LES ÉCRIVAINS DE LA COLLABORATION : LE CAS DE KAMEL DAOUD

KABYLIE (SIWEL) — On appelait, jadis, intellectuels ces écrivains engagés pour une cause malgré le risque de la répression auquel ils sont soumis. Dans ce contexte, être intellectuel est avant tout un acte de bravoure.

Cette caractéristique oppose les écrivains intellectuels aux écrivains dits « de la collaboration » qui font exactement le contraire, à savoir collaborer avec une dictature par lâcheté pour épargner sa vie ou l’appât du gain pour toucher un salaire ou autres avantages, tout en faisant croire aux lecteurs qu’ils ont des raisons objectives de critiquer la partie adverse. En guise d’arguments, ils servent des sophismes, des mensonges, de la manipulation, de la mauvaise foi, et des tournures de phrases byzantines à tourner le lecteur en … bourrique.

C’est dans le cadre de cette collaboration discrète qu’il faut prendre le dernier torchon anti-MAK de Kamel Daoud dans lequel il fait preuve d’une paresse intellectuelle flagrante, en recyclant ses anciennes balourdises contre les islamistes d’il y a … 25 ans. Non seulement le journaliste-collabo qu’est devenu Kamel Daoud plaque-t-il bêtement contre ces anciennes accusations contre le MAK, mais il dresse aussi toute honte bue un tableau comparatif entre le FIS au MAK afin de créer la confusion dans l’esprit des lecteurs honnêtes, tout en réconfortant et en égayant les lecteurs complices même les plus avertis parmi eux. Kamel Daoud pense que c’est assez suffisant pour se permettre l’abus de sa plume, sans se soucier des lecteurs avertis mais non complices. Ce torchon répond aux directives données par la dictature algérienne aux écrivains de la collaboration pour appuyer et créditer le mensonge d’État faisant du MAK une organisation terroriste.

Kamel Daoud tente d’abord d’expliquer pourquoi les Kabyles adhèrent au MAK. Là aussi, notre journaliste-collabo verse directement dans le recyclage en donnant la même explication que celle donnée il y a 25 ans pour expliquer l’adhésion des Algériens au FIS. C’est, dit-il, « à cause d’une histoire personnelle, d’échecs de croyance, d’une névrose, d’une haine, d’une passion, d’une idéologie suprématiste, par calcul, par ambition malsaine, par détestation ou par sublimation, par erreur ou par enthousiasme, par conviction ou par erreur. Par faiblesse, car sans projet de vie réelle transcendant le particularisme, ou par illusion de force en se croyant supérieur aux autres, spolié d’un héritage exclusif. Cette “appartenance” est un effet, pas une “cause”. » Pour mieux leurrer le lecteur, dans un même paragraphe, il s’improvise sociologue, psychologue, philosophe, anthropologue, ethnologue et politologue. Tout y est! Il a quand même pris le soin de remplacer « idéologie islamiste » par « idéologie suprémaciste». Tant qu’à faire, il aurait pu aussi bien le laisser tel quel.

Qu’en est-il maintenant de cette accusation de « Kabyles suprémacistes » qu’on nous sort à tout bout de champs? C’est ce qu’on appelle une attaque « ad populum ». Elle consiste d’abord à attaquer une personne ou un groupe sur la base de ce qui fera plaisir à leur détracteurs pour les discréditer, plutôt que de s’attaquer aux idées qu’ils avancent. Les avez-vous entendu réclamer un débat pour comprendre ou combattre les idées du MAK? Bien sûr que non, ça leur demandera beaucoup de travail, c’est plus facile de recourir aux raccourcis surtout lorsque l’espace de publication leur est garanti dans les médias collabos de la dictature algérienne.

Et pourquoi une telle accusation est-elle devenue si populaire parmi les Algériens? Elle l’est devenue car dans la représentation mentale du Kabyle chez l’Algérien, le Kabyle doit se faire petit, il doit se taire, il ne sait rien, bref, c’est un être inférieur. Un Kabyle, quelque soit son niveau d’instruction, sera toujours considéré inférieur par un Algérien. Avec une telle représentation, il n’y a rien de mieux pour remonter la moutarde au nez de l’Algérien que de lui dire que les Kabyles se considèrent supérieurs. Cette représentation mentale, qui est un cliché, un stéréotype, est une construction à laquelle ont participé les politiques (depuis Boumediene) mais aussi l’école et maintenant certains journalistes et écrivains.

Kamel Daoud pense quand même pouvoir se distinguer des autres en donnant des conseils au régime dictatorial algérien sur qui et comment les punir. Selon Kamel Daoud, si le régime algérien opte pour la mauvaise façon de les punir, les Kabyles risque de « jouer au victimaire et au martyr qui “internationalise” sous le couvert des minorités et faire commerce sur le détournement des douleurs vécues par cette région ou sur la fable de la généalogie exclusive. » Ainsi, ce qui gêne Kamel Daoud, ce n’est pas l’agression que les Kabyles subissent de la dictature algérienne, mais la peur de « jouer au victimaire et au martyr qui “internationalise” sous le couvert des minorités ».

Fatigué au bout de sa chronique, Kamel Daoud conclue en faisant appel par un autre raccourci et une autre comparaison, paresse oblige, « ceux qui croient que l’amazighité ou la situation en Kabylie est leur monopole, comme d’autres croyaient qu’Allah et une religion étaient leur propriété. » Ils se rappellent donc l’amazighité uniquement pour nous enlever le droit de défendre notre identité. Le reste des 365 jours de l’année, ils s’en foutent; voilà pour la forme. Pour ce qui est du fond, les régimes algériens qui se sont succédés n’ont jamais voulu tuer allah ou l’islam, l’acharnement politique du FIS était motivée par sa volonté de changer la culture et les habitudes algérienne par une autre culture et d’autres habitudes telles que prêchées par certains courants intégristes. En revanche, ce n’est une secret pour personne que le régime algérien a toujours voulu tuer l’amazighité, et le projet « zéro kabyle » n’est ni une fiction, ni une idée inventée par le MAK.

SIWEL 191046 SEP 21