ALGER (SIWEL) — Le célèbre cinéaste kabyle Abderrahmane Bouguermouh n’est plus. Hospitalisé à Alger depuis mercredi, il est décédé ce dimanche après un long combat contre la maladie. La Kabylie vient de perdre un de ses meilleurs enfants. L’enterrement aura lieu ce mardi 5 février à Ighzer Amokrane, dans la commune d’Ouzellaguen, à Vgayet (Béjaïa).

 

Urgent / Abderrahmane Bouguermouh est décédé cet après-midi à Alger
Abderrahmane Bouguermouh n’est plus. le célèbre cinéaste kabyle est décédé aujourd’hui à Alger à l’hôpital de Birtraria (Alger) à l’age de 77 ans. Précurseur du cinéma amazighe, c’est grâce à lui que le film "La Colline oubliée" a pu être réalisé en 1996.

Abderrahmane Bouguermouh est le fils d’un instituteur kabyle, il est né le 25 février 1936 à Ouzellaguène en Kabylie. Il effectue ses études secondaires à Sétif où il assiste aux évènements des années 1945. En 1957, il rencontre de Mouloud Mammeri et tous deux se lieront d’une solide amitié. En 1960, il effectue, en France, une formation à l’Institut des hautes des études cinématographiques et commence la réalisation d’émissions de variétés pour la télévision Radio et Télévision Française (RTF). En 1963, il retourne en Algérie et participe à la création du Centre National Cinématographique Algérien (CNCA).

A peine une année après, il en est exclu. En 1965, il tourne un court métrage en kabyle sur un texte de Malek Haddad. Le film intitulé "Comme une âme" est refusé par le ministère de la culture qui lui exige que le film soit réalisé en arabe. De 1965 à 1968, il réalise une série de documentaires et prend attache avec les premiers militants et intellectuels berbère tels que , Mohand Arab Bessaoud, Saïd Hannouz, Taous Amrouche, Mouloud Mammeri et Mouloud Batouche. En 1967, il réalise un autre court métrage "la grive" qui apparaît comme étant l’une des premières anthologies cinématographique algérienne. Le film est plusieurs fois primé.

En 1968, il dépose le scénario de "La colline oubliée" à la commission de censure du Ministère de la culture algérienne. Il précise néanmoins que le film ne peut se faire autrement qu’en kabyle. Le projet est rejeté et aucune explication ne lui sera donné. Abderrahmane Bouguermouh est alors obligé de travailler dans les productions qui ne sont permises qu’en langue arabe à l’exclusion du kabyle, langue dans laquelle il avait tenté de produire la Colline oubliée. C’est ainsi qu’il participe en 1973 aux "Chronique des années de braises" avec Mohamed Lakhdar Hamina. Il réalise ensuite en 1978 "les oiseaux de l’été", puis en 1980, il réalise "Kahla oua beida". En 1987, il tourne "Cri de pierre" , un film plusieurs fois primé à l’étranger.

En 1989, le ministère de la culture "algérienne" lui accorde enfin l’autorisation de produire en langue kabyle "La colline" oubliée. Mais les moyens dérisoires et les années noires du terrorismes feront que le film tant attendu ne sortira qu’en 1996 au grand bonheur du public kabyle si longtemps privé de sa langue dans son propre pays et par les autorités de l’Algérie indépendante, une indépendance pour laquelle la Kabylie a payé un très lourd tribut pour se voir, à nouveau, interdite d’exister.

La Kabylie vient de perdre un de ses meilleurs enfants. Que son âme repose en paix sur les cimes des montagnes qu’il chérissait

L’enterrement aura lieu ce mardi à Ighzer Amokrane, dans la commune d’Ouzellaguen, à Vgayet (Béjaïa).

aai/zp
SIWEL 04 1816 FEV13

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