CONTRIBUTION (SIWEL) — Une Kabylie algérienne est antinomique. Cela n’a jamais été une solution pour sauvegarder le peuple kabyle ni son identité. La Kabylie ne survivra pas dans une Algérie arabo-musulmane. Ce ne sont pas non plus les arabophones qui s’empresseront à changer de système politique et encore moins d’opter pour le fédéralisme et le pluralisme. L’essentiel à leurs yeux est déjà là : l’État et sa langue sont arabes. Que cet État algérien reste ainsi. À nous, les Kabyles, de choisir notre destin. Un État kabyle libre.

 

Toute personne qui se reconnait dans la Kabylie et dans le pays kabyle est citoyenne de la Kabylie

Frères et sœurs kabyles, ayez foi en vous-mêmes et à l’intelligence kabyle ; devenez acteurs de l’histoire en mouvement en temps réel. L’accompagner jusqu’à la libération du peuple kabyle du joug colonial est un devoir moral, historique et humain pour chaque citoyen kabyle. C’est une vertu pour chaque humaniste. C’est l’œuvre de chaque citoyen du monde épris de justice.

Redevenir indépendant, c’est reprendre sa marche sur le chemin tracé depuis des siècles. C’est se réapproprier son bien, uniquement son bien, le prendre en main et le développer selon les principes kabyles aux valeurs humanistes attestées. C’est retrouver ses repères, son esprit, sa spiritualité, sa liberté… et se situer dans le monde.

Est-ce une faute d’être soi et œuvrer pour soi en lien avec le reste du monde ? N’est-ce pas cette volonté qui est revendiquée par le peuple kabyle depuis 1962 ? N’est-ce pas pour la même volonté que sont morts les soldats kabyles en 1857 ? N’est-ce pas que tout en long de son parcours, malgré les aléas de l’Histoire, le peuple kabyle a toujours su s’adapter pour préserver son indépendance. Il a commis une erreur : il n’a pas fondé d’État. Corrigeons-la.

Je ne vous apprendrais rien sur la Kabylie. Vous la connaissez. Vous vivez son sort. Maintenant, soyez logiques et pragmatiques. Donnez-vous un temps de réflexion conforme aux normes de notre époque interconnectée et vive. Menez une réflexion pragmatique et gardez haut les intérêts du peuple kabyle. Observez en Kabyle indépendant « l’investissement » de l’État algérien en Kabylie. Observez bien la situation politique, économique, sécuritaire, culturelle… au pays kabyle. Pesez et soupesez leur évolution depuis 1962. Interrogez politiquement, "kabylement", les revendications de votre peuple. Vous savez qu’elles viennent de loin et sont pleinement légitimes. Ne perdez pas de vue qu’elles donnèrent naissance au mouvement indépendantiste.

Envisager que l’Algérie n’a jamais été la nôtre et ne le sera jamais. D’ailleurs, les Algériens ne cessent de nous le rappeler à raison. Je sais que c’est douloureux d’accepter ce fait, pourtant chaque kabyle doit le faire et admettre sa réalité historique. En effet, le peuple kabyle a toujours été indépendant sur un territoire délimité. Comme l’ont toujours été tous les peuples amazighs.
Ses cousins et voisins d’antan qui respectaient son territoire et la parole donnée se sont arabisés. Les engagements pris avec eux se sont effacés en même temps que leur langue maternelle. Que reste-t-il de nos voisins "ichenwiyen" ?

Nous devons accepter de « perdre » ce qui n’a jamais été notre bien pour ne pas nous perdre totalement. Les sacrifices consentis de 1954 à 1962 l’ont été pour une Algérie qui n’a jamais vu le jour et ne le verra pas avant plusieurs décennies… pour rester constructif.
Dites-vous que si l’État algérien et ses citoyens arabophones – peu importe leur origine ethnique – veulent encore cohabiter avec le peuple kabyle, Chawi, m’zab… et respecter leur culture et leur langue, s’ils sont pour les droits humains, pour le dialogue et la pluralité culturelle, ils savent ce qu’ils doivent faire.

En effet, nous leur avons tout expliqué, ils leur restent un acte à accomplir : s’assoir devant leur conscience et lui poser une question : ai-je le droit de détruire une culture ? Hélas, nous ne pouvons pas accomplir ce dernier geste à leur place. Elle seule peut les raisonner. Ils savent l’importance d’une culture, d’une langue et d’une existence. Une vie et une dignité. Ils connaissent l’importance de gouverner son territoire.

Nous n’avons rien à leur apprendre sur ces sujets et ces questions existentialistes. Ils ont une longue expérience dans le domaine. Et nous, nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’attendre qu’ils sautent les pas et s’adressent à leur conscience. La situation du peuple kabyle urge. Indépendant ou fédéral, il lui faut un État kabyle.

Prenez le problème kabyle par tous les bouts, vous aboutirez toujours à la même conclusion : c’est la souveraineté ou l’extinction. Il n’y a qu’une seule option pour le peuple kabyle : un État kabyle. Indépendant ou dans un cadre fédéral. Toute autre proposition politique manquerait de sincérité, de sérieux et profondeur intellectuelle et, encore, de maturité politique.

Aux Kabyles qui ont peur de l’indépendance, d’un avenir plus dur que le présent, je leur dis : si la Kabylie était indépendante, demanderiez-vous son rattachement à l’Algérie ? Entre nous, j’en doute. Même en cas de famine.
De la liberté découle la prospérité. De l’intelligence dépend la richesse sous toutes ses expressions. Le peuple kabyle n’est pas un incapable. Il est travailleur. Le tourisme, la diaspora, les investissements étrangers… permettront à la Kabylie de décoller très rapidement. Nous le savons, l’État algérien le sait. Autrement, il nous accorderait l’indépendance pour assister à notre détresse et ressouder les rangs algériens derrière le régime.

Aux derniers Mohicans kabyles : les berbéristes adversaires de l’indépendance de la Kabylie pour des raisons historiques infondées « el zaïr tamazight, on ne va pas l’abandonnée », je leur dis : certes, l’ADN du pays est amazighs. Cependant, il n’y a rien de maziɣe dans l’État algérien et l’écrasante majorité de ses citoyens anciennement maziɣe ont fait un choix : un État centraliste et arabe.
Au nom de quoi les contraindrons-nous à changer d’option ? Au nom de quel droit nous obligerons-ils à abjurer notre identité et adopter la-leur ?

Le territoire algérien n’a jamais entièrement appartenu au peuple kabyle. Seule la Kabylie l’est depuis toujours.
Je dis aux Kabyles dressés contre l’indépendance pour des raisons mesquines : je ne connais aucun peuple sans défauts et les crédules reproduisent indéfiniment les mêmes erreurs. Si vous êtes un opportuniste sans conscience ou un KDS bonne continuation, mais ne devenez pas un obstacle devant la marche de la liberté.
Toute personne qui se reconnait dans la Kabylie et dans le pays kabyle est citoyenne de la Kabylie

Pourquoi l’indépendance est-elle notre ultime voie ?
Nous avons envie de répondre que c’est la seule solution et l’importance de passer immédiatement à son application est nécessaire pour notre survie.
Nous revendiquons la liberté d’être nous-mêmes. Nous exigeons l’indépendance. Nous l’exigerons de plus en plus massivement. Nous ne sommes pas des extrémistes. Nous ne sommes pas des ignorants. Des marionnettes entre les mains des sionistes, des néocolonialistes, impérialistes, capitalistes, satanistes, atlantistes. Nous ne sommes pas « la faute de l’étranger » ni « la main de l’ennemi ». Nous sommes ceux qui sont en luttent contre la haine de la pluralité culturelle, linguistique, politique, religieuse. Nous sommes les combattants de la liberté kabyle. Nous luttons pour un État kabyle. Nos armes sont : les droits humains, notre conviction d’avoir raison et notre volonté de sauver la Kabylie du naufrage, inscrire son patrimoine dans la durée, et notre amitié avec le monde et sa diversité.

Nous ne revendiquons ni exigeons rien de l’Algérie. Nous voulons gouverner la Kabylie. Elle seule a toujours appartenu au peuple kabyle. Seuls les Kabyles parlent leur langue et s’inquiètent de son sort. L’Aurès appartient au peuple Chawi, Ghardaïa au peuple M’zab…la Kabylie aux kabyles. Nous n’avons pas à nous immiscer dans les affaires de nos voisins, encore moins à leur imposer notre conception politique et démocratique ni notre langue. Juste à tisser des liens d’amitié, de fraternité, de respect, Car, nous croyons à l’amitié entre les peuples du monde.

Nous sommes issus d’un peuple pacifiste et nous recouvrerons pacifiquement son indépendance perdue en 1857. Nous croyons au génie du peuple kabyle et à ses capacités. Nous le savons volontaire. Nous aimons notre peuple et savons que l’extrémisme ne correspond pas à sa nature. Nous ne sommes pas pour l’effusion du sang. Notre peuple aspire à vivre libre et en paix. C’est notre objectif.

Logique humaniste.
Dans un futur proche, la pression du peuple kabyle sera forte et aussi indépendantiste, conjuguée aux voix humanistes dans un monde ami du peuple kabyle. L’ère informatique et la circulation du savoir, des connaissances, d’amitié entre les peuples grâces aux réseaux, les droits humains évidents pour notre époque interconnectée, la mondialisation. Ces points et d’autres d’ordre moral et humain doivent à minima incités l’État algérien, l’intelligentsia algérienne à convier sous peu les peuples algériens à une table ronde où naîtrait une République fédérale, une Constitution rédigée pour les peuples algériens et une vraie réconciliation populaire. Tout le reste, nous le savons, sera une défaite : le statu quo, l’attente des jours meilleurs, d’une nouvelle ouverture politique… ce n’est que du temps perdu à palabrer, espérer, tourner en rond en s’arrangeant pour tourner systématiquement le dos à la vérité. Ou alors… après moi c’est le déluge. Sans conscience humaine.

Les souverainistes.
Qui sont les souverainistes kabyles ? Des citoyens de Kabylie qui ont accordé la même attention particulière au « changement du régime par l’intérieur » que tout le monde. Beaucoup d’entre eux sont nés et ont grandi avec l’espoir de réaliser « l’unité nationale dans la diversité ». Ils ont revendiqué « Tamazight pour toute l’Algérie ». Aujourd’hui, personne n’en veut sauf le peuple kabyle, qu’il soit chawi, m’zab, atlas blidéen.

Les souverainistes aussi ont clamé haut et fort "Tamazgha amazighe", qu’aujourd’hui personne n’en vit sous cette forme. Les peuples maziɣe se sont rendus compte (humour) qu’ils ne se comprennent pas lorsqu’ils se parlent avec leur langue maternelle. Et, tous revendiquent énergiquement la sauvegarde et l’enseignement de leur langue maternelle ! Quelques-uns veulent le contrôle politique de leur territoire ! Ce qui est normal, logique. Adapté à la situation. À leur histoire. En effet, les Africains du Nord sont des Amazighs, « Imazighens », mais ne sont pas tous kabyles et ne partagent pas les mêmes idées. Ils ont toujours vécu indépendants les uns des autres même sous l’autorité d’un "royaume". Personne ne traversait le territoire de son voisin sans autorisation préalable.

Les souverainistes ont consacré du temps, de l’énergie à l’idée « amazighiste » et ont abouti à la conclusion suivante : indépendance de la Kabylie ou extinction de son peuple. En effet, chose certaine et une vérité simple à observer : le peuple kabyle ne survivra pas longtemps dans un État arabo-musulman gouverné par des nationalistes arabistes. Qu’ils gouvernent l’Algérie à leur guise mais qu’ils nous laissent nous occuper des affaires de la Kabylie. Terre ancestrale du peuple kabyle. Terre de l’esprit kabyle.

Libre à chacun de choisir sa voie selon sa conscience. Je sais que la majorité prendra progressivement sa place aux côtés des indépendantistes. Je ne doute pas de son attachement à la Kabylie et ne doute pas de son intelligence. De son sens d’observation. Je sais aussi que l’État algérien, son l’intelligentsia…. ne feront que s’élever, fanfaronner contre l’idée d’une Kabylie administrée par les siens pour les siens, peu importe, leurs origines ethniques. Ils ne jureront que par plus d’arabisation et islam comme seule religion du pays… Et rien de nouveau et favorable pour la Kabylie ne sera entrepris par l’État Algérie et défendu par la société civile algérienne. Rien !
Ils ne veulent pas de l’identité kabyle. Ils veulent l’effacer de la liste des peuples du monde. Nous, nous ne voulons pas disparaître. Pour vivre libres, en paix et selon nos valeurs nous devons élire notre propre gouvernement. Il nous faut un État. Je le souhaite indépendant.

L’unité pour un État kabyle.
Soyez Kabyle. Soyez raisonnable. Comment voulez-vous mettre une quelconque pression sur l’État algérien et faire évoluer son discours dans le sens des intérêts du peuple kabyle si vous ne placez pas la liberté du peuple kabyle au-dessus de toutes considérations ? Dès l’instant où vous le feriez, la nécessité de lutter pour un État kabyle vous paraîtrez évidente. Quel est le problème du peuple kabyle ? Il n’est pas libre d’être lui-même. Quelle est la solution ? Légiférer et se gouverner sur son territoire. Dans quel cadre ? Je suis pour l’indépendance politique.

Soyez kabyles. Soyez raisonnables, rejoignez l’évidence. Prenez votre place parmi les personnes qui ont dit non à la disparition de la culture, la langue et l’identité kabyle. Prenez votre place parmi les personnes qui veulent un État pour le peuple kabyle pour assurer un avenir prospère à la Kabylie. Un État de droit, laïc où tout citoyen aura la liberté de choisir son chemin spirituel, être respecté et vivre dignement et en sécurité. Une Nation Kabyle libre. Le pouvoir d’éradiquer, de dénoncer et de lutter sans craindre la corruption, l’abus de pouvoir et toutes les pratiques malsaines et nuisible à un état de droit. Un État où la femme n’est pas juste l’objet de reproduction, la cuisinière, la femme de ménage, « la machine à laver ». Un état qui inverti dans l’avenir de ses citoyens, dans l’éducation, dans l’économie et dans la justice sociale.

Soyez kabyle et rendez-vous à l’évidence : nous ne ferions pas évoluer l’État algérien avec des exigences culturelles/folkloriques, mais avec un positionnement politique kabyle. L’unique opposition valable et crédible.

La méthode de l’État algérien est simple à comprendre : de temps en temps, il lâche une poignée de poudre aux yeux des Kabyles pour occuper leurs esprits, les faire rêver, discuter, se quereller, susciter de l’indignation. Pendant ce temps, il accélère la déculturation du peuple kabyle. La paupérisation de la Kabylie. Il achève son œuvre ailleurs. L’État algérien est un chef de file de la manipulation. Vous êtes des avertis de ses manigances.

Seul un État kabyle satisferait les revendications que vous partagez avec l’ensemble des citoyens de Kabylie. Vos gains que vous transmettez à vos enfants. Quant à l’idée d’indépendance, elle n’est pas nouvelle au pays kabyle. C’est l’infrastructure politique, pour se matérialiser à l’échelle d’une nation, qui lui manqua. Faute d’organisation politique, nous avions raté le rendez-vous avec l’Histoire au 20e siècle. Ne reproduisons pas la même étourderie au 21e siècle.
L’Histoire repasse de temps en temps pour offrir aux errements l’occasion de se corriger. Ne la laissons pas repartir sans effectuer sa tâche en Kabylie. Autrement, la prochaine fois qu’elle repassera, le peuple kabyle aurait probablement disparu. Elle ne manquera pas de désigner les coupables : les Kabyles et l’État d’Alger.

L’indépendance hum…
Si vous êtes sensible à la situation du peuple kabyle. Vous voulez lui venir en aide. Même si vous n’êtes pas convaincus que la Kabylie doit se séparer de l’Algérie. Néanmoins, l’être pour un État kabyle, car c’est la seule option pérenne. Qui n’a pas encore compris en Kabylie que toute autre option politique que l’indépendance ou le fédéralisme causera la perte du peuple kabyle ? Qui souhaite être complice de ce crime ?

Vous ne souhaitez pas la disparition de votre peuple, mais l’indépendance hum…c’est effrayant encore pour vous ! Sachez que c’est l’œuvre de l’État algérien qui a semé cette peur en vous.

Pour l’instant, militez pour un État kabyle indépendant. Faites-le pour mettre la société algérienne devant ses responsabilités. Militez pour l’indépendance de la Kabylie pour offrir une issue de secours, un joker… à la Kabylie.
Faites-le pour vérifier si l’État algérien ferait les concessions politiques nécessaires au développement économique de la Kabylie. À son rayonnement culture. À l’enseignement de la langue kabyle sur son territoire. Faites-le pour impulser une troisième transition algérienne. En effet, l’État algérien est passé de la tyrannie à la dictature. Reste la plus difficile et longue transition : la démocratie. À mon sens, elle ne se fera pas de sitôt et le fédéralisme est une impasse profonde qui ne mène nulle part. Bien sûr, on tire toujours quelque chose d’une expérience… c’est fait pour ça. Toutefois, à part ça tout sera une perte de temps.

Au complet, une Kabylie algérienne est antinomique. Cela n’a jamais été une solution pour sauvegarder le peuple kabyle ni son identité. La Kabylie ne survivra pas dans une Algérie arabo-musulmane. Ce ne sont pas non plus les arabophones qui s’empresseront à changer de système politique et encore moins d’opter pour le fédéralisme et le pluralisme. L’essentiel à leurs yeux est déjà là : l’État et sa langue sont arabes. Que cet État algérien reste ainsi. À nous, les Kabyles, de choisir notre destin. Un État kabyle libre.

Firmus L.

SIWEL 271553 JUN 16

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