Ahmed Haddag annonce sa retraite politique : « je passe le flambeau à la jeunesse kabyle »

Déclaration d’Ahmed Haddag

J’ai décidé de tirer ma révérence et de passer le flambeau

Le 25 mars 2017, j’ai informé, par écrit, le président de l’Anavad, mass Ferhat Mehenni et le premier ministre, mass Lhacene Ziani, de ma décision de mettre un terme à mon parcours militant pour une retraite politique partisane;

La dynamique enclenchée pour la libération de la Kabylie est désormais irréversible et la jeunesse Kabyle s’en ai saisi. Elle semble aujourd’hui tout-à-fait prête à assumer ses responsabilités historiques pour aller au bout de sa détermination et faire aboutir le processus de décolonisation de la Kabylie.

La conscience Kabyle est née.

Les mobilisations populaires impressionnantes auxquelles nous assistons ces dernières années, aussi bien en Kabylie que dans la diaspora, derrière le MAK-Anavad pour l’indépendance de la Kabylie, en témoignent.

Admirateur et confiant des capacités de cette jeunesse Kabyle que je tiens à saluer pour sa bravoure, il est venu le temps, pour moi, de me retirer de la scène et lui témoigner toute ma confiance en lui transmettant le flambeau.

Il lui appartient aujourd’hui de s’impliquer totalement pour embrasser les plus hautes responsabilités au sein du mouvement;

Servir sa patrie est d’abord un devoir, mais aussi un honneur pour les femmes et les hommes qui s’y engagent; J’ai eu pour ma part le privilège de le faire avec force, convictions, loyauté et responsabilité.

Mon modeste parcours militant a pris ses racines du printemps Amazigh de 1980 en Kabylie, à l’instar de tous les jeunes de ma génération, dont beaucoup ne sont malheureusement plus de ce monde aujourd’hui. Qu’ils reposent en paix.

Ainsi, j’ai eu le privilège de servir notre cause identitaire au sein du MCB, ce formidable mouvement unificateur de la Kabylie qui a, par le caractère populaire et pacifique qui fut le sien, réussi à ébranler dans ses fondements, l’une des dictatures les plus puissantes du moment. La dictature Algérienne.
J’ai eu également à m’impliquer dans le combat syndical et politique avec la conviction chevillée, de contribuer au changement et à la démocratisation de l’Algérie. Leurre auquel j’ai cessé de croire après l’assassinat, non élucidé à ce jour, de Matoub Lounès;

Ce qui m’a d’ailleurs emmené à m’impliquer dans les rangs de la Fondation qui porte son nom ou j’ai eu le privilège d’en être le secrétaire général et porte parole pendant presque trois (3) années. Trois années riches et intenses en activités, dominées par l’exigence d’une enquête qui ferait toute la lumière sur cet ignoble assassinat, commis en plein jour, sous le regard impuissant des montagnes de Kabylie.

Le printemps noir de 2001, avec sa tragédie humaine ou 128 jeunes sont tombés sous les balles assassines et la haine de l’état colonial, raciste et anti-Kabyle Algérien, ainsi que des milliers d’autres, blessés et handicapés à vie; L’horreur, la haine et l’impunité qui ont caractérisé ce sanglant et douloureux épisode de mon parcours militant, ont définitivement balayé les derniers doutes qui pouvaient subsister en moi, d’une Kabylie Algérienne. Ce qui a motivé et justifie mon adhésion pleine et entière au MAK-Anavad, seule force politique, aujourd’hui, capable de mobiliser le peuple Kabyle pour sa libération.

Mettre un terme à mon parcours, après avoir modestement contribué à faire avancer la cause indépendantiste Kabyle au sein du Anavad/MAK-Anavad, sous la direction de son président, mass Ferhat Mehenni dont je salue le parcours hors normes, la vision et la clairvoyance, de son premier ministre, mass Lhacene Ziani, homme de projets et de convictions et de mes collègues membres du gouvernement, dont je salue l’intégrité et l’engagement pour la cause, est pour moi, à la fois un honneur et une consécration venue couronner tous les efforts et autres sacrifices consentis.

Ceci étant, pour que les choses soient claires et qu’il n’y ai aucun malentendu sur mon retrait, je précise que si je me m’éloigne aujourd’hui des activités partisanes qui ont été les miennes, je ne renonce pas pour autant à mon engagement pour cette cause aussi juste qu’historique, qu’est le droit du peuple Kabyle à son autodétermination pour son indépendance, portées par les militantes et militants du MAK-Anavad, avec courage, détermination et fierté.

J’en profite pour les saluer chaleureusement, leur renouveler mon amitié et leur rendre un vibrant hommage pour les sacrifices qu’ils consentent au quotidien et le prix fort qu’ils en payent.
« Nous n’aurons de paix, que lorsque nous vivrons avec nous-même et que nos ancêtres cesseront de se retourner dans leurs tombes. La négation nous offusque à en mourir, les tréfonds de notre âme en sont martyrisés » (Lwennas Matoub).

Au terme de cette période de ma vie qui s’achève, je ne peux en clore le chapitre sans une forte pensée et un vibrant hommage à un homme d’exception, un militant de convictions et des causes justes, dont je salue la mémoire. Il fut pour moi, non seulement un ami, mais un mentor politique, une école. Cet homme d’exception n’est autre que le regretté Mustapha Bacha, paix à son âme, auprès duquel j’ai beaucoup appris en matière d’engagement, d’organisation et d’esprit du sacrifice, notamment.
Repose en paix cher ami, bien que tu sois parti trop tôt, tu es néanmoins parti avec le sentiment du devoir accompli. Je ne t’oublierai pas. Je t’en fait le serment.

Vive le peuple Kabyle
Vive la Kabylie libre et indépendante
Gloire à nos martyrs

Paris le 22 avril 2017
Ahmed Haddag

SIWEL 221159 Apr 17 UTC

Laisser un commentaire