LONDRES (SIWEL) — « Les Etats-Unis deviendront le 1er producteur de pétrole de la planète vers 2017, et un exportateur net de brut autour de 2030, un bouleversement du paysage énergétique provoqué par l’essor des hydrocarbures non conventionnels, prédit lundi l’Agence internationale de l’énergie (AIE) », a rapporté l’AFP aujourd’hui.

 

D'énormes gisements ont été découverts : les USA deviendront le premier producteur mondial de pétrole vers 2017
« Les développements dans l’énergie aux Etats-Unis sont profonds et leurs effets vont se faire ressentir bien au-delà de l’Amérique du Nord et du secteur », a pronostiqué l’AIE, qui regroupe les grands pays consommateurs d’énergie (Europe, Etats-Unis, Japon), dans la dernière édition du World Energy Outlook, sa grande étude prospective annuelle.

« Vers 2017, les Etats-Unis deviendront le plus gros producteur de pétrole, dépassant l’Arabie Saoudite », a prédit Fatih Birol, le chef économiste de l’agence, lors d’une conférence de presse à Londres. Avec cette nouvelle donne sur le marché pétrolier mondial, les pays arabes, principaux exportateurs de l’or noir, seront confrontés à des difficultés économiques aigües, surtout avec des économies nationales battis principalement sur la rente.

Cette révolution programmée dans la planète pétrole ramènerait aux débuts de l’industrie pétrolière. De la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, le pays avait été le principal producteur d’or noir au monde, ce qui avait nourri son développement industriel, économique et stratégique. Les Etats-Unis sont devenus dans le même temps la première puissance mondiale.
« Les Etats-Unis deviendront le numéro un mondial incontesté de la production gazière mondiale autour de 2015, dépassant ainsi la Russie », a ajouté M. Birol.
L’AIE appuie ses prédictions sur l’essor de la production des hydrocarbures non conventionnels, autrement dit le gaz et le pétrole de schiste, ainsi que les réservoirs imperméables de pétrole léger (ou « tight oil »), qui furent longtemps considérés trop coûteux et trop difficiles à extraire.

« Le rebond récent de la production américaine de pétrole et de gaz, menée par des essors technologiques qui permettent d’extraire" ces ressources non-conventionnelles, comme la fracturation hydraulique, interdite en France à cause des risques qu’elle fait peser sur l’environnement, "transforme à un rythme soutenu le rôle de l’Amérique du Nord » sur l’échiquier énergétique mondial, explique l’agence.
Les chiffres semblent conforter la prédiction de l’AIE, bien que le débat fasse toujours rage entre les experts sur l’arrivée prochaine du « pic pétrolier », c’est-à-dire, le moment inéluctable où la production mondiale d’or noir amorcera son inexorable déclin.

Depuis le début de l’année, les Etats-Unis ont extrait environ 6,2 millions de barils de brut par jour, contre 5 millions en 2008, soit un bond de 24%, selon les statistiques du département américain de l’Energie.
L’AIE anticipe que ce bond de la production américaine, couplé à des mesures visant à réduire la consommation des véhicules, "fera chuter progressivement les importations pétrolières du pays, jusqu’à ce que l’Amérique du Nord devienne un exportateur net de brut, aux alentours de 2030".
Résultat, le Graal de « l’indépendance énergétique », un objectif longtemps considéré comme inatteignable, serait désormais bel et bien en vue pour les Etats-Unis, avance même l’AIE.

Le pays, qui importe actuellement environ 20% de ses besoins en énergie, « deviendra pratiquement auto-suffisant en termes nets, un renversement spectaculaire de la tendance qui prévaut pour la plupart des pays importateurs », prédit-elle.
Un tel renversement aurait d’immenses conséquences. Il redessinerait la carte du commerce pétrolier mondial, recentrée sur l’Asie, et avec elle, une grande partie des équilibres et déséquilibres stratégiques actuels.

L’Algérie dont 99 % de ses rentes provient du pétrole et du gaz, aura du mal à faire face aux exigences économiques mondiales nouvelles qu’imposerait cette nouvelle donne. Sur le plan politique, il sera d’autant plus difficile « d’acheter la paix sociale et « le silence des puissances mondiales », sur les dépassements et autres violations des droits humains.

aai avec l’AFP
SIWEL 121605 NOV12

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