TIZI-OUZOU (SIWEL) — Après 51 ans d’indépendance et autant de lutte démocratiques, après deux printemps, le printemps amazigh de 1980 et le printemps noir de 2001, le régime algérien, à travers son premier ministre, annonce autoriser prochainement une liste de 300 prénoms amazighs. Cette annonce, présentée comme une preuve de bonnes intentions du régime démontre encore une fois tout le mépris du régime arabo-islamiste vis à vis de la Kabylie. Avec cela, Sellal ose en plus dire qu’il faut « cesser de surpolitiser la question ». Or, si après 51 ans de combat on en arrive à une pathétique autorisation de 300 prénoms et un statut fictif de langue national qui ne lui donne aucun droit d’existence dans les institutions, qu’est-ce que cela aurait été si la Kabylie avait sagement attendu le bon vouloir des régimes successifs de Ben Bella, Boumedienne, Chadli et Bouteflika…

 

Sellal s'estime généreux à Tizi-Ouzou : après 51 ans d'indépendance, le régime consent à autoriser 300 prénoms amazighs
Hier, mardi 16 juillet à Tizi Ouzou, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a annoncé qu’une liste de 300 prénoms amazighs sera désormais reconnue par le service d’état civil qui avait refusé bon nombre de prénoms amazighs à des enfants, notamment à Tizi-Ouzou.

Ces affaires de « négation d’identité » avaient défrayés la chronique, d’autant que cette négation persistait après 51 ans de combat identitaire, après le tragique Printemps Noir et ses 128 morts assassinés par la gendarmerie algérienne.

Cette mesure d’autorisation des prénoms amazighs pour nos enfants est présentée comme une "avancée". La liste des prénoms amazighs sera adoptée, ce mercredi, en Conseil du gouvernement: « Cette liste de 300 prénoms sera adoptée, c’est une formalité », a assuré M. Sellal, lors de sa visite éclair à Tizi-Ouzou.

Monsieur Sellal poussera le cynisme jusqu’à faire cette incroyable déclaration « Nous n’avons aucun problème avec Tamazight. 90% des Algériens sont des amazighs, alors qui est ce fou qui va renier sa langue mère ? », a-t-il dit sans rougir une seconde…alors que tamazigh a un statut facultatif, inférieur à l’enseignement des langues étrangères, et que l’arabe est en revanche obligatoire, tout comme l’éducation islamique (autrement dit le lavage de cerveau à la sauce salafiste)

Par ailleurs, le ministre de Bouteflika a reconnu l’existence de « certains revanchards », autrement dit, le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) qui dénonce régulièrement et sans relâche toutes les entreprises de destruction et de dépersonnalisation de la Kabylie. C’est le MAK qui avait notamment dénoncé sans relâche le racisme d’Etat et l’interdiction de donner des prénoms amazighs à nos enfants.

Sans rougir de son mensonge éhonté, Sellal a estimé que « L’État algérien a mis tous les moyens nécessaires pour la promotion de la langue Amazighe », sans doute en en faisant une langue facultative et en sous payant ses enseignants, quand ils daignent les payer.

Monsieur Sellal se fendra encore de cette incroyable déclaration : « Tamazight peut aspirer à un grand destin, il faut que les chercheurs, enseignants et autres continuent de produire dans cette langue ». On croit rêver! Il faudrait sans doute rappeler à monsieur le premier ministre de Bouteflika, que les productions en tamazight se font en dépit des moyens que l’Etat ne met pas à leur disposition et en dépit de toutes les obstacles que ce même Etat a semé sur leurs parcours et c’est d’ailleurs pour cela que Monsieur sella appellera à « cesser de surpolitiser tamazight », comme si Tamazight aurait eu le droit d’existence (toute relative) s’il n’y avait pas eu toutes ces luttes.

Enfin, Sellal a soi-disant voulu rendre hommage aux figures historiques de la région en déclarant « personne ne peut douter de l’unité de la Kabylie avec le reste de l’Algérie ». « La Kabylie a été au cœur de l’histoire de l’Algérie, et quand ses hommes se sont engagés corps et âmes dans la révolution, ce n’était pas pour libérer seulement cette région mais pour libérer toute l’Algérie », a-t-il dit. Oui, en effet, et c’est justement là que réside le fond du problème.

Effectivement, pendant que la Kabylie se battait généreusement et donnait les meilleurs de ses enfants pour toute l’Algérie, les usurpateurs, dont Ben Bella, Boumedienne, Boussouf et Bouteflika, bien à l’abri au-delà des frontières algériennes, établissait leurs plan pour briser la Kabylie, bien trop éprise de son identité et de sa liberté pour accepter une nouvelle usurpation identitaire au profit d’une fausse nation arabe.

La suite tout le monde la connait, il y a eu 1963, 1980, 1994,1998, 2001, autant de dates, pour certaines sanglantes et inoubliables, et pour d’autres porteuses d’un combat exemplaire face aux négationnistes qui ont usurpé le combat de nos ainés pour organiser notre négation et dans le meilleur des cas, après 50 années de luttes et de sacrifices pour une reconnaissance de façade qui nous relègue à un passé lointain et totalement révolu !

Enfin Monsieur Sellal ! Ce n’est tout de même pas comme si on ne vous connaissait pas depuis au moins 50 ans….

zp,
SIWEL 171340 JUI 13

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