QUAND LES CIGOGNES PASSENT

KABYLIE (SIWEL) — Le lieu : Kherata. L’événement : un anniversaire d’une manifestation. À première vue, le scénario peut prendre la route. Pourtant au moment du tournage tout flope. Réalisation médiocre, acteur hors du champ des cameras. Musique insipide qui ne cadre pas avec….le cadre.

Ils étaient là les Bouchachi, Zoubida Assoul, Mohsen Belabes, Karim Tabou à marcher sous des chants et des slogans islamistes rythmés aux cries d’Allah Akbar. À regarder ces vidéos qui circulaient sur la toile, on se demande si cela se passe en Kabylie où en Afghanistan. Sur des centaines de photos vues, aucun slogan en kabyle, sur des dizaines de vidéos perçues aucune chanson en kabyle. Pourtant Kheratta est censée faire partie de la wilaya de Vgayet et Vgayet fait partie de cette Kabylie.

Ici et là on dit qu’ils sont venus de partout pour célébrer la marche du 16 février 2019. On apprend indirectement que durant plus d’un mois on préparait cette manifestation. On veut bien. Mais, hélas il ya toujours un mais, puisqu’on veut mobiliser, pourquoi rassembler des gens dans une petite ville qui ne dérange en rien le pouvoir qu’on est censé vouloir faire chuter ? Pourquoi, ces organisateurs (d’ailleurs ils sont anonymes aucun appel officiel dument signé par une partie quelconque) n’ont-ils pas opté pour la capitale Alger ? Dans cette sphère nommée Hirak, se préserver tout en poussant les gens vers les bras de l’absurde semble être la devise.

Au-delà de ce que veulent bien montrer les images et vidéos (grande mobilisation, continuité du Hirak) et pour peu qu’on s’y attarde, on remarque la présence de tout sauf de l’authenticité dans cette sortie d’hier. Substituer une population à une autre pour faire croire que les gens de la ville de Kheratta se sont mobilisés relève de la mystification de l’esprit et d’une entorse au bon sens. Partant, les gens sincères qui croient encore au ce Hirak (ils existent) risquent une douche froide, car en vérité cette manifestation sent le chant des adieux et ressemble plus à un dernier baroud d’honneur. Les jeux désormais se font ailleurs, dans les coulisses, la rue (tolérées hier bizarrement, absence de policiers dans toute la ville de Kheratta) quant à elle est réduite à contenter les fantasmes des basaux qui croient qu’en souriant ils peuvent troubler la grimace féroce du pouvoir.

On peut duper une population un certain temps, on peut duper certains tout le temps mais on ne peut duper tout le monde tout le temps. Hier la mise en scène était tellement flagrante que même ceux qui crient retour, savent en fait que ce n’est qu’un retour vers les vestiaires. L’histoire retiendra que ce 16 février 2020, les cigognes sont passées, mais le ciel de la Kabylie ne fut point perturbé. L’avenir (proche) va décevoir plus d’un… il en va toujours ainsi quand on manque de discernement.

H@S
SIWEL 171050 FEV 21