ILLULEN UMALU (SIWEL) — Le Président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Bouaziz Aït-Chebib, a procédé hier à Illulen-Umalu à la mise en place d’une confédération composée de cinq Coordinations : Illulen Umalu, Wizgan, Idjeur, At Ziki et At Issaâd, respectivement présidées par Abdou Imerzouguene, Lounis Oudali, Asirem Zerifi, Nacer Aliane et Achour Ahrouche.

Une fois les présidents de ces coordinations confirmés dans leurs postes par la base militante, des discussions ont été menées entre les différents participants sur les actions et missions d’urgence qui devront désormais relever de la compétence d’une « Confédération». Il a ensuite été décidé de renforcement les préparatifs du 3ème congrès du MAK, prévu pour le 26 du mois en cours, notamment avec l’organisation d’une caravane devant sillonner les villages pour expliquer davantage les véritables enjeux existants.

Il a également été prévu de tenir une conférence à Bouzeguène qui sera suivie d’un gala. Les thèmes abordés seront en rapport avec les manifestations du 20 avril prochain, des opérations de nettoyage des espaces kabyles entrent dans le cadre de la protection de l’environnement et enfin une réflexion devant mener à court ou moyen terme sur la proclamation d’un Parlement Kabyle.

 

Il y a lieu de relever que cette mise en place de la Confédération d’At-Idjer a été précédée d’une allocution du président du Mouvement souverainiste kabyle, Mass Bouaziz Aït-Chebib. Ce dernier a commencé par rendre hommage au cinéaste kabyle Abderhmane Bouguermouh qui a réalisé le premier film en kabyle dans l’histoire : " Ce grand homme de culture kabyle a réussi à relever le défi grâce à la mobilisation populaire. Le film "la colline oubliée" incarne la souveraineté du peuple kabyle étant donné qu’il a été réalisé par le peuple kabyle sous la direction de notre illustre cinéaste: Bouguermouh décédé il y a 3 ans".

Dans son intervention, le Président du MAK a mis l’accent sur les derniers événements nationaux algériens, facteurs d’une certaine effervescence et même d’une certaine initiative jugée «inappropriée». Bouaziz Aït-Chebib, qui a jugé les faits, plus exactement le projet de loi de la révision de la constitution où tamazight a été proposée comme langue officielle à rabais, a souligné que pour le peuple kabyle, la revendication reste et demeure son autodétermination et de ce fait aucune constitution algérienne ne concerne la Kabylie. « Cette soudaine volonté de l’Etat algérien de soi-disant consacrer tamazight comme « langue officielle », poursuit le Président du MAK, témoigne de l’existence de deux éléments fondamentaux. Le premier : la puissance du MAK et la seconde : la volonté de l’Etat algérien de fausser le jeu. Le peuple kabyle a bien déjoué cette conspiration arabo-islamiste en répondant massivement à l’appel du MAK le 12 janvier ».

L’initiative des « 23 personnalités kabyles » traduite par la signature d’un document a été également analysée par Bouaziz Aït-Chebib qui a vu en cela un "échec recommencé" :

« Je ne doute pas de leurs intentions mais cela ne m’empêche pas de constater qu’ils persistent malheureusement dans l’erreur en cherchant à démocratiser l’Algérie en utilisant la Kabylie comme fer de lance. Or, c’est la même histoire qui se refait depuis 1962. Des kabyles veulent instaurer une Algérie démocratique et sociale sur la base des valeurs de la Kabylie, sauf que celles-ci ne sont pas partagées par l’Algérie qui sombre de plus en plus dans le moyen âge. Le résultat est alarmant : l’Algérie s’enfonce dans la régression sous toutes ses formes, la Kabylie risque d’être entraînée dans ce gouffre si on ne met pas en place un Etat kabyle le plus rapidement possible.
Il ne peut pas y avoir de compromis entre un démocrate et un islamiste ni entre un « berbériste » et un baâthiste. Concernant la pseudo-officialisation de la langue amazighe, excepté le RCD, tous les partis membres de la CNLTD se sont exprimés contre la pseudo-officialisation de tamazight, tout en exigeant sa transcription en lettre arabe pour « protéger la langue du coran ». Une autre preuve que cette initiative de démocratisation de l’Algérie n’est pas partagée par les algériens, c’est que les signataires sont tous des kabyles.

Il est évidemment positif de vouloir permettre aux régions d’avoir des pouvoirs larges sur les plans économique, culturel… Mais il y a lieu de signaler deux faits importants: premièrement la Kabylie n’est pas une « région » alors elle n’accepte pas d’être reléguée à ce rang. Elle constitue une nation et en tant que telle elle réclame sa souveraineté et non pas quelques pouvoirs fictifs qui ne lui permettront pas de prendre en charge son destin. Deuxièmement, quand on parle de régions (au pluriel) il faut d’abord s’assurer l’adhésion de ces régions. Et jusqu’a preuve du contraire, les questions d’autonomies, de régionalisation, de fédéralisme … ne sont revendiquées et assumées que par des partis kabyles et encore de façons vraiment timide. Donc , au lieu de se substituer aux autres et de chercher à leur imposer une vision qu’ils ne partagent pas, laissons ces régions s’exprimer par elles-mêmes et réclamer les statuts qu’elles souhaitent. Ce n’est pas à la Kabylie de le faire à leur place.

Enfin, ce qui est proposé par les 23 signataires kabyles n’a rien de nouveau et ne fait que s’inscrire dans le cadre global de l’Algérie arabe et islamique qui a prouvé ses limites depuis 1962, en touts cas pour ce qui concerne la Kabylie qui conteste ce cadre-là non seulement depuis 62 mais bien avant, au moins depuis 1949 et la crise dite berbériste.  »

Ensuite, abordant d’autres sujets, l’orateur a passé en revue certains faits d’actualité, entre autres les actions d’intimidation menées par les appareils du pouvoir colonial algérien contre les vaillants militants du MAK. Outre les arrestations arbitraires, les intimidations et les tracasseries administratives, le président du MAK a évoqué les pratiques maffieuses de l’Etat algérien qui a mobilisé une armada de voyous et de policiers pour "lutter contre le MAK".

Bouaziz Ait Chebib a également réitéré le soutien de son mouvement aux étudiants du département de Tamazith de l’université de Tuvirett qui sont en grève illimitée afin de dénoncer le mépris et le racisme dont ils sont victime de la part de l’administration algérienne qui les traites comme des indigènes.

Le dépôt de plainte du dénommé Anis Rahmani, PDG du groupe médiatique Ennahar, contre Ferhat Mehenni est considérée par Bouaziz Aït-Chebib comme un moyen d’intimidation et de pression contre le MAK et le GPK. Ce rendez-vous d’Illoula-Oumalou a été l’occasion pour le Président du MAK de rappeler à Ferhat Mehenni le soutien le plus indéfectible du MAK. Enfin, le Président du MAK a réitéré le danger guettant la Kabylie si elle venait à maintenir son sort entre les mains de l’Algérie arabo-islamiste.

De son côté Mohand Laârvi Tayeb, présent au rendez-vous d’Ilulen-Umalu a déclaré que tous rendez-vous convoqués par l’Etat algérien et qu’il a voulu comme « historiques » ont été des échecs lamentables. « Ce nouveau projet de la révision de la constitution est à considérer d’ores et déjà comme un échec », a poursuivi Tayeb Laârvi avant de se lancer dans un flamboyant plaidoyer en faveur de l’autodétermination du peuple kabyle.

Notons enfin que le président de la Coordination de Wizgan, Lounis Oudali, a, à l’issue de son intervention, évoqué le cas de Kamira Naït-Sid, victime du harcèlement et d’intimidation de la part de l’Etat algérien, et l’a assuré du soutien et de la sympathie du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie.

De Tizi-Ouzou, Saïd Tissegouine

SIWEL 061149 FEV 16

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