PARIS (SIWEL) — La Ville de Paris, la Mairie du 14ème, la CBF,l’AJKF et l’association Ameslay organisent ce samedi 11 octobre l’inauguration de la place Slimane Azem dans le 14è arrondissement de Paris. Le collège Giacometti et le CEPIJE sont partenaires de l’organisation de cet évènement qui rend hommage à l’illustre artiste kabyle, mort en exil sans avoir jamais pu revoir sa terre natale. Soyons nombreux à lui rendre cet hommage

 

Cette inauguration est accompagnée d’un riche programme comprenant :

des stands d’expositions avec des objets lui ayant appartenu,

des originaux de disques et de cassettes,

des photos de familles inédites,

des poèmes récités par des enfants,

un stand librairie,

une projection-débat autour du documentaire "Slimane Azem, une légende de l’exil" de Rachid Merabet,

et beaucoup de surprises.

Cet événement se tiendra donc le 11 Octobre 2014 à 16h30 sur la place Slimane Azem.

La projection débat se tiendra à 18h30 au cinéma L’Entrepôt, 7 rue Francis de Présensé. Notez le dans vos agendas et faites suivre l’information.

Un événement est créé sur Facebook : https://www.facebook.com/events/1463542300571955/

NB : la place Slimane Azem se situe dans le 14ème, près de la place de Catalogne, au pied de l’église Notre Dame du Travail, sur la rue Vercingétorix (M° Pernety, Gaité ou Montparnasse)

Qui est Slimane Azem ?

Slimane Azem est né le 19 septembre 1918 en Kabylie, au pied du majestueux Djurdjura, dans le village d’Agouni Gueghrane. Malgré la misère induite par le colonialisme, il vit une enfance relativement heureuse, avec 5 frères et 2 sœurs. Il sera scolarisé de 6 à 11 ans. Le jeudi et le dimanche, il troque son statut d’écolier pour celui de petit berger, comme la plupart de ses camarades avec lesquels il créé une petite troupe, munie de flute et de tambour, et chante déjà les airs de sa Kabylie natale ainsi que les poèmes de Si Mohand.

En 1929, Slimane Azem a 11 ans. Il est embauché comme ouvrier agricole par des colons français. Le travail est pénible et malgré son jeune âge, il doit assumer la même charge de travail que les ouvriers adultes. En 1937, il s’exile et rejoint son frère aîné, Ouali, qui travaille dans une mine à Longwy. Il est embauché comme manœuvre dans une usine d’acier et, en 1938, dès qu’il a un peu d’argent, il achète sa première mandoline. En 1939, il est mobilisé à Issoudun, et est incorporé dans les tirailleurs algériens. Hostile à tout ce qui est militaire, il finit par se faire réformer un an après. En 1940, il est à Paris et se fait embaucher comme aide électricien dans le métro de Paris. En 1942, Slimane Azem est toujours à Pris d’où il est déporté, par les nazis, vers un camp de travail forcé dans l’ouest de l’Allemagne, en Rhénanie. Il y restera jusqu’en 1945 où il sera libéré par les troupes américaines.

De retour à Paris, il prend en gérance un café dans le quinzième arrondissement de Paris et s’y produit avec un petit orchestre où il chante les airs traditionnels de Kabylie. En 1948 son premier album, « Ma tseddoudh anrouh », plus connue sous le titre de a Muh a muh est édité à compte d’auteur. L’album est vendu chez Madame Sauviat qui est l’unique disquaire vendant à cette époque des albums d’artistes Nord africains. Celle-ci décide de présenter Slimane Azem à la compagnie Pathé-Marconi avec qui il signe un contrat en 1950.

Dès lors, Slimane Azem connait un grand succès. Ses textes sont d’une très grande profondeur et sont inspirés, d’une part de la poésie traditionnelle kabyle et d’autre part de la réalité vécue à l’époque par ses compatriotes, tant dans l’immigration qu’au pays natal. C’est ainsi que la chanson « AMuh a Muh, ekker ma ttedudh a nruh » s’inspire du triste sort des exilés, dont il fait partie et que la chanson, « ffegh ay ajrad tamurt-iw », relate quant à elle le sort des colonisés dont le pays est victime d’une invasion de sauterelle…en pleine guerre d’Algérie, cette chanson lui vaut une condamnation des autorités coloniales françaises.

Slimane AZEM a quitté sa Kabylie natale en 1959. à l’indépendance algérienne, il a été mis en exil par le clan d’Oudjda jusqu’à sa mort.

De 1967 à 1989, il est interdit d’antenne sur l’unique chaîne kabyle algérienne(chaine II) en raison de ses textes jugés subversifs, comme « Taqsit bw umqarqur" (l’histoire du crapaud) où il critique les dirigeants de la république algérienne. Les kabyles ne peuvent l’écouter que sur Radio Paris dans son quart d’heure kabyle quotidien et en se passant sous le manteau ses disques rapportés de France.

En 1970, avec la chanteuse Noura, il obtient un disque d’or. Slimane Azem se dit heureux. Néanmoins, il supporte mal un exil qu’il vit à juste titre comme une injustice qui le prive de sa terre natale. Mais cela ne l’empêche pas de dire qu’il préfère être « algérien à l’étranger » plutôt «qu’étranger dans mon propre pays ». Toujours dans les années 70, il fait des duos comiques avec Cheikh Norredine et chante en français le mal du pays avec son titre « Algérie, mon beau pays » ou encore la « Carte de Résidence ».

Au fil du temps, Slimane Azem acquiert un très large public kabyle auprès duquel il se pose incontestablement comme un chanteur engagé. Dans ses textes, où il met en scène des animaux, il puise dans le patrimoine kabyle et fait parler Baba ghayu (le perroquet) ou encore Tlata yeqjan (les trois chiens) il émet des critiques politique acerbes et à peine voilée. Une de ses dernières chansons salue avec éclat l’émergence de la revendication identitaire après le printemps amazigh de 1980. Le titre, à lui seul est révélateur : ghef Teqvaylit yuli was : (Sur la langue kabyle, ou la kabylité, le jour se lève).

Paysan dans l’âme, Slimane Azem investit dans l’achat d’une ferme à Moissac, où il cultiver avec ses figuiers et ses oliviers qu’il fait ramener de Kabylie. Par-dessus tout, Slimane redoutait la mort dans l’exil mais il mourra pourtant dans l’exil, le 28 janvier 1983 dans sa ferme de Moissac,.

Les plus grands artistes kabyles se revendiquent de son héritage. Un en particulier, Matoub Lounes reprendra plusieurs de ses chansons dont « ffegh ay ajrad tamurt-iw », qu’il retourne contre le pouvoir algérien…à chaque génération son combat.

Slimane Azem laisse derrière lui une œuvre considérable où il traite essentiellement de l’exil, de la perte des anciennes valeurs, du déchirement et de la condition du peuple kabyle. Ardent défenseur de Taqvaylit, dans tous les sens de ce terme qui évoque à la fois la langue et les valeurs kabyles, il laisse plusieurs dizaines d’albums et plus de 400 merveilleuses chansons.

C’est à juste titre qu’il est considéré comme l’un des plus grands chanteurs et poète kabyle de son temps.

Ses plus célèbres chansons sont

A Muh A Muh ( ekker ma ttedudh a nruh) qui traite de l’exil et des conditions de vie des immigrés.
Effeɣ ay ajrad tamurt-iw (Sauterelles sortez de mon pays) qui dénonce la colonisation.
• ɣef teqbaylit yuli was (Le Jour se lève sur la langue kabyle) qui est un hommage au printemps amazigh de 1980.
La carte de résidence, chante les difficultés de l’immigration et de la délivrance de ladite carte.
Algérie mon beau pays, chant nostalgique, version française de Tamurt-iw 3zizen (mon pays chéri)

En 2008, la ville de Moissac avait décidé d’honorer la mémoire de l’illustre artiste kabyle en donnant son nom à l’une de ces places.

En décembre 2013, c’était la ville de Paris qui décidait d’honorer la mémoire de Slimane AZEM en donnant son nom à une place du 14ème arrondissement. Son inauguration est pour ce samedi 11 octobre.

Source Wikipédia, Africultures, musique berbère et autres

SIWEL 091534 OCT 14

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