Tizgi n Iɛekkuren : Calamité écologique majeure

ENVIRONNEMENT (SIWEL) — Tizgi n Iɛekkuren, l’antique forêt de Yakouren dans la Confédération des At Γuvri, le « Bois sacré » des Kabyles et que les colons français avaient surnommé « la petite Suisse nord africaine », agonise.

Ce joyau kabyle aux valeurs touristiques remarquables qui, il n y’a pas encore si longtemps, fut un lieu de prédilection pour la randonnée, le camping, des balades en forêt, de délassement et de détente, est en danger depuis des années.

L’oxygène et les senteurs des plantes sont progressivement remplacés par les dioxines, les oxydes d’azote, de souffre et des métaux lourds. Tous cancérigènes.

Aujourd’hui, les monceaux d’ordures prennent la place des groupes terroristes algériens ayant écumé la région.
A rappeler que c’est en son sein, dans le massif forestier de l’Akfadu que le Poste de Commandement (PC) de la wilaya III historique était installé.

Après les ratissages et les pilonnages de l’armée provoquant des feux de forêt récurrents, ce sont les incendies d’ordures, dont les émanations toxiques contaminent l’eau, la terre, les plantes et l’atmosphère, qui menacent le dense couvert végétal de cette superbe suberaie où le chêne-zeen, le chêne-afares et le chêne-liège règnent sans partage dans ce royaume vert.

La fumée qui émane de l’incinération des déchets et les gaz toxiques qui s’en dégagent obligent même les automobilistes empruntant le trançon de la RN12 jouxtant la décharge publique implantée à quelques mètres de la fontaine fraîche, à rester en apnée pendant plus de deux minutes, jusqu’au lieu-dit Lɛinsar, vitres fermées et en activant même leurs antibrouillards en été… pour traverser les épaix nuages de fumées…

Ceci tant l’air suffoquant y est dificilement inhalable, avec des incidences sur la santé publique…. allant jusqu’à provoquer des états d’asphyxie et de détresse respiratoire parmi les malades hospitalisés à l’EPH d’Iɛeẓẓugen situé à la lisière de la forêt, enveloppé de fumées toxiques, sans parler du cas des riverains, qui vivent, reclus, en calfeutrant leurs domiciles et en recourant à l’air conditionné.

Cet espace bioclimatique humide à variante tempérée, l’un des poumons de la Kabylie, constitue le biotope d’une faune (16 espèces de mamifères), d’avifaune (81 espèces d’oiseaux) et d’une flore (485 espèces de plantes dont 171 médicinales), revêt d’un intérêt plus que vital pour l’équilibre naturel de toute la Kabylie.

L’habitat naturel du singe magot le macaque de Barbarie, du chacal, du porc-épic, du lièvre, du herisson, du renard, du sanglier et du cerf de Berbérie qui y étaient présents en nombre, est aujourd’hui plus que jamais menacé.
La richechesse floristique, faunique et ornithologique de naguère risque de ne rester qu’un vague et lointain souvenir pour les générations futures..

Il est plus qu’urgent que cet océan de verdure en plein coeur de la Kabylie, à cheval entre les départements de Tizi-Wezzu et Vgayet, soit reviabilisé par ses propres enfants, tant pour son potentiel touristique dans une Kabylie indépendante, que pour son intérêt purement biologique.

Dans cette vidéo tournée le 03 août dernier, suivez le reportage de Mas Mḥand Nait Djoudi pour TaqVaylit.TV, démontrant l’étendue des dégats :

https://taqvaylit.tv/vod/news/tizgi-n-i%C9%9Bekkuren-calamite-ecologique-majeure/

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SIWEL 100730 AOU 18