TIZI-OUZOU (SIWEL) — Le conseil universitaire MAK de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou a adressé à SIwel la déclaration délivrée hier jour de commémoration du 32ème anniversaire du Printemps amazigh et 11ème anniversaire du Printemps noir.

 

Déclaration du Conseil universitaire MAK de l'UMMTO
DECLARATION

« Le double anniversaire du Printemps amazigh et du Printemps noir de cette année intervient dans un contexte géopolitique très particulier. Un tournant vient d’être opéré dans le monde Amazigh. En Kabylie, berceau de la revendication Amazigh des années 80, l’Histoire est en marche. La cause autonomiste avance d’autant plus que les kabyles régénèrent leurs forces épuisées par les déceptions passées. Les Azawadiens arrachent leur indépendance du pouvoir Malien et les Amazighs de Nefousa réclament leur liberté en Libye. Cette prise de conscience se répandra bientôt chez tous les peuples Amazighs du monde. C’est le siècle identitaire qui commence.

Loin du discours sentimental et des célébrations folkloriques, nous voulons, en cet anniversaire qui nous est très cher et à la veille du cinquantenaire de l’indépendance nationale, mettre en exergue un diagnostic général de la situation en Kabylie, couplé par un certain nombres d’analyses et de perspectives sur lesquelles nous nous penchons et qui nous préoccupent amplement.

Depuis la perte de son autonomie totale, si ce n’était pas son indépendance en 1871, jalousement préservée contre les tyrans et envahisseurs, la Kabylie a toujours combattu les injustices de l’histoire au prix de beaucoup de souffrances et de sacrifices sans pouvoir accéder à la paix, peut être n’a-t-elle jamais su exprimer sa propre voix et son ambition pour sortir de l’enfermement et des schémas idéologique et politique imposés à elle et dont elle paye aujourd’hui les conséquences. La Kabylie est entrée dans une phase de gravité extrême mettant en péril l’avenir de ses enfants.

Sur le plan sécuritaire : l’appareil militaire mis en place en Kabylie n’est rien d’autre qu’un arsenal de guerre destiné non pas à combattre les terroristes islamistes, mais plutôt à tirer à balles réelles sur la population, sur nos mères cette fois-ci : le cas le la femme tuée à FREHA est très grave. Les provocations quotidiennes que subissent les kabyles de la part de cette armée d’occupation sont multiples et le recours à la justice s’avère impossible. À coté des agressions physiques et morales, appuyées par la démission institutionnelle, les kabyles sont sous une surveillance policière sans égale. Aux yeux du régime : être Kabyle c’est être coupable. En Kabylie, il y a autant d’agents de renseignements que de citoyens.

Sur le plan politique : Fondamentalement opposante à toute entreprise émanant du pouvoir central d’Alger, la Kabylie dérange à plus qu’un titre. A l’approche des échéances électorales, dans lesquelles il scrute sa survie, le régime Algérien concentre toutes ses forces dans cette région : Les flux de clientélisation, par lesquels il séduit certaines « Brebis galeuses » issues de la dernière pluie sont au rendez-vous, tous les budgets qu’on devait exploiter dans le développement économique et social sont transférés aux concepteurs des listes électorales. Le régime de Bouteflika a compris qu’une forte abstention en Kabylie imposera une remise en cause de sa « réforme » politique, qui n’est rien d’autre qu’un replâtrage et une fuite en avant. Un autre grand enjeu plane sur ces élections : si les Kabyles rejettent ces échéances, c’est les autonomistes qui en profiteront et donc une instauration pure et simple d’un pouvoir régional issu de la volonté populaire. Voilà donc ce que le pouvoir central d’Alger et ses sous-traitants locaux redoutent.

Sur le plan socioculturel : Les libertés individuelles et collectives sont réprimées, le droit de grève, le droit de manifester et toutes les formes d’expressions, pourtant garanties par la constitution algérienne et les pactes internationaux que l’Algérie à ratifié, sont bafoués. Les syndicats Kabyles du secteur public sont sujets de normalisation et d’infiltration policière. L’exploitation des jeunes Kabyles diplômés, particulièrement les filles, dans les administrations publiques, leur stigmatisation et la discrimination raciale par laquelle ils sont traités dans les sociétés nationales témoignent sur les graves atteintes aux droits des Kabyles. Ces derniers jours, un grave phénomène apparait en Kabylie : le suicide des enfants, ce nouveau cataclysme, résultat de la crise sociale, risque de se propager s’il n’y a pas une réelle prise en charge de l’enfance. Il y a là une urgence de taille. La culture et le savoir sont le dernier souci du pouvoir central en Kabylie,

Sur le plan économique : L’économie Kabyle est victime de la conspiration politique du pouvoir algérien, les secteurs d’activités qui étaient autrefois fleurissants comme l’industrie textile et l’industrie électroménagère sont réduites à néant. Le sabotage économique de la Kabylie consiste à créer une sorte de désinvestissement par la dégradation sécuritaire et les durcissements fiscaux et bureaucratiques. Le régime de la sécurité sociale ne touche que près de 10% des familles Kabyles, 90% des jeunes kabyles sont dans la précarité, la plupart d’entre eux travaillent sans assurances, dans des conditions misérables.

Face à cette impasse historique jugulée à un anti-kabylisme institutionnel, le conseil universitaire du MAK appelle tous les kabyles, notamment les jeunes, à faire preuve de sagesse et de lucidité. Les enjeux de l’heure exigent de nous de bâtir une Kabylie plus forte et lui donner la trajectoire de développement et du bien-être qui lui sont nécessaires. Les errances faites dans des causes qui ne sont pas les notre sont dépassées. Pour nous, autonomistes, le combat est plus que jamais claire : la Kabylie d’abord et avant tous.

La Kabylie par sa langue, sa culture, ses traditions et son Histoire, forme une entité politique à part entière. Les rudes épreuves et les guerres inlassables qu’elle a menées depuis prés d’un siècle et demi contre les occupants témoignent avec certitude sur cette volonté des kabyles de vivre ensemble. Les désarrois culturels et identitaires actuels sont le fruit de la politique française, postérieurement algériennes. Une constitution kabyle où la langue, la culture et l’identité kabyles seront prescrites en est la solution.

Le peuple kabyle, autochtone de l’Algérie, a le droit a un statut politique de son choix, conformément à la déclaration onusienne adoptée le 13 septembre 2007, de même que tous les traités relatifs aux droits des peuples à disposer d’eux même, tous ratifiée par l’Algérie,. Les aspirations démocratiques et modernistes tant exprimées par le peuple kabyle, et pour lesquels il a donné les meilleurs de ses enfants, ne peuvent se concrétisées que si les kabyles cessent de les imposer aux autres.

Aujourd’hui, nous appelons tous les Kabyles à rejoindre les rangs de notre mouvement, de leur mouvement, car c’est ensemble que nous saurions bien construire une Kabylie nouvelle et à travers elle, une Algérie plurielle.

Vive le peuple kabyle uni et prospère,

Vive la Kabylie libre et autonome,

Qui vivra verra, la Kabylie vaincra.

Conseil universitaire MAK de l’UMMTO »

cc
SIWEL 211956 AVR 12

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