TEL-AVIV – ISRAËL (SIWEL) — Dans un message adressé aux congressistes du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) à l’occasion de leur 3ème Congrès ordinaire qui aura lieu demain, le cinéaste et essayiste français Jean-Pierre LLedo, né à Alger, a tenu à rappeler que plutôt qu’un mauvais ‘’vivre ensemble », il valait mieux un ‘’bon vivre’ séparé » :

 

Au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie,

Message au 3ème Congres du MAK de Jean-Pierre LLedo

Chers sœurs et frères,

Cette fraternité qui est la nôtre n’est pas une politesse de circonstance, mais s’enracine dans le plus profond de nos êtres et de nos histoires.

Comme vous, j’ai fait tout ce que je pouvais pour appartenir à l’Algérie, même beaucoup plus que ce qu’il aurait fallu, en acceptant l’humiliation inscrite dans son acte fondateur – la Constitution et le Code de la nationalité de 1963 – de ne considérer comme Algériens, automatiquement, que les seuls musulmans. Et je tiens à rappeler devant vous qu’un des très rares députés qui osa s’opposer à cette loi scélérate fut Aït Ahmed, cet homme qui au-delà de toutes les divergences qui ont pu advenir par la suite, peut, je crois, légitimement être considéré comme le père fondateur de ce mouvement de libération de la nation kabyle qu’aujourd’hui vous incarnez. Comment d’ailleurs ne pas frémir devant ce magnifique passage de relai de lui à vous, lorsqu’au moment où, dans votre capitale Tizi Ouzou, vous manifestiez pour l’indépendance de la Kabylie à l’occasion du dernier Yennayer 2966, il rendait la révérence, il vous rendait la révérence, comme si désormais tranquille il pouvait enfin partir en paix.

Et comme vous, il m’a fallu beaucoup d’années, trop d’années je le répète, pour admettre que plutôt qu’un mauvais ‘’vivre ensemble », il valait mieux un ‘’bon vivre’ séparé ».

Votre lutte, comme l’a été celle du peuple juif pour retrouver sa souveraineté, sera sans doute longue. Mais, malgré mille vicissitudes et tragédies, la renaissance de la nation juive est un encouragement certain pour tous les peuples du monde, minoritaires mais profondément enracinés dans leur culture et leur langue nationales.

Cette séparation n’est pas un refus de bon voisinage, au contraire, elle en est la condition. Plus vite les voisins majoritaires en conviendront, plus vite les peuples se chargeront de reconstruire les mille ponts de la fraternité humaine !

Meilleurs Voeux de succès à vos assises et à vos futurs combats, je l’espère, pacifiques et démocratiques, pour l’autodétermination de la Kabylie !

Tel Aviv le 20 Fevrier 2016
Jean-Pierre Lledo

SIWEL 251345 FEV 16

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