PARIS (SIWEL ) — Présent lors de la commémoration de l’assassinat du feu Me Ali Mecili, Hocine Ait Ahmed, président du FFS a, dans une communication lue devant les présents, estimé que « la révolution tunisienne et la révolte égyptienne ont donné un coup d’accélérateur à l’Histoire ».

 

Hocine Aït Ahmed : « la priorité aujourd'hui est de lancer une dynamique de débat national »
« Et nous, Algériens, sommes sans cesse interpellés sur notre prétendue absence de ce grand mouvement libérateur, ce mouvement dont tu étais convaincu, Ali, qu’il arriverait un jour », a-t-il dit, ajoutant qu’« une telle interpellation est assez paradoxale pour des Algériens qui ont payé le prix fort pour leur combat pour les libertés, la dignité et le changement de régime ».

Après un vibrant hommage à l’avocat assassiné à Paris, Ait Ahmed a souligné que « je voudrais d’abord remercier Annie de savoir, chaque année, dénicher un écrit d’Ali dont l’actualité nous rappelle deux choses: la lucidité et la clairvoyance d’Ali avant l’heure et son engagement «originel», je dirais quasi existentiel en faveur des libertés ».

Plus loin encore, le chef du FFS a ajouté que « c’est ce paradoxe qui m’a fait ressentir le besoin de redire, ici près de toi Ali, qu’il est évident que nous sommes directement interpellés par la magnifique leçon de courage, d’organisation et de détermination populaire que ce mouvement de révolte dans le monde arabe donne au monde entier ».

« Mais on ne peut pas se mentir à nous-mêmes, estime Ait Ahmed, car, on ne peut pas ne pas voir que le mur de la peur a été remplacé et aggravé au plus profond de notre société par un mur de lassitude et de dégoût ». Une lassitude et un dégoût provoqués par « des fausses élites imposées à l’ombre de la terreur, de la mafia politico-financière, des élections truquées, des médias sous haute surveillance », a-t-il résumé.

Dans ce contexte, céder à la nécessité d’une quelconque « contagion démocratique » serait parfaitement irresponsable, avertit l’ancien militant nationaliste. Pour lui, « le sang des Algériens n’a que trop coulé », et de souligner que « notre société est en pleine décomposition. Nous devons dés lors, dans la diversité de nos convictions et de nos appartenances, lutter pour que la construction d’un rapport de force politique s’impose comme l’alternative à la confusion et à la violence », préconise encore Ait Ahmed.

Sur un autre sujet, Ait Ahmed évoque le combat des familles de disparus, lesquelles sont « aidées et soutenues par des avocats », s’y emploient en bravant la répression et les interdits. Celles des victimes du terrorisme et les jeunes de Kabylie en 2001, ceux de Ghardaïa, de Ouargla, des Aurès, de l’Oranie, de Constantine, les étudiants, les syndicats autonomes et tant d’autres encore, s’y emploient eux aussi. Devant cette déferlante, Ait Ahmed a estimé qu’il « manque pour l’instant un ancrage social plus large à toutes ces résistances à l’injustice, à la violence et à l’oppression. Il leur manque aussi l’aide et le soutien de médias authentiquement libres et crédibles ».

Il leur manque, aussi, selon le chef du FFS « de se rencontrer et de savoir ce qui les lie et ce qui les sépare pour ne pas tomber dans les pièges de la division et de la diversion ».
Ait Ahmed indique que la priorité aujourd’hui est de lancer « une dynamique de débat national portant sur les préoccupations et les souffrances quotidiennes des citoyens ». Ce débat est incontournable car, ajoute-t-il, « c’est ainsi que nous retrouverons confiance en nous et confiance entre nous ». Ce débat permettra « de retisser le lien social et politique dans notre pays.

« C’est cette voie qui fera que tous ceux qui, comme toi Ali sont partis trop vite, trop tôt, ne se seront pas battus pour rien », a-t-il soutenu.

aai
SIWEL 11 1219 AVR 11

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