CONTRIBUTION (SIWEL) —  » Le syndrome du berger quant à lui est peu connu, il a été développé par le Docteur Jean-Yves Roy, psychiatre Québécois. Dans un essai sur les dogmatismes contemporains, il tente de comprendre la notion du rapport du gourou à ses adeptes, et se pose la question de savoir comment des citoyens sensés et hautement éduqués peuvent succomber devant les charmes d’un charlatan et lui confier leur destin et même celui de toute une communauté voire d’un peuple. »

Extrait de la suite de la contribution du Dr. Madjid Yesli

 

Je reviens encore une fois pour clarifier une notion ou deux parues dans l’article «Bouteflika: l’homme d’exception». Tout d’abord l’article en question a été écrit à la suite de la présentation de l’avant-projet de révision de la constitution algérienne par le chef de cabinet, M. Ouyahia en l’occurrence, et décidé en haut lieu par M. le président de la république A Bouteflika.

De nombreux observateurs ont noté le ratage et l’incapacité de M Ouyahia à convaincre qui que ce soit de sensé de cette affaire dont il ne semble pas lui-même convaincu. Cet exercice de pure manipulation de l’opinion était difficile à pratiquer malgré l’expérience du concerné.

Mais ce qui semble être plus intéressant encore ce sont toutes les maladresses périphériques qui ont orné cet exercice de communication. Le monologue devait cesser, dès lors que la messe est dite et qu’il ne s’agit pas d’un changement de régime et que désormais l’exercice des hautes fonctions de l’état nécessiterait comme compétence première, le séjour en Algérie durant les dix années précédant la -cooptation- à ses supposées fonctions.

Encore une fois, les 16 années passées par M. Bouteflika dans les pays du Golf, ne peuvent faire office de contre-exemple. On peut citer des exemples aussi farfelus les uns que les autres entourant ce testament-constitution. Dans ces conditions, l’Algérie ne peut pas avoir l’envergure qu’il ambitionne alors que ses ressources internes et externes auraient dû le permettre. Un régime qui n’a pas pu gérer l’abondance, saura-t-il gérer la crise en cours ? Forcément que non. La cécité idéologique de l’après l’indépendance vaut encore aujourd’hui.

Ces constitutions que vous avez foulées aux pieds vous-mêmes ne rendent pas de l’âme du grand peuple que nous sommes. Aujourd’hui plus qu’hier, des millions de compatriotes ne savent pas qui ils sont, d’où ils viennent et où ils s’en vont. Vous êtes la nation incarnée, vous êtes sensé nous éclairer ! Malheureusement, votre lanterne n’éclaire que le chemin parcouru.

Je reviens enfin, aux syndromes d’hubris et du berger. Le premier, c’est-à-dire le syndrome d’hubris nommé également syndrome de la démesure fait référence à la pathologie du pouvoir algérien.

Dans son livre In Sickness and in Power (Dans la maladie et le pouvoir) paru en 2008, David Owen examine le rôle de la maladie dans les prises de décision des chefs d’État durant les 100 dernières années. L’auteur est Anglais et a été député et ministre des affaires étrangères britannique. Son expérience de l’exercice du pouvoir et sa formation médicale lui ont permis de délimiter les contours de cette maladie du pouvoir.

Il en décrit 14 critères dont un narcissisme prononcé et une perte du sens des réalités, une très grande obsession de sa propre image et il est aussi marqué par des décisions irrationnelles et une intolérance quasi-totale à la critique et à la contradiction. Ces personnalités se croient spéciales et douées de qualités hors du commun qui pourraient leur donner le droit de régner sans partage sur les autres.

Le syndrome du berger quant à lui est peu connu, il a été développé par le Docteur Jean-Yves Roy, psychiatre Québécois. Dans un essai sur les dogmatismes contemporains, il tente de comprendre la notion du rapport du gourou à ses adeptes, et se pose la question de savoir comment des citoyens sensés et hautement éduqués peuvent succomber devant les charmes d’un charlatan et lui confier leur destin et même celui de toute une communauté voire d’un peuple.

Je suis à peu près certain que vous avez déjà entendu les arguments suivants : *il dirige avec son cerveau et non avec ses pieds, que son cerveau est plus performant que tous les cerveaux* des incrédules que sommes supposés être.

N’est-ce pas que c’est révoltant au plus haut point ? Cette culture politique si s’en est une, donne la nausée et limite surtout les chances de se hisser vers un avenir meilleur.

Enfin, cette constitution dont je me demande si elle est réellement l’œuvre de constitutionnalistes qualifiés ! elle est en tous cas l’exact reflet de la faiblesse de son concepteur en chef et du système qui la porte.

Victor Frankl (Neuropsychiatre, ayant connu les camps de concentrations nazis) disait : *la décision d’aujourd’hui est l’habitude de demain*.

Dr. Madjid Yesli

SIWEL 111637 JAN 16

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