PARIS (SIWEL) — Dans un entretien accordé à l’Humanité, Pierre Boilley, directeur du Centre d’étude des mondes africains, estime qu’il faut faire la différence entre les djihadiste islamistes et les indépendantistes touareg. Pour cet intellectuel français, les écarts de développement entre nord et sud du Mali ont fait que la situation dans ce pays, nécessite une négociation qui doit aboutir à une autonomie du nord du pays.
Il a souligné, par ailleurs, que le Nord a été placé sous une chape de plomb. Avec la sécheresse des années 1980 et 1990, de nombreux jeunes ont émigré vers l’Algérie et la Libye pour trouver du travail. Mouammar Kadhafi en a utilisé certains comme soldats. C’est dans ce contexte que s’est organisé le mouvement rebelle des années 1990. Cette révolte a abouti à des accords, notamment celui du pacte national en 1992, qui n’a été que partiellement appliqué. Les combattants ont été intégrés dans l’armée. Une ouverture politique a été conduite sous la forme d’une décentralisation. Toutefois, le développement a été le parent pauvre de cet accord, nourrissant une désillusion et d’autres rébellions. Le MNLA s’est créé sur l’idée d’une rupture avec le Mali. Cela a été possible avec le retour de centaines de Touaregs et Maures armés, suite à la guerre de Libye. Du 17 janvier au 1er avril 2012, une offensive éclair du MNLA a bouté hors du Nord l’armée malienne. Mais ensuite Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mujao et Ansar Eddine l’ont évincé des villes.
A propos de la « relation » entre le MNLA, Ansar Eddine et l’Aqmi, M. Boilley a estimé qu’entre les mouvements islamistes, auxquels s’ajoute le Mujao, un point commun existe. Il concerne l’application de la charia. Ces groupes, ajoute le spécialiste ont beaucoup d’argent, leur permettant de donner des salaires à des jeunes combattants, débauchant parfois ainsi des combattants du MNLA. A propos de la guerre actuelle, M. Boilley prône une autonomie et un développement du nord du pays. Sur ce, il estime que « si elle n’advient pas, on risque de retourner à une situation comparable à celle de 2011, qui entraînera de nouvelles rébellions ».
aai/l’Humanité
SIWEL 191254 JAN 13