PARIS- DIASPORA (SIWEL) — Répondant à l’appel du Réseau Anavad, la diaspora kabyle de la région parisienne est venue célébrer la journée de la nation kabyle en hommage à toutes les victimes kabyles du colonialisme arabo-islamique algérien. Plusieurs centaines de kabyles étaient présents sur le parvis des droits de l’Homme au Trocadéro ; et ce, malgré le changement de lieu de dernière minute, suite au désormais traditionnel, et tardif, refus de la préfecture de police de Paris, une fois l’appel initial avec un lieu différent largement diffusé.

 

Entamée aux environs de 14h30, la porte-parole du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, Yasmina Oubouzar, a souhaité la bienvenue à l’assistance, non sans rappeler d’emblée que « De kamel Amzal à Kamel Irchen, beaucoup trop de sang kabyle a coulé ». Faisant allusion au révisionnisme cher aux algérianiste, elle précise que « ce sang qui a coulé, ce n’était pas du sang algérien car aucun algérien n’est mort pour Tamazight, ni encore moins pour la Kabylie », alors qu’inversement « beaucoup trop de kabyles sont morts en vain pour l’Algérie, passée sans transition de l’Algérie française à l’Algérie arabe et faisant des kabyles des éternels indigènes toujours en cours de pacification ».

Puis la cérémonie proprement dite fut inaugurée par Ahmed Haddag, président du Réseau Anavad et ministre des institutions. Évoquant les raison de l’institution de la journée du 14 juin en "Journée de la nation" kabyle, par le gouvernement provisoire kabyle, Ahmed Haddag n’a pas manqué de rappeler le « devoir pour chaque kabyle d’honorer la mémoire des martyrs de la Kabylie, assassinés par la gendarmerie coloniale de l’Etat algérien ». A cet effet, M. Haddag a demandé à l’assistance de respecter minute de silence à la mémoire des victimes du printemps noir en particulier, mais aussi à tous les kabyles morts pour avoir voulu défendre leur kabylité.

Après la minute de silence, le ministre des institutions de l’Anavad a mis en relief le fait que le 14 juin 2001, qui a vu plus de 2 millions de kabyles marcher sur la capitale algérienne et y subir là-bas une répression coloniale, a constitué en quelque sorte « l’acte de naissance de la conscience national kabyle ».

Cette prise de conscience du peuple kabyle s’étant faite dans la douleur de la répression coloniale : « avec plus de 128 morts et des milliers de blessés et handicapés à vie, c’est la Kabylie toute entière qui a le devoir sacré d’honorer les mémoires des victimes du printemps noir » a-t-il précisé.

Puis, il a été procédé à la levée des couleurs nationales kabyles en l’honneur des martyrs de la Kabylie. La mission a été confiée à une toute jeune adolescente, Athénaïs Aghilas, dont l’émotion au moment du lever du drapeau se lisait sur le visage, et c’est dans une totale communion que le drapeau kabyle a été hissé sous le « V » de la victoire des participants.

Ensuite, les intervenants se sont succédé au micro. Ce fut d’abord Yacine Chéraiou, conseiller auprès du président de l’Anavad. Celui-ci, dans un discours clair et argumenté, a rappelé que le peuple kabyle disposait de toutes les qualités requises à sa reconnaissance en tant que Nation et que le peuple kabyle était désormais sur la seule et unique voie de son salut : son indépendance.

Enfin, de manière très subtile, Yacine Chéraiou n’a pas raté la surprenante présence de la BRTV au Trocadéro pour la remercier gentiment de son effort d’être venue, elle qui fait habituellement dans le blackout quasi systématique de tout ce qui a trait au MAK et au GPK : Il citera à cet effet un célèbre passage d’une chanson de Matoub Lounès en disant « ma wtegh di gma ass-agi, vghigh kan ad yefriwes », « si j’émets une critique contre mon frère aujourd’hui, c’est uniquement pour l’éveiller »

Puis ce fut au tour de la ministre de la langue et de la culture kabyles de l’Anavad de prendre la parole. Celle-ci, n’allant pas allée par quatre chemins Mme Sakina AIT AHMED a de suite signifié la signification profonde du crime d’Etat commis par l’Algérie contre la Kabylie : les 128 du printemps noir ont été assassinés par des balles algériennes, tirées par des gendarmes algériens, sous la responsabilité et l’aval de l’Etat algérien. Par cet acte l’Etat algérien a définitivement scellé la séparation totale et définitive entre la Kabylie et l’Algérie, celle-ci étant de fait une force d’occupation.

Notons qu’une femme se présentant comme une poétesse a demandé à prendre la parole pour déclamer un poème en « l’honneur et la mémoire des victimes du printemps noir ».

Quelle ne fut pas la surprise du public lorsque celle-ci se mit à décrire le sacrifice des kabyles assassinés par l’Etat algérien « morts à la gloire de Lzzayer aazizen » (Chère Algérie) et même « à la gloire de Dieu le miséricordieux ». Une fois terminé son poème-forfait, l’intervention de la poétesse a été recadrée par la porte-parole du MAK à l’étranger, Yasmina Oubouzar.

Celle-ci a en effet immédiatement signifié à la poétesse qu’une rectification de son poème s’imposait étant donné que « Lzzayer aâzizen dont parle son poème, non seulement ces jeunes kabyles ne sont pas tombés à sa gloire mais qu’ils avaient justement été assassinés par elle et qu’ils n’étaient pas morts non plus pour Rebbi (Dieu). Ces kabyles ont bel et bien été assassinés par l’Etat algérien en raison de leur kabylité et en raison de leur détermination à le rester »…

Une fois cet incident de révisionnisme politique et historique qui ne doit certainement rien au hasard, les interventions ont repris avec Nadia Akkar de l’association Tudert de Piereffite. Celle-ci rendit un vibrant hommage aux victimes de 2001 tout en rappelant que l’Etat algérien continue encore son massacre en Kabylie « nghan-agh irgazen, u maza ala neqqen deg-negh ».

Nadia Akkar a tenu à rendre hommage à Mahfoud Boucebci assassiné par les islamistes en juin, aujourd’hui réhabilité par l’Etat algérien sous forme de repentis et même admis dans l’opposition algérienne comme si de rien n’était. Nadia Akkar a également reproché à la diaspora kabyle de France de manquer à son devoir estimant « pas normal » que celle-ci s’estimant à plus de 2 million ne soit pas investie dans la défense de la mémoire des siens.

Prenant le relais immédiatement après, Nadia Ould Said, membre de l’exécutif du MAK et membre du Collectif des Amazigh en France est allé dans le même sens que Sakina Ait-Ahmed, en affirmant : « ce n’est pas la main étrangère qui est venue assassiner notre jeunesse en Kabylie, c’est l’Etat algérien ! Ce sont des militaires algériens ! C’est la casquette algérienne qui a assassiné en Kabylie et personne d’autre. Il faut tirer les conséquences qui s’imposent. La Kabylie a le devoir de se protéger elle et de protéger ses enfants. Elle seule est en mesure de le faire à travers un Etat kabyle »

Puis ce fut l’intervention de Yella Houha, ancien président du Mouvement autonomiste Chaoui. Il a commencé par présenter la relève Chaoui avec une toute jeune fille, prénommée Dihya. Celle-ci, avec plusieurs autres enfants chaouis, arborait le drapeau de son peuple. Yella, ami et soutien de toujours du combat de la Kabylie, a évoqué son soutien qui allait naturellement à ses frères kabyles et non à la Palestine, l’Irak ou la Syrie, appelant ses frères Chaouis a en faire de même au lieu de soutenir ceux qui ne sont pas, qui n’ont jamais été let qui ne seront jamais leurs frères. Le soutien des peuples amazighs doit aller aux peuples amazighs.

Ensuite, Said, un kabyle venu de Brest pour lala journée de la nation kabyle, a pris la parole pour déclamer un poème et rendre hommage au seul qu’il reconnait pour être « son » président », en l’occurrence Ferhat Mehenni. Reprenant le fil du parcours du militant et artiste engagé, Said est parti de certaines chansons de Ferhat Imazighen Imula, notamment avec « atay awadu », pour rendre hommage à celui qui a guidé le peuple kabyle vers voie de la Liberté : toute une vie de lutte et de combat pour la Kabylie, l’identité, la langue, la démocratie, les droits de l’homme, la laïcité…

Enfin, le rassemblement du jour de la nation kabyle a été clôturé par l’intervention du Président de l’Anavad, Ferhat Mehenni. Celui-ci a longuement évoqué les sacrifices des kabyles pour la liberté, depuis le colonialisme français au colonialisme arabo-islamique algérien. Il dira notamment « C’est la Kabylie et les Aurès qui ont chassé le colonialisme français !, d’ailleurs même la plate-forme du congrès de la Soumame, qui commence par la Kabylie et les Aurès ont subi avec succès l’épreuve du feu, le reconnait explicitement. Nous en sommes fiers et nous le revendiquons» mais que cela n’impliquait pas qu’on allait substituer un colonialisme par un autre.

Le président de l’Ananad a en effet rappelée que « l’Algérie n’a jamais été une nation mais une mosaïque de peuples qui doivent s’accepter et se respecter. L’Algérie a été « fabriquée par le colonialisme français sur le modèle jacobin. Après 1962, l’Algérie a pris le relais de la France et se comporte à son tour en colonisateur, notamment en essayant de faire de nos enfants des arabes alors qu’ils sont kabyles».

Ferhat Mehenni a également rappelé que les conflits les plus graves se déroulent tous dans les anciennes colonies françaises, signifiant par-là que ce n’était nullement un hasard.

Puis rendant hommage à tous les kabyles qui vont dans le sens de l’histoire en activant au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, le président du GPK a rend un hommage très appuyé au président du MAK, Bouaziz Ait-Chebib qui fait un travail formidable et qu’il a particulièrement tenu à saluer ainsi qu’à toute son équipe et à tous les militants du MAK qui luttent sur le terrain, tout comme il a aussi rendu hommage aux militants de la diaspora qui activent au sein de la diaspora.

L’intervention du Président de l’Anavad a été la plus longue.

Aussi, nous mettons en ligne ci-dessous la vidéo de son intervention afin de rendre la totalité de son message.

Notons pour conclure que des jeunes du MOB ont été chaleureusement accueillis par le président de l’Anavad qui avait rendu un vibrant hommage à cette équipe qui a honoré la Kabylie.

Signalons également que la BRTV, qui a fait une apparition au Trocadéro, a eu un mal fou à convaincre les kabyles présents de sa bonne foie qui lui reprochait un parti pris contre le MAK et le GPK dont il n’assure pas la couverture des événement alors qu’elle se déplace à Alger pour aller interviewer Ouyahya, sans parler des lever du drapeau kabyle qui ont carrément été passé sous silence.

Enfin, la Journée de la Nation Kabyle a été clôturée par le chanteur kabyle engagé Zahir Amyas qui a été le premier artiste kabyle a chanter "Timanit" en 2001. Hier, le 14 juin 2001, il a chanté plusieurs chansons engagées dont la célèbre Chanson Bella Ciao en kabyle qui pour rappel célèbre l’engagement dans le combat menés par les partisans italiens et qui est chantée depuis 1963 dans le monde entier comme un hymne à la résistance…

Vidéo de l’intervention du président de l’Anavad, le 14 juin 2015 au Trocadéro à l’occasion de la Journée de la Nation kabyle

zp,
SIWEL 151249 JUIN 15

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