Les égarés (Imetlufen). Chronique de Dda Teyyev

CHRONIQUE (SIWEL) –  J’ai décidé, à titre personnel, de ne plus qualifier, cette couche de Kabyles absorbés par les ténèbres envahissantes, de hirakistes, de khawawistes, de traîtres, d’algérianistes ; tous ces Kabyles de service acquis à des causes perdues d’avance.
Vous tous, les éparpillés, les clairsemés, les désorientés, les fourvoyés, les paumés ; vous n’êtes que des égarés, toutes catégories sociales confondues.
J’ai donc, exceptionnellement, pris la décision de consacrer ce bulletin à ces fameux égarés (imetlufen) qui continuent de croire, mordicus, à une chimérique Algérie qui les chérirait, les aimerait, les dorloterait, les protégerait, comme si un chacal pouvait élever, aimer, sécuriser des agneaux dont il vient de dévorer la mère.

Ces égarés, toutes classes sociales comprises, se mettent volontairement des bandeaux sur les yeux pour refuser de regarder la réalité, politique et sociologique, en face. Se voiler la face veut dire pour eux : cachez-moi cette kabylité que je ne saurais voir ! Ils jouent la carte du déni de leur ascendance, du déshonneur, de l’infamie, de l’ignominie, de l’avilissement, de l’abaissement, de la honte, etc, etc.
Toutes ces formes de souillures ne semblent pas leur donner le courage de faire appel à leur cerveau qui donne l’impression d’être bloqué, alors même que leur propre raison ne devrait demander qu’à se mettre dans le sens de la marche de l’histoire.

Les égarés (imetlufen) sont, par nature, dubitatifs, craintifs, perplexes ; suspendus à des miracles imaginaires. Ils refusent même d’admettre qu’une Algérie harmonieuse, ouverte, plurielle, équilibrée, n’a jamais existé, et qu’elle n’existera jamais en raison des spécificités, des singularités, des identités ancrées qui composent cet ensemble d’Afrique du Nord dans sa globalité. Reconnaissons que pour remettre les idées en place des égarés, ce n’est pas une sinécure, encore moins une partie de plaisir.

Toutefois, nul n’est en droit de les accabler, de les maudire, car nos égarés d’aujourd’hui peuvent réfléchir et finir par comprendre que seule la Kabylie indépendante pourra leur rendre leur dignité pleine et entière. C’est tout le mal que nous pouvons leur souhaiter.

Si nous nous lancions dans une rétrospective de notre histoire contemporaine kabyle, nous nous apercevrons que cet étourdissement, cet aveuglement, ce dévergondage, tiennent leurs racines de l’Étoile Nord Africaine, fondée en 1926 par des Kabyles qui ont fait appel à Messali, dans l’espoir de voir les autres nous suivre dans le combat politique, suivi d’une guerre fratricide.
En nommant Messali leader de ce mouvement indépendantiste, les responsables kabyles ont constaté, à leur corps défendant, que cette stratégie n’était pas des plus payantes.

Le comble de la déroute était dans le fait qu’avant le déclenchement de la lutte armée du premier novembre 54, les leaders politiques kabyes avaient réussi à démettre Messali, mais aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ne se sont pas affranchis du messalisme ; bien au contraire. Non seulement ils ont sauvegardée l’idiologie moyenâgeuse du vieux barbu Ottoman, mais ils l’ont développée, comme aucun autre homme politique algérien, dimensionné, ne l’aurait osé.
L’épisode de la crise anti-berbèristes de la fin des années 40 ne cesse de rafraîchir les mémoires de ceux et celles qui demeurent insoumis, frondeurs, rebelles, indociles, indomptables !

À travers ce petit rappel historique, il est aisé de constater que l’égarement de beaucoup des nôtres n’est qu’une suite illogique de ce qui se passe de nos jours. Les exemples, à ne pas suivre, de certains de nos aînés, sont, hélas, une soumission volontaire de ces Kabyles qui vouent aux indépendantistes les pires tribulations.
Pour autant, doit-on blâmer ou plaindre nos égarés, dont beaucoup ne sont ni indécrottables, ni irrécupérables ?
Des réfractaires, irréductibles de ces égarés, finiront bien par admettre que le miroir aux alouettes que leur tend le pays voisin n’est qu’un traquenard casse-gueule…

Quelle est la signification du miroir aux alouettes ?
Origine. Cette expression vient tout simplement d’un type de piège qu’utilisaient autrefois les chasseurs pour attirer certains oiseaux, dont les alouettes.
Composé de morceaux de bois garnis de miroirs, ce piège, lorsqu’il était agité, provoquait des reflets brillants qui attiraient les oiseaux que les chasseurs n’avaient plus alors qu’à capturer au filet ou à abattre au fusil.

Le miroir aux alouettes pourrait être, également, transposable à la croyance qui bloque les cerveaux au 7ème siècle.

Nous vous souhaitons, chers égarés, que chacun de vous ramènera la pioche à la maison, en vous rappelant que la Kabylie est clémente, et qu’elle pardonnera toutes les divagations de ses enfants emportés par des fantasmagories phénoménales.

La Kabylie est généreuse.
Réfléchissez-y !!!

Aseggwas ameggaz ara d yerren ametluf dargaz.

A.T le 28/12/2018

SIWEL 301830 DEC 19