COMMUNIQUÉ DE LA COORDINATION UNIVERSITAIRE DU MAK DE VGAYET

VGAYET (SIWEL) — La conjoncture que traverse la Kabylie depuis quelques mois est loin d’être anodine. Sans être inédite, elle semble s’enliser, de jour en jour, dans le pourrissement le plus absolu du fait déjà, « d’opposants » qui bottent en touche pour mieux préserver leurs intérêts et fortifier leurs desseins étroits au sein d’un système honni qu’ils décrient pourtant pour mieux flouer le citoyen. Entraîner l’indomptable Kabylie dans le pourrissement, c’est aussi le choix originel du même système colonial, visant à maintenir le peuple kabyle dans une sorte de vie végétative où la peur, le sentiment d’impuissance et de dépendance seront inoculés dans tous les esprits.

Après le cinglant camouflet infligé par la Kabylie au régime algérien lors des deux dernières manœuvres électorales, les présidentielles du 12 décembre 2019 et le référendum constitutionnel du 1er novembre 2020, le divorce entre les deux pays n’a jamais été aussi criant. Les événements s’accélérant, l’étau se referme progressivement sur l’État colonial pendant que ses rouages et ses arrière-vassaux en Kabylie sont gagnés par la panique, d’où les polémiques cycliques, iniques, incultes, voire télécommandées, que ces derniers provoquent régulièrement et entretiennent avec une rare hantise, sur fond d’une répression/persécution brutale et systématique qui ciblent les militants kabyles, notamment les indépendantistes. Si le régime algérien, dans sa volonté consubstantielle d’asseoir sa domination colonialiste sur la Kabylie, gage de sa légitimité vis-à-vis des Algériens, n’a de cesse de punir le peuple kabyle en brisant son économie, en détruisant son environnement naturel, en l’enfonçant dans la paupérisation, en lui inoculant les germes de l’intégrisme religieux et de l’ignorance, en lui infligeant une arabisation tous azimuts… et en recourant à une violence multidimensionnelle, chronique, raciste et chaque jour plus cruelle, la complicité de ses alliés objectifs en Kabylie se révèle, quant à elle, au grand jour, à travers des procédés aussi variés qu’obscènes : Silence, indifférence, diversion et convergences des attaques contre les indépendantistes et contre le président du gouvernement provisoire kabyle.

La Coordination universitaire MAK-Anavad de Vgayet dénonce avec véhémence ce déferlement de brutalité à l’encontre des militants kabyles qui, au quatre coins de la Kabylie, subissent, tous les jours, une persécution en règle, d’ordre administratif, policier, judiciaire, extrajudiciaire et carcéral. Près de 150 militants, dont des mis en examen venus pour comparaître le jour même, ont été embarqués manu militari le 31 décembre dernier devant le tribunal de Vgayet où un rassemblement de soutien aux militants convoqués, était prévu. Nos amis Ryad, Mira et Nabil ont particulièrement fait l’objet d’agression physique et verbale dénotant une haine anti-kabyle viscérale qui ne s’encombre plus de paravents juridiques d’usage.

Tout en saluant cette première victoire de la mobilisation que constitue le report du procès, la Coordination universitaire MAK-Anavad de Vgayet réitère son soutien indéfectible à tous les militants, victimes de cette cabale politique, et appelle leurs comités de soutien d’At Abbas et d’ At Waghlis ainsi que l’ensemble des citoyens kabyles à maintenir la mobilisation jusqu’au 28 janvier prochain, jour de la comparution de nos amis et frères Ryadh Hamchache, Larbi Yahioune, Tareq At Soula, Zahir Bouchalal, Djamel Mensouri, Yacine Abderrazak, Abderrazak Ouaissa, Djamel Harour, Farid Djenadi et Boussaid Lahcène. De même, nous nous tenons aux côtés des familles et des proches de Lounès Hamzi et de Djamel Azaïm, injustement séquestrés dans les prisons algériennes après avoir respectivement fait l’objet d’un rapt dans des conditions révoltantes.

Le devoir de la solidarité effective pour protéger la Kabylie incombe à chaque citoyen kabyle. C’est dans les craquelures de notre union que l’État colonial injecte son venin.

Université de Vgayet, le 05/01/2021

SIWEL 081210 JAN 21