CONTRIBUTION (SIWEL) — Dans cette contribution, Mack Ait Aoudia, revient sur le « terrain numérique », celui où foisonnent les débats et où les informations autour de la cause kabyle circulent instantanément à travers le monde entier et ce grâce aux réseaux sociaux et à une presse kabyle de plus en plus variée et mature. Pour notre contributeur, Internet est un outil à disposition de tout le monde mais à chacun de l’utiliser à bon escient pour faire avancer la cause.

 

L’internet a fait entrer le combat et la lutte du peuple kabyle pour sa souveraineté dans une autre ère. Dans une nouvelle étape. Une étape importante. Car le substrat socio-politique des luttes est l’information. Un peuple non-informé est un peuple prisonnier à ciel ouvert à l’image des prisons de Cayenne. L’Internet qui a mis l’information et son partage à grande échelle au cœur même de son existence et de sa modernité a permis aux Kabyles de sortir du flou de l’information. Notre peuple est désormais informé et au fait des tenants et aboutissants de ce qui le concerne.

C’est ainsi que se révèlent les affaires au grand jour, à la portée de tous. Ce qui passait par le agherval de la presse traditionnelle et donc censuré ou retouché pour manipuler, est livré en brut au peuple. La vérité et la véracité des faits, c’est peut-être brutal et désavantageux pour les manigances mais un vrai salut pour le peuple. On ne nous rapporte plus de l’information analysée, mâchée et censurée mais on la vit live, srid, sdat wallen nnegh.

De plus en plus de Kabyles se sentent floués par le spectacle se déroulant devant leurs yeux. Ils voient la réalité des choses et en tirent toutes les conclusions qui leurs conviennent. Ils réagissent parfois émotivement. Tel était le cas lorsque des milliers de kabyles ont exprimé leur colère suite aux « salameleks » entre leurs idoles Idir et Ait-Menguellat ainsi que le premier ministre du régime colonial d’Alger.

Sans vouloir revenir sur l’affaire en tant que telle, puisqu’un “énergumène” n’est pas sensé en parler, mais en elle-même elle représente un cas très clair de la nouvelle ère. Aucune information ne peut être cachée ni maquillée. Personne ne peut plus prétendre à l’impunité qu’entraine l’ignorance des faits par les gens. C’est en profitant de cette ignorance qui sévissait dans le passé, qu’Akli Yahyaten, par exemple, qui a chanté pour l’Amicale des Algériens en France contre les Kabyles qui luttaient aux côté de feu Mohand Amazigh durant les années 70, s’est faufilé dans les méandres de l’Histoire. Car l’information de ses actions que je considère sincèrement contre-productives, pour rester poli, ne se sont pas rendues aux oreilles et aux yeux du peuple. Cela a été le cas pour tous ceux qui, à un moment, peu importent les raisons, ont été tentés d’aller à contre-sens du combat pour la souveraineté kabyle.

Internet a donc permis non seulement la circulation rapide et généralisée de l’information mais également la circulation des idées. Des idées autrement réservées à une élite qui se les échangent autour d’un pot. C’est un point d’une importance capitale car aujourd’hui la moindre idée qui émerge dans la tête d’un Ferhat At Sâid (Mehenni) est diffusable en un rien de temps. Tout discours merveilleusement tenu en kabyle par Vuâziz Ucebbi est disponible à tous. Il nous permet également d’entendre le discours de l’autre côté et celui de ses sbirs et KDS. C’est ainsi que nous savons d‘ailleurs qu’Amara Ben Younes et Ould Ali Bachagha, haca timira nwen, parlent haut et fort. Ouyahia, qui n’a ni honneur ni principe fait de même. Leur bassesse nous parvient et, il faut le dire, nous fait rire aussi.

Bien entendu, pour toute bonne chose un petit coin sombre, car des idées rétrogrades et contre-productives circulent aussi vite également. Le discours haineux de quelques religieux atteint des gens autrement à l’abri de sa force mensongère et destructrice. Mais néanmoins le débat est constamment ouvert. Internet permet tout et c’est à nous d’en tirer le meilleur pour faire avancer notre cause. Et internet nous permet de nommer nos déceptions également et cela porte des fois ses fruits. C’est ainsi que Takfarinas a regretté les fleurs que lui a offert Khalida Toumi afin qu’il appelle au vote boycotté par les Kabyles.

Nous savons maintenant que plus rien ne peut être caché. Ceux qui sont tentés par l’autre côté, quoique c’est leur droit le plus strict, savent qu’ils doivent désormais s’assumer comme tels. Nous savons qu’internet nous a ouvert d’infinies possibilités. Nous savons surtout que nos Petofi et nos Shevchenko ne sont pas forcément ceux en qui on a jeté notre dévolu.

Mack Ait Aoudia
SIWEL 302059 OCT 16

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