DIASPORA (SIWEL) — Que l’on crie au génie ou à l’imposture, cette momie virtuellement influente et horriblement opérante a toujours su faire tilt chaque fois que se dessine son naufrage. Après avoir fait danser ses écus en Kabylie pour ne corrompre que de menus fretins, un autre pétard vient d’éclater et pour quelques kabyles, l’Algérie devient subitement l’Olympe même s’il leur faut juste humer du vent.

 

Le régime d’Alger ne se lance jamais tout à trac dans des résolutions envers la Kabylie, quand celles-ci ne sont pas à son seul profit. Bouteflika vient juste de se moquer du tiers comme du quart en tentant, chat en poche, de poser ses béquilles en territoire kabyle par un respect simulé et brusque envers la mémoire de Hocine Aït Ahmed. Le chef historique dérangeant enfin disparu, ah ! La belle affaire ! Il entame alors pour son enterrement une gigantesque manœuvre tragi-comique qui rappelle Hamlet qui au "Je suis venu à l’enterrement de votre père" d’Oracio, répondit ironiquement " trêve de plaisanterie, camarade, vous êtes venu aux noces de ma mère ". Bien sûr, avec ou sans son oraison et les larmes froides de son gouvernement géminées, le kabyle aurait témoigné toute sa sympathie envers la Kabylie d’abord avec la même émotion, la même douleur et la même tristesse que provoque en lui le décès de Hocine Aït Ahmed. Brasser de l’air en mobilisant son gouvernement, ses médias et ses larbins, pour de tristes avantages, Bouteflika a dû crever les pneus de sa chaise roulante. Il a bien vu que les résultats sont peu significatifs en termes de récupérations et lourds de sens par l’accueil qui a été réservé à son premier ministre. La moindre estime envers la Kabylie se repait d’un éclat étranger à son âme. Tous ses bons égards envers la mémoire des martyrs kabyles sont consubstantiels à son artifice de style d’où son bluff permanent en guise de peau.

Habitué à bien des résultats avec des hypothèses absurdes, Bouteflika, fraudeur dans le domaine de l’histoire à l’instar de ses pairs, s’engage dans l’enterrement de l’un de ses farouches opposants en impliquant dans sa comédie presque l’ensemble de son système sans pour autant réussir à trainer la majeure partie des algériens devant qui nous devons être reconnaissants pour leur sincérité : ils n’aiment pas le kabyle, ils l’ont exprimé sans ambages et sans calculs. Ne soyons dupes de rien, à part quelques exceptions, ceux qui ont pleuré Aït Ahmed sont Kabyles, qu’ils résident à Alger, à Oran ou à Annaba.

Voilà que le clan d’Oujda projette d’officialiser Tamazight ! Quelle charité !!! A t-il piqué du nez sous l’effet de morgue de son gourou ? Comment un clan longtemps dédaigneux envers cette question qu’il a toujours réprimé avec hargne et acharnement souvent dans le sang peut-il soudain se renier avec autant de cœur ? Au nom de quelle vertu, de quelle éthique, de quelle prise de conscience, ce clan maffieux s’affaire à crever l’opinion Kabyle afin de redevenir visible et évident dans l’avenir de la Kabylie ? Rien ne l’aurait expliqué si l’opinion n’avait pas saisi l’inquiétude réelle que génère le MAK dans les hauts lieux d’Alger.

Un oiseau de mauvais augure ne peut habiter un nid d’aigle, depuis la naissance du MAK l’accès politique à la Kabylie leur devient de plus en plus difficile et en faire une mer d’huile relève désormais de l’utopie quand bien même, le DRS réactualise encore sa liste de danseuses qu’il entretient généreusement en Kabylie. Aujourd’hui, des El Hadi Ould Ali, Bouaîche et autres acolytes vont se plaire à se distinguer bon bois dont on fait les flûtes alors qu’ils ne sont que bois adapté aux formes exigées par les fabricants de la constitutionnalisation, tardive et inutile, de tamazight qui leur permettra, pensent-ils, de maintenir la Kabylie sous la dépendance d’Alger.

On sue sang et eau depuis la naissance du MAK, on se dépense en vaines activités car on y voit danger dès lors que ce mouvement a décidé de traduire la liberté du peuple kabyle en vérité historique. Sous l’affreuse et sainte crainte que ça sent l’éclatement, des arabistes se plaisent à publiciser, à leur corps défendant, une langue en gardant dans le Danjon son identité.

Nonobstant l’article prévu qui la consacre inférieure à l’arabe, comme un article bas de gamme des bazars coutumiers, quand bien même, elle serait réellement officielle, qu’on la côtoie sur les frontons de tous les édifices publics, qu’on l’utilise dans toutes les institutions et qu’elle indique les sens dans tous les panneaux routiers, il faut se résoudre deux sous de jugeote pour croire qu’elle va entraîner dans une impulsion de liberté les peuples amazighs d’Algérie.

Tamazight langue officielle dans un État où celui qui réfléchit, pense ou prie autrement que l’arabo-islamique met sa vie en péril, faut-il en rire ? Tamazight langue officielle dans une société qui fournit toujours de la main d’œuvre au Daech, à l’instar des maternités où les prénoms wahhabites font le pic, faut-il en pleurer ? Tamazight langue officielle dans un État régi par la passion dévastatrice d’une bande de criminels qui tirent leur légitimité d’une guerre de libération qu’ils ont fini par renverser ; une bande de criminels à pot et à rot dans l’islamisme qu’ils congratulent et au sein duquel ils s’alimentent à leur aise à telle enseigne que les massacres ne peuvent ni étonner ni ahurir ; une bande de criminels qui prennent du givre dans les yeux quand leurs gendarmes tuent des mozabites berbères uniquement parce qu’ils sont berbères, faut-il s’en glorifier ? Tamazight langue officielle dans un pays où des écoles et lycées, des villages, des quartiers sont cédés aux mercenaires turcs et envahisseurs arabes au détriment des braves berbères qui les ont combattus pour sauver leur patrie, faut-ils s’en réjouir où en être choqués ? Tamazight langue officielle dans un pays où l’anti-berbérisme agit dans un naturel qui mord le ciel et l’arabe éprouve toujours le besoin de se clamer d’essence supérieure au kabyle qu’il raille souvent dans les séries télévisées. La longue série " Hadj Lakhdar Moul El Imara" en témoigne.

La télévision algérienne qui émet en tamazight donne le bel exemple : elle fait briller des idéologies criminelles et privilégie les oracles lugubres et coercitifs avec en prime, des génériques en arabe.

La question de l’officialisation de Tamazight est emplie plus de duperies que d’engagements. De manipulations. De la fourberie dans laquelle on ne lui trouve pas le bon gout car le doute à tout son mérite quand on sait que l’objectif est de faire saigner le MAK.

La substantifique moelle : après tout le tintamarre du clan d’Oujda lors de l’enterrement de Hocine Aït Ahmed, tamazight est déclarée langue officielle –ce qui n’est qu’une illusion- dans le seul but de jeter Ferhat Mehenni et le MAK dans la fosse. Disons que Aït Ahmed mort, feu légitimité historique, feu démocratie, feu droits de l’homme, feu FFS…

Il revient à Ouyahia de se faire capteur d’attention, il annonce la "bonne nouvelle" du haut de sa turpitude charmant même de grognasses autonomistes qui ne vont pas -à coup sûr- tarder à tirer la couverture à eux. Pauvres crédules, on les voit heureux comme des héritiers légitimes, dans Facebook devenu pour l’occasion un caquet de l’accouchée.

Djaffar Benmesbah.

SIWEL 061217 JAN 16

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