PARIS-DIASPORA (SIWEL) — C’est dans une salle archi-comble que Ferhat Mehenni a tenu une vente-dédicace samedi dernier au Royal Est, le café phare de la Gare de l’Est, à Paris. La salle n’a pas pu contenir toutes les personnes qui se sont rendues à cette rencontre, il y avait du monde même à l’extérieur…

Face à un public heureux de le retrouver, le président de l’Anavad a entamé son intervention en commençant par la mise en relief de la longue et vaine lutte de la Kabylie pour démocratiser l’Algérie toute entière.

Il est revenu sur l’énergie et les sacrifices consentis par la Kabylie pour démocratiser l’Algérie et les diverses étapes de cette quête de l’impossible, depuis 1963, avec les années de plomb sous la dictature de Boumediene, en passant par le printemps amazigh de 1980, la démocratisation de l’Algérie tant à travers les partis kabyles, seules et uniques organisations politiques dites algériennes se réclamant de la démocratie, de la laïcité et de l’identité plurielle de l’Algérie, qu’à travers les Archs de Kabylie qui ont élaboré la plate-forme d’El Kseur porté par des millions de kabyles en 2001 jusqu’à Alger pour n’avoir comme seules réponses qu’insultes, mépris, répression… dans l’indifférence générale des algériens bien plus proches de la Palestine que de la Kabylie.

A cela s’est rajouté l’assassinat de près de 150 jeunes kabyles à la fleur de l’âge, les mains nues, avec juste dans leur tête des rêves de liberté, leur attachement viscéral à leur langue et à leur culture kabyles!

 

Ferhat Mehenni a ensuite insisté sur l’irréversibilité de la marche du peuple Kabyle vers sa liberté, parce la Liberté est le seul destin auquel, de tout temps, la Kabylie aspire. Son indépendance qu’elle a toujours jalousement conservée jusqu’à l’entrée de l’armée française en 1857, après 27 années de résistance, demeure inscrite dans la mémoire collective du peuple kabyle qui ne peut vivre sous le joug d’une langue, d’une culture ou d’une identité qui entend la dompter et la domestiquer. C’est ce qui explique l’irrédentisme kabyle qui refuse de se dissoudre dans une Nation artificielle construite sur la négation des peuples et à terme leur assimilation. Dans la foulée de son discours, Ferhat Mehenni a invité les autres peuples qui composent l’Algérie à en faire de même et dans un cadre plus général tous les peuples d’Afrique du Nord. Le président de l’Anavad a également dénoncé les frontières coloniales qui ne tiennent pas compte des peuples mais uniquement des intérêts des anciens colonisateurs qui se sont d’ailleurs empressés de mettre en place des dictateurs qu’ils ont installés ou fait chuter au grès de leurs intérêts.

Le président de l’Anavad a évoqué l’élaboration d’un Mémorandum qui sera bientôt remis aux Nations Unies dans le but d’expliciter davantage les aspirations du peuple kabyle, son parcours historique récent, son histoire ancienne, son indépendance, sa combativité, l’attachement viscéral à ses attributs, sa langue, sa culture, son identité, ses principes démocratiques, ses valeurs séculaires et son aversion pour toute forme de colonialisme. La Kabylie, de part toutes les luttes qu’elle a mené, a toujours poursuivi le même chemin, celui de la liberté ! Évoquant Ait Ahmed, un des 9 chefs historiques de la guerre d’Algérie, Ferhat Mehenni dira que le révolutionnaire kabyle a tout fait pour prouver qu’il était algérien alors que les algériens, même quand ils reconnaissaient sa valeur, l’on toujours considéré comme kabyle.

Ferhat Mehenni a également salué la tenue prochaine du 3è congrès ordinaire du MAK, le 26 février en Kabylie qui aura, entre autre projet colossal, celui de mettre en place un Parlement kabyle dont le but essentiel sera de soulager la Kabylie des actions nuisibles de l’Etat algérien. Ce parlement spécifiquement kabyle sera une soupape de sécurité pour le peuple kabyle, il donnera de l’espoir et de la dignité aux kabyles soucieux de faire vivre l’ensemble de leurs valeurs qu’elles soient sociales, économiques, culturelles, environnementales… Le président n’a pas manqué d’évoquer les traditionnels RDV du 20 avril aussi bien en Kabylie que dans la diaspora pour la double commémoration du printemps amazigh et surtout du printemps noir qui a endeuillé des centaines de familles kabyles et par-là, la Kabylie toute entière…

Le président de l’Anavad a également parlé de la genèse de son dernier livre "Noël en Otage", objet de la conférence et de la vente-dédicace, en rappelant les nombreux indices ainsi que certains faits survenus le jour-même, tel que l’entrée beaucoup trop facile des terroristes sur le tarmac de l’aéroport d’Alger. Ces derniers, au paroxysme du terrorisme islamiste, ont franchi tous les systèmes de surveillance et de sécurité avec une facilité déconcertante, pour ne pas dire avec la complicité des services de sécurité algériens qui ne peuvent qu’avoir reçu l’ordre de laisser faire …

Il a ajouté qu’avec le recul nécessaire pour écrire ce livre, les diverses recherches qu’il a menées démontrent que ce détournement d’avion ne peut pas être autre chose que le fait du pouvoir algérien et de ses services. A la suite de l’annulation des élections remportées par leur monstrueuse créature, le Front Islamique du Salut, un parti islamiste, totalitaire et sanguinaire créé pour en faire un épouvantail à la démocratie, ils ont mis en place ce plan machiavélique en choisissant un avion français, à la veille de Noël, afin de se faire passer "pour les victimes du terrorisme islamiste" et obtenir le soutien international…ce qui a été effectivement le cas.

En se faisant passer pour les victimes, alors qu’ils étaient les instigateurs de la faillite multidimensionnelle de l’Algérie, ce soutien des instances internationales leur a permis de se maintenir au pouvoir et d’entreprendre une guerre totale contre la population, via le terrorisme islamiste ; ce qui s’est soldée par l’assassinat de milliers de personnes. C’est ensuite avec une grande émotion qu’il a évoqué et rendu hommage à tous ses amis et connaissances qui ont été lâchement assassinés au cours de la décennie noire.

Dans la foulée il a également évoqué son incompréhension de ceux qui lui ont reproché d’être sorti vivant de cet affreux détournement, de ce cauchemar alors qu’il était à un doigt d’être exécuté. Si ce n’était son instinct de survie qui lui a dicté de déclarer qu’il était cardiaque et qu’il risquait de mourir à tout moment. Il serait mort aujourd’hui, s’il n’y avait pas eu l’assaut libérateur du GIGN français alors qu’il était le prochain sur la liste des personnes à exécuter.

Ferhat Mehenni a également affirmé que la tâche assignée aux terroristes cautionnés par le pouvoir algérien était de faire exploser l’avion sur Paris. Par la suite les groupes terroristes comme Al-Qaeda, Aqmi et aujourd’hui Daech ont tiré les leçons de cet "échec" en formant des terroristes en capacité de piloter des avions et de les faire exploser sur les tours américaines, le 11 septembre 2001.

Enfin, le président de l’Anavad a rappelé que le but de ses conférences n’est pas de vendre son livre mais de délivrer d’abord et avant tout un message politique fort. Il a ensuite affirmé que les tentatives d’assassinat dont il a fait l’objet à plusieurs reprises sont réelles et inquiétantes mais qu’il continuera le combat jusqu’au dernier souffle de sa vie, avec la bienveillance et le soutien du peuple kabyle qui ne se laisse pas détourner de son objectif par les basses manœuvres du pouvoir algérien contre le MAK et le Gouvernement Provisoire Kabyle.

Enfin, Ferhat Mehenni a fraternellement invité la BRTV à changer ses orientations et sa politique concernant le traitement de l’information kabyle, notamment son boycott de l’actualité de l’Anavad et du MAK. Le président de l’Anavad a également tenu à remercier la jeunesse kabyle qui a réussi, au fil des années, à faire de Yennayer une date pour la revendication de l’indépendance de la Kabylie.

Un appel a été lancé à la communauté kabyle pour se retrouver tous à Paris le 17 avril à l’occasion de la célébration des deux printemps de Kabylie : le Printemps Amazigh de 1980 et surtout le Printemps Noir de 2001. Ferhat Mehenni a rappelé qu’«il n’y a pas de charité en politique, il n’y a que les rapports de force qui écrivent l’histoire» ; la Kabylie doit constituer une force et au vu de sa diaspora, elle a tout pour l’être. Le président de l’Anavad a également évoqué une rencontre, d’ici 2 à 3 mois, avec les comités de village kabyles en France pour trouver des solutions au financement de l’Anavad et de ses projets pour la Kabylie.

saa/zp/mi,
SIWEL 161629 FEV 16

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