Elite, dites-vous !? Non, mais dites donc ! (Chronique)

CHRONIQUE (SIWEL) — Les algériens « un peuple malheureux… » dixit Robert S. Ford ancien ambassadeur des USA à Alger. Non pas une analyse publique, ce diplomate n’aurait pas commis cette indélicatesse, mais une communication secrète, dans les câbles cryptés, révélée par Wikileaks en 2010. Il y’avait d’autres révélations tout aussi croustillantes…

Forcément que « ce peuple », ces peuples sont malheureux. Pris en otage depuis 1962 par une bande de voyous -le mot n’est pas assez fort- une hydre qui se renouvelle pour garder captif ce peuple aujourd’hui absolument désorienté. Violé dans sa conscience ? ce peuple l’est. Nourri des restes de la rente pétrolière ? des miettes, pas trop, juste assez pour le garder dépendant, jetées au compte-goutte, sans lui permettre de faire bombance. Des pénuries ? globalement alimentaires, elles sont entretenues à dessein pour nourrir le spectre de la faim dans son esprit. Qui ne se rappelle de la « panique du yaourt » suscitée ou du fameux « affame ton chien, il te suivra » balancés par Ouyahia.

Ce « peuple », n’en est pas tout à fait un. Il est vu et traité par ces voyous comme un « ghâchis » des « 3rayas » (Populace et va-nu-pieds), dixit un ministre. Des sujets ? pire ! Traité comme tel, il s’est vu imposé depuis 62, tous les « présidents » de cette pseudo république. Les fraudes et les mascarades électorales lui ont retiré tout le droit d’affirmer son choix politique et sa condition de citoyen. La votation, premier acte d’affirmation de la citoyenneté, est travestie, détournée, faussée, dénaturée, faisant de l’algérien moins qu’un sujet, une entité absconse.

Comment parler de peuple et à fortiori de nation là où le citoyen n’existe pas ? Dans leur stratégie de domination du pays pour s’accaparer de ses richesses impunément, ces voyous ont supprimé ou perverti tous ceux qui peuvent les gêner.

Leur verbe menteur se résume, à martyr, chahid, novembre, ancien moudjahid, arabité, souveraineté, défense nationale, main de l’étranger, ennemi de l’intérieur. Le Moudjahid « nouveau » qui va les chasser n’est pas encore né.  Avec des mots, ces voyous planqués des frontières, fils de DI GOULE (De Gaulle en arabe) ont su tromper leur monde en faisant passer Alger pour la Mecque des révolutionnaires eux qui n’ont jamais tenu un stylo révolutionnaire ou un fusil dans leurs mains de sanguinaires.

Dans cet enfumage, les vrais opposants sont assassinés ou exilés, et face à la danse orientale des « révolutionnaires » inconnus au bataillon, est venue se coller une espèce de faux-derches, de traitres, de lâches et de tir au flanc pour pactiser avec l’un ou l’autre de ces clans de voyous au pouvoir. Face à la dégradation actuelle sociale et éthique, chacun de ces renégats, depuis son clan crie au loup. Avec aplomb, dans un acte pathétique de fourberie, il se réclament du « peuple » tout en naviguant d’un clan à un autre au grès de leurs intérêts immédiats. Prêts à offrir même leurs femmes, leurs filles.

« Ils », c’est cette élite, en majorité Kabyle, qui s’est constituée en zone tampon entre le « peuple » et ces voyous. Ils sont avocats, médecins, journalistes, cadres, hauts fonctionnaires. Moyennant encart publicitaires, avantages familiaux, financiers et protection d’un clan, complices « Ils » ont laissé violer l’honneur et la conscience de ce peuple réduit à l’état d’esclaves. Dans un jeu de dupe de pseudo opposition politique, ils ont servi de caution démocratique à ces dictateurs.

Ils ont rapporté dans leurs faux témoignages, que ces voyous, leurs maîtres, sont des historiques, des révolutionnaires, des anciens « moudjahids » défenseurs de la patrie, gardiens de la révolution, de la souveraineté nationale, de la cause arabe, de la Palestine, du Polisario, du Hizbollah, du Jihad islamique, des cranes des chouhadas. De la repentance de la France, de la guerre contre les sionistes, les Juifs, l’impérialisme, le Maroc et surtout contre le MAK, cet ennemi de l’intérieur, qu’ils ont juré de « déconstruire », contre ces Kabyles accusés de vouloir casser ce pays, et qui posent les bonnes questions mais qui apportent de mauvaises solutions, à leurs gouts, et qui portent atteinte à l’« unité nationale » etc…

La donne politique est complexe et compliquée ? Qui est le « capo » ? Qui fait quoi dans ce pays ? Pourquoi donc le savoir ? Les questions portent en elles-mêmes la réponse.

Raillés par le monde, moqués par leurs pires ennemis, blessés dans ce qui semble être une fierté nationale, les algériens semblent sortir de leur légendaire et quinquagénaire léthargie. Des frémissements de réveil comateux sont perceptibles. Ils ont poussé illico presto les voyous au pouvoir à mettre en branle, cette pseudo élite pour détourner le boulet de feu révolutionnaire qui couve et qui risquent de les emporter.

Ce ramassis de personnages véreux, tous clans confondus, sans idéologie, sans éthique républicaine, cette « élite » corrompue jusqu’à la moelle, sort de sa mangeoire, non pas pour aider ces algériens à se débarrasser de ces voyous mais pour en détourner leur colère. Il en va aussi de la sauvegarde de ses intérêts, familiaux, financiers et conjugaux.

Des mots vides balancés comme des slogans. Dénoncer, l’usurpation de souveraineté, le viol des consciences et du sentiment national, la blessure de l’identité nationale, la corruption. Ils pleurent avec le berger tout en mangeant avec le loup. Ils minimisent. Certes ces voyous au pouvoir ont failli, ils ont assassiné du Kabyle comme on tue des mouches, mais ce sont des humains, il faut, au soir de leur vie faite de crimes, de négationnisme, de corruptions, de vols, leur donner une « sortie honorable ». Non rien moins que ça.

Partage des tâches. En parallèle pour aider cette « élite » dans sa tâche ardue de détournement, de cette colère saine et justifiée du « Ghâchis », ces voyous promettent une révision de la constitution, des réformes économiques, un train de mesures sociales…Le drame est réduit à la défaillance humaine, erreur corrigeable. Un débat national inclusif est proposé qui débouchera sur un consensus. Tout est discutable, enfin presque, sauf « l’arabité, l’islamité et l’amazighité (piège destiné pour les Kabyles NDLR) » Le but est de préserver le système arabo islamique imposé depuis 62. La continuité.

L’aventure !

Maman la France est présente, au chevet de son rejeton Algérie, enfant bâtard de la monarchie décadente. Elle bichonne, elle loge, elle soigne, elle couve, elle protège sa poule aux œufs d’or noir. La France, la mère intéressée, dénonce le Venezuela de Maduro quand elle élude le drame en cours à huit cents kilomètres de ses côtes sud. Tout est permis pour ses protégés, ses voyous. Que le siphonnage de la rente et du peu de plèbe instruite perdure mais que la lie inculte, les harragas, crèvent en méditerranée. Les voyous arabo-obscurantistes, les enfants de Di Goulle, ses « cabrannes » (anciens caporaux de l’armée française), veillent au grain, pas de « Boat people » la « Harga » est un délit passible de prison et la Kalachnikov est prête.

CLKI, Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante

SIWEL 202230 FEV 19