Kabylie-Kurdistan : Oui à Ferhat Mehenni, Oui à Messaoud Barzani

CHRONIQUE (SIWEL) — Les millions d’Amazighs et les autres millions de Kurdes, éparpillés entre quatre pays, disposent de la même histoire et d’une convergence de lutte pour recouvrer leur liberté et leur indépendance, promouvoir leur langue, leur culture et leurs traditions, plusieurs fois millénaires.

Les Kurdes continuent de subir l’oppression et l’agression des Turcs, après celle des Ottomans, et des Arabes.

Les Kabyles, après avoir repoussé les Ottomans, affrontent depuis longtemps l’islamisation rampante d’un pouvoir central et s’opposent, seuls, à un processus de salafisation de leur territoire et ses habitants, encouragé pour bloquer toute velléité de maintien identitaire affirmé depuis la nuit des temps.

Noyés dans l’algerianité, les Kabyles n’ont pu que constater les dégâts causés par la dépossession identitaire et le rétrécissement volontairement provoqué de leurs espaces linguistiques et, conséquemment, culturels, historiques et sociologiques.

En 1830, les colonisateurs français découvraient la réalité d’une Kabylie indépendante, qui devait affronter le projet d’un « royaume arabe » que Paris voulait imposer au Sud de la méditerranée.

Boutin, espion de Napoléon Bonaparte, avant les autres, s’est mis à l’arabe pour rapporter à son chef les éléments et les conditions d’un futur débarquement en ex-Numidie.

Il fut déçu de ne pas trouver des locuteurs dans la langue qu’ il a apprise.

La même déception fut perçue en 1830 chez les militaires français, qui découvrirent des populations s’exprimant en tamazight, langue qui leur était étrangère.

A cette date, le Kabyle était parlé dans la région de Medea.

Elle l’était jusqu’à Bordj Bou Arreridj, au nord du chemin de fer qui liait Alger à Constantine.

Au sud de la même ligne, vivaient ceux qui se disaient arabes.

Un peuple – une nation

Les Kabyles vivant à Arris se sentent chez eux : la même langue est parlée sur place, avec des nuances de vocabulaire.

Idem pour les habitants du Chenoua, pays d’origine d’Assia Djebbar, née Imalhayen, fille de Tahar, instituteur à la belle stature, que j’ai eu le plaisir de connaître.

Regardant vers le sud, les Mozabites rencontrés au Nord ou chez eux, sont plus expressifs.

Mais de longue date, ce sont les Kabyles qui se détachent du lot, depuis des siècles, pour former une collectivité homogène linguistiquement et traditionnellement, au point qu’ils remplissent les conditions de base d’une communauté différente de son environnement immédiat.

A ce titre, elle a le droit de se revendiquer en tant que Peuple et Nation, ayant la légitimité d’une reconnaissance nationale et internationale.

Le projet politique porté par le MAK-Anavad pour la Kabylie est celui d’un divorce avec son voisin et la revendication légitime de sa liberté liée à la réalité d’une Indépendance affirmée, parce-que méritée.

Ocalan n’est pas un terroriste

Le mérite revient à celui qui ne s’est jamais compromis avec le régime central, à celui qui cite l’intelligence humaine comme référence à un combat, qu’il a mené toute sa vie : il s’agit de Ferhat Mehenni, au centre de toutes les batailles identitaires. Il l’est aujourd’hui, au nom de la liberté et l’indépendance de la Kabylie.

Au Kurdistan irakien, le projet identique est mené par Messaoud Barzani, au nom de l’indépendance d’un territoire plus large, habité par plus de quarante millions de Kurdes, répartis entre quatre pays, où activent des partis et des mouvements armés, chargés des mêmes objectifs, bien que la nature est toutefois liée à l’an réalisé des pays concernés.

En Turquie , le PKK continue de porter des coups à l’occupation du Kurdistan du Nord, par Ankara. Son chef Ocalan emprisonné à tort, demeure la référence majeure des Kurdes de la région.

Récemment, le patron de l’armée israélienne avait contredit son premier ministre, en déclarant, haut et fort, qu’Ocalan ne peut plus être considéré comme terroriste.

Et que Messaoud Barzani, en visite à Paris, pour rencontrer François Hollande, avait déclaré publiquement, qu’il était prêt à servir de trait d’union avec Ocalan, si Ankara le sollicitait.

En attendant, les acquis d’un Etat indépendant du Kurdistan en Irak, peuvent revêtir une importance stratégique de haute valeur, bien que le PKK semble reprocher à Barzani, ses flirts avec les Américains…

D’ailleurs, de simples militants retiennent les mêmes griefs, oubliant qu’une base de vie stable (Etat indépendant), vivante, forte (Kurdistan irakien) pourrait booster les engagements militaires Kurdes dans les autres régions.

Convergence kabylo-kurde

Au delà des divergences Kurdes d’ordre tactique, il est heureux de relever qu’il n’existe pas d’affrontements inter-Kurdes, excepté la récente trahison de … Souleymanieh !

La Kabylie, dans la même préoccupation, libre et indépendante, serait à même d’inspirer un large mouvement de revendication identitaire, à travers les 4 pays nord-africains, dont la Lybie où il a été entamé : les militaires qui ont grandement contribué à la chute du dictateur lybien, s’en réclament, avec le drapeau amazigh en tête.

Ainsi donc, sur les bords de la Méditerranée, comme sur ceux de l’Euphrate, deux projets de libération identitaire et politique, se mettent en route, pour converger dans la liberté et l’indépendance : les Kurdes, comme les Kabyles, ont besoin de bâtir un État indépendant.

La fiabilité, autant que la viabilité, d’une République au Kurdistan, assumera dans le monde Kurde, la même mission, qu’une Kabylie indépendante, dans l’espace amazigh.

C’est dire que les souverainistes Kabyles et Kurdes sont liés par le même destin : promotion d’un État aux normes démocratiques qui garantirait la liberté de ses citoyens et promouvrait tous les tenants de son histoire renouvelée, de ses expressions, par la langue et la culture.

Mas Atcheba
SIWEL 220920 Oct 17 UTC

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