NEW YORK, USA (SIWEL) — Dans le cadre de la quinzième session de l’instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones ouverte le lundi 9 mai à New-York, au siège des Nations-Unies, M. Ravah Arkam est intervenu ,hier, mercredi 18 mai, à titre de militant kabyle pour plaider en faveur de la reconnaissance de la souveraineté des peuples autochtones dont le peuple kabyle.

Siwel publie ci-après l’intervention de Ravah Arkam.

 

Reconnaître la souveraineté des peuples autochtones

Chefs et représentants des peuples autochtones du monde,

Chers amis,

C’est avec un grand honneur que je prends la parole dans ce forum de la Quinzième session de l’Instance Permanente des Nations Unis sur les Questions Autochtones.

Les Kabyles sont un peuple autochtone sur la rive sud de la Méditerranée. Ils sont 10 millions de personnes et habitent un territoire d’environ 40 000 km2.

Vous connaissez tous le droit des peuples à leur auto-détermination qui est l’un des piliers du droit international. Il est porté en Kabylie par le MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie), à sa tête Mr. Bouaziz Ait Chebbib, et l’Anavad, leur Gouvernement Provisoire en exil, présidé par Mr. Ferhat Mehenni.

Par contre, vous entendez très peu parler de souveraineté autochtone, concept qu’ignore la majorité des acteurs politiques et les défenseurs des droits des Autochtones. Il faut dire que les Autochtones ne parlent eux-mêmes que très peu de souveraineté.

Les Kabyles qui n’ont jamais accepté leur rattachement à l’Algérie française ont été le fer de lance de l’indépendance de l’Algérie qui mène contre eux une politique culturellement génocidaire, depuis 1962 sont restés cantonnés pendant quarante ans dans des revendications identitaires et linguistiques.

La Déclaration des Droits des Peuples Autochtones du 13/09/2007 leur reconnaît le droit de disposer d’eux-mêmes. Toutefois, l’Algérie leur oppose éternellement le déni d’existence et la répression. Une nouvelle forme de représailles à leur encontre vient de voir le jour : la répression économique, par la fermeture des commerces, intimidation et menace ou le licenciement de ces derniers des entreprises publiques.

Rappelons les grands événements du rejet de la politique de discrimination imposé par gouvernement central d’Algérie depuis 1962 à la Kabylie :

– 1963-1965, rébellion armée contre Alger (500 morts)
– Avril 1980 : soulèvement populaire appelé le « Printemps Berbère »
– Juillet 1985 : création de la Ligue des Droits de l’Homme et arrestation de ses leaders qui ont été traduits devant la Cour Révolutionnaire pour atteinte à l’autorité de l’Etat
– 1998 : Soulèvement populaire d’indignation suite à l’assassinat du chanteur populaire Matoub Lounes
– 2001 : Soulèvement populaire qui a duré pas moins de 3 ans, appelé « Printemps Noir » et pendant lequel pas moins de 128 Kabyles avaient trouvé la mort.
– 2014 : Répression de la manifestation du 20 avril 2014.

La souveraineté des Premières Nations n’est plus seulement une vision ou une revendication, c’est maintenant une réalité incontournable. La Kabylie et l’Algérie sont ainsi devant un défi majeur, celui d’adapter les pratiques et visions traditionnelles en fonction de cette réalité trop longtemps occultée.

Les travaux de cette quinzième session de l’Instance permanente sont très importants pour nos peuples et nos communautés, qui regardent de loin et qui s’interrogent sur l’utilité de cette Instance et des différentes organisations internationales. Nous avons le devoir de faire en sorte que nos travaux soient fructueux et provoquent des changements réels, en Algérie, en Kabylie comme partout dans le Monde.

Merci
Mr.Rabah Arkam,

SIWEL 190901 MAI 16

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