« Kabyle », ce mot tabou pour le pouvoir colonial algérien arabo-islamiste

Tamazight par ci, Tamazight par là. On n’entend plus que ce mot dans ce pays appelé «algérie». Tout le monde en parle, même «Didi Barachou» l’ivrogne du feuilleton, tiré du livre de Mohamed Dib «l’incendie» en parlerait s’il était encore vivant.

De l’air ! De l’air ! Nous avons besoin d’oxygène, nous étouffons, en Kabylie, nous ouvrons toutes les portes et toutes les fenêtres, même les écuries «Idayninen» sont aérées pour éviter l’asphyxie à nos animaux tellement l’air s’est raréfié d’un seul coup.

C’est vous dire que dès que la chape de plomb sur Tamazight s’est soulevée, c’est tout l’oxygène qui s’en est trouvé pollué. Tout le monde en parle et respire l’air pollué déjà très rare dans ce pays, une véritable prison aux murs moisis suintants d’humidité et du sang des Martyrs Kabyles.

Ouaf ! Ouaf! Haw! Hawf! Ça aboie de partout. Nous sommes tous des Amazighs, toute l’Algérie se découvre Amazigh, oui nous sommes tous des Amazighs mais…arabisés.
Oui il n’y a pas que les Kabyles, les Mozabites, les Chaouis etc… qui sont Amazighs, tous les Algériens sont Amazighs (sic).

Fini, oublié, le «nous sommes tous des arabes» ânonné par trois fois par Ben Bella.
Aww ! Nous sommes Amazighs, c’est à croire que plus personne n’est arabico-islamique tel qu’écrit pourtant noir sur blanc dans la constitution de ce pays appelé Algérie.

Clamé depuis El Mouradia, Tamazight langue nationale et officielle puis Yennayer jour férié Amazigh, tout le monde s’y est mis. Nous sommes tous Amazighs ! Ihu ziwtt rwitt !

Nous sommes tous Amazighs, ânonné à tue-tête dans les télés des pires racistes arabo-islamiques anti-Amazigh et particulièrement anti-Kabyle, tous les algériens sont devenus du jour au lendemain Amazighs (re-sic).

Ya zehhh, un vrai pastiche d’un sketch de Fellag «nous sommes tous des mécaniciens» en version arabo islamique «nous sommes tous des Amazighs» avec l’accent arabe s’il vous plait.

Que ne ferait-on pas pour éconduire les Kabyle et casser la dynamique indépendantiste initiée par le MAK-Anavad.

Dans ce soudain brouhaha identitaire, où tout le monde gomme des dizaines d’années de leurs deux autres constantes
(l’arabité et l’islamité), des voix d' »authentiques » algériens fidèles à leur arabo-islamité, s’élèvent quand même pour dire non ! Non ! Non ! En tout cas pas moi, ne parlez pas en mon nom. Je ne suis pas Amazigh, je suis arabe.

Logique des logiques, ces voix sont celles, en vérité, de la majorité de ceux qu’on a gavé d’arabité et d’islamité, comme les autres, qui ânonnent et qui renient aujourd’hui leur arabité devenue soudainement toute relative.

La particularité de ces voix est celle de ces gens qui associent la religion à leur identité et ils sont nombreux, très nombreux dans ce pays appelé « Algérie ». Et ils ont raison car « comment oseriez-vous dire que je suis Amazigh alors que depuis ma tendre enfance, bercée de versets coraniques, on me dit et on m’enseigne que je suis arabe et musulman ? ».

« Non ! Ma langue c’est l’arabe! Ma religion c’est l’arabe ! Tamazight c’est un borborygme incompréhensible et Yennayer c’est une fête païenne. Et si l’un des miens en venait à en prononcer quelques sons je le tue. »

Et d’autres, Yennayer, c’est quoi ? C’est une fête païenne donc contraire à l’islam, la majorité des Algériens sont musulmans et ne connaissent pas leur origine (re-re-sic).
Et d’autres encore, d’où vient ce calendrier Berbère, sur quel calcul astronomique est-il basé ?

Ouffff !!! C’est à en perdre le souffle devant tant de questions sordides, de négations et d’ignorances historiques et linguistiques.

De l’oxygène vous-dis-je ! Donnez-nous de l’oxygène !

Le clou de tout ce tralala arabico-islamique et le non-dit, ce qui gêne et qui reste en travers de la gorge de tous, c’est le singularisme, le particularisme Kabyle, la Kabylité qui se distingue dans la diversité amazighe et qui est portée par tout le peuple Kabyle.

Dans cette histoire de Tamazight ce n’est pas tant Tamazight, langue ou culture qui dérange, d’ailleurs elle est domestiquée, reléguée au musée, à un folklore, à un patrimoine qui meuble l’histoire déjà falsifiée de ce pays et de cette terre dénommée officiellement dans la dernière mouture de sa constitution «terre arabe», au-delà, c’est la singularité Kabyle difficilement assimilable qui leur pose un gros problème.

Oui la singularité Kabyle qui vient de ce peuple autochtone plusieurs fois millénaires, qui se dresse sur la route de tout un pays pratiquement arabisé et orientalisé.

Mais qu’est-ce qu’ils ont ces Kabyles ?

Exceptés les Mozabites qui bougent un peu, tous les autres Amazighs sont rentrés dans les rangs arabo-islamiques se disent-ils.

Hier, Les Qbaylis, les Kabyles, se sont opposés à la France et aujourd’hui ils s’opposent à nous. Et pourtant nous les disons frères, la majorité d’entre eux sont musulmans, certes il y’a la langue arabe qui est différente de la leur, mais c’est la langue de l’islam et du paradis donc une très bonne raison en plus pour qu’ils l’acceptent et l’adoptent.

Par Allah c’est à n’y rien comprendre, on leur apporte une langue, celle d’Allah, celle du paradis, celle du prophète, une langue sacrée, une écriture avec une belle graphie, une culture et malgré cela ils tiennent à leur langue !!!

Le particularisme Kabyle devient ainsi le cauchemar du pouvoir arabico-islamique

Amazigh, Tamazight déclinés sur tous les tons, du plus grave au plus aigu et du plus menaçant au plus doux, rien n’y fait, jamais le mot Kabyle ne sera prononcé, ils ont interdit et banni ce mot de leur vocabulaire.
Et comment !!?? Le prononcer c’est déjà reconnaître la spécificité Kabyle et de cela les négationnistes arabico-islamiques n’en démordent pas, enfin pour l’instant.

Le Kabyle, un nom tabou que personne de ces arabico-islamiques n’ose prononcer et reconnaître afin de maintenir ce peuple et cette langue noyés dans l’ensemble Amazigh.

La stratégie est de tout mélanger et de tout noyer dans l’ensemble amazigh afin de ne pas laisser se distinguer les Kabyles, seuls prompts à lutter et à revendiquer une existence digne dans le respect, en osmose et en harmonie avec les principes spécifiques et universels de la Nation et de la civilisation Kabyles.

Qu’à cela ne tienne ! La particularité de la Kabylie est que lorsqu’elle est convaincue de son bon droit, elle lutte encore plus fort.

Menal At Qasi

SIWEL 192200 FEV 18

[Illustration : Une du quotidien France Soir, édition du 30/05/1964]

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