OTTAWA (SIWEL) — L’entrepreneur kabyle aux USA, Robin Melbouci, ayant participé samedi 17 décembre, à Ottawa, à l’hommage rendu à Ferhat Mehenni par la Fondation TIREGWA et l’association ACOAH, revient sur l’organisation de cette cérémonie qui n’a rien à envier aux sociétés développées. Nous publions ci-après son message de remerciement aux organisateurs et à l’assistance.

 

Un froid glacial s’est abattu ce week-end du 17 décembre 2016 sur l’Amérique du Nord. Sur mon chemin qui me menait de l’aéroport à l’hôtel dans le centre-ville d’Ottawa, je regardais avec appréciation les décorations de Noël, les lumières de toutes les couleurs qui se reflètent des glaçons suspendus sur les rebords des toits et la beauté de la neige qui continua de tomber. Malgré le froid, l’assistance était plus que nombreuse.

La soirée commença vers 18 heures, heure locale. Les invités ont commencé à arriver vers 17 heures. Ils sont venus de tous les coins du monde. Il y avait aussi des Amazigh de Libye qui ont rejoint la fête et qui ne voulaient pas rater cet événement.

J’ai demandé à un organisateur comment ont-ils fait pour mettre en place une organisation pareille. Sa réponse était « pas grand-chose » mais pour moi, qui suis habitué des soirées à New-York et Washington, cela représente un pas de géant dans l’organisation des évènements de ce genre. On dirait que j’étais à la réception d’ouverture du président Américain.
Pour moi, ils sont en train de nous montrer la Kabylie de demain dans toutes ses facettes.

Vers 18h30, la salle était remplie de femmes et d’hommes venus rendre hommage à l’un des leurs, un homme extraordinaire, Ferhat Mehenni.

Vers 18h40, Ferhat Mehenni, Lhacène Ziani, Tahar Ait Abdeslam et Karim Achab faisaient leur entrée dans la salle, ils ont été accueillis avec des applaudissements, des youyous… Pendant un petit moment, l’émotion envahit mon âme, car cela faisait presque 30 ans que je n’ai pas vu des scènes pareilles avec des youyous en face de moi. Je me suis vu dans mon village pour un petit laps de temps. C’était beau, magnifique et épatant.

Les organisateurs ont pris le podium pour nous souhaiter la bienvenue et pour commencer les festivités de la soirée.
La soirée a commencé avec quelques vidéos pour faire découvrir Ferhat. La vidéo que je garde en tête est celle qui s’appelle Ameziane III. Cette vidéo a commencé avec l’époque de la guerre contre la France. Cette tranche a été filmée par l’armée française. C’était difficile à regarder, car il s’agit de l’exécution du père de Ferhat. L’armée Française a fait sortir les villageois y compris la mère de Ferhat et son petit garçon, Ferhat lui-même pour y assister à l’exécution de son père – Ameziane Mehenni. Je n’ai pu retenir mes larmes. C’était la première fois que j’apprends les détails de ce crime contre l’humanité qui est toujours resté impuni.

Après les vidéos, des femmes et des hommes se sont succédés au podium pour raconter comment ils ont connu Ferhat depuis son jeune âge jusqu’à aujourd’hui.

Le dîner est servi vers 20h30. Pendant ce temps, un groupe local jouait de la musique de Ferhat. Tout est organisé minutieusement et je regarde autour de moi, je voyais des hommes et des femmes sourire, heureux et fiers d’être Kabyles. On dirait que nous sommes dans un rêve où ils nous montrent la Kabylie de demain. Je me suis pincé à deux reprises pour m’en assurer que je ne rêvais pas.

À la fin du dîner, les hommes et les femmes nous ont improvisé un petit gala. Les invités ont pris la scène pour chanter les vieilles chansons de Ferhat. Toutes les personnes présentes dans la salle ont commencé à chanter y compris Ferhat. C’était une fête inoubliable, mais aussi, j’en ai beaucoup appris des sacrifices de Ferhat pour que la Kabylie soit un jour libre, vraiment libre. Ce n’est pas fini.

Le dimanche 18 décembre, nous avons été invités à une conférence sur les origines du peuple Amazigh. Le scientifique a présenté son travail avec des preuves historiques et génétiques. Avec les nouvelles technologies de pointe dans le domaine biologique, le scientifique nous a présenté les dernières recherches où les biologistes du monde sont venus à la conclusion que l’homme moderne vient de l’Afrique du Nord.

Et mieux encore, le scientifique à fait sa présentation en Kabyle. J’étais aux anges et fier de voir que ma langue peut être utilisée dans les sciences et technologies de pointe comme la génétique. Les Kabyles d’Ottawa doivent être salués pour le travail scientifique et culturel avec lequel ils enrichissent le savoir de tous et ils montrent au monde ce que peut être la Kabylie de demain.
God bless them.

Sandrick Robin Melbouci

SIWEL 181155 DEC 16u[

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