité et non pas dans leur ADN.

Le fascisme et le négationnisme envers les Berbères en général et envers les Kabyles en particulier, Kateb Yacine, l’avait déjà saisi, il en avait dit « Quand un arabe défend son arabité ils (les arabes, ndlr) disent qu’il est nationaliste mais quand un Amazigh défend son Amazighité, ils disent qu’il est raciste ».

Aujourd’hui, inspirés par ce grand écrivain qui a condamné et combattu en son temps cette idéologie fasciste, nous paraphrasons avec ironie « Quand un arabe défend son arabité, ils disent qu’il est nationaliste, quand un Kabyle défend sa KABYLITÉ, ils disent qu’il est fasciste » alors, si la Kabylie était dans une logique guerrière et violente, nous dirions à fasciste, fasciste et demi et advienne que pourra.

*De Matoub, l’indépendantiste Kabyle avant l’heure, l’artiste et poète qui dans un pastiche « Aghuru » (l’imposture) a parodié dans une dénonciation sans égal l’occupant algérien à travers son propre hymne national jeté aux orties – qui lui a valu sa mort, quelques semaines après sa sortie – relevons aussi son espoir de voir naître une République Kabyle, exprimé depuis la scène du Zénith à Paris en 1997.

https://www.youtube.com/watch?v=DqNCr-HxToY (Aghuru)

*Seuls le MAK et l’Anavad mettent en avant ses paroles dans les marches dont la plus célèbre « Ddwa-s ad ncerreg tamurt… Ad nevrez tura » (Son remède est la partition du Pays… Ainsi nous l’épurerons)

Ifilku Nughalad

SIWEL 261500 JUL 18