TAJMAΣT, ET SA PRISE EN OTAGE PAR DES LOIS ALGÉRO-COLONIALES

KABYLIE (SIWEL) — « Tajmaɛt » ou l’assemblé du village, une organisation sociopolitique ancestrale typique du monde Amaziɣ, et très réussie en Kabylie. Elle est en son vrai sens, l’autorité suprême du village en toutes ses ailes ; économique, politique, juridique, et socioculturelle. C’est elle qui gère les biens matériels, naturels et humains de son unité territoriale en faveur de son développement local, et qui procède à la résolution des conflits entre individus ou entre familles de l’ensemble des habitants du village. Tajmaɛt est peut largement être qualifiée d’un petit gouvernement qui exerce légitimement son autorité après avoir être élue  et approuvée selon les règles de la tradition par la majorité absolue de l’ensemble des villageois.

La Kabylie indépendante des ères anciennes jusqu’à la domination Française, à vécue des millénaires sous ce système indéfectible et unique en son genre, pour lequel le monde entier prête énormément son intention. Il est considéré comme l’un des modèles de la gestion sociale les mieux organisés et les plus réussis dans le monde socialiste tout entier, que Karl Marx n’à pas manqué de le citer et commenter positivement ses formes démocratiques fabuleuses.

Régie par des lois morales que religieuses, tajmaɛt est symbolisées par trois principes fondamentaux : « Travail », « Solidarité » et « Développement ». Les habitants du village l’obéissent et obéissent devant ses lois favorables et ses lois punitives qui se varient entre une amende payante jusqu’à la mise en quarantaine, le plus haut procès peut être engagé par cette instance à l’encontre des plus mauvais citoyens.

Tajmaɛt réunit les habitants du village au moins une fois par semaine pour parler de divers projets qui rentrent dans le cadre d’intérêts collectifs des habitants, ou résoudre des problèmes… etc. C’est elle qui organise le quotidien de l’individu et son comportement envers son entourage où il vit.

L’absentéisme aux réunions, aux funérailles, ou aux travaux de volontariats programmés « Tiwizi » … ne sont pas tolérées par les règles de l’instance, et le concerné doit sans condition payer une amende comme définie par la loi, et le fait de refuser, il risque d’être mis en quarantaine.

L’argent des amendes payées par les citoyens, est destiné à la caisse du village qui alimente les projets d’intérêts collectifs des habitants.

« Tajmaɛt aujourd’hui ne suffit pas comme souvenir à raconter, mais un héritage à assumé et à prendre en compte ».

Transformation de Tajmaɛt : De «l’Autorité du village » à un « comité du village »… régie par des lois associatives :

« Pour effondrer une société, il suffit de détruire ses valeurs communes, et le fait de détruire ses valeurs communes, c’est de colonialisme irrémédiable ».

1962, l’indépendance de l’Algérie ? Ou, la dépendance de la Kabylie ?

Une question qui s’est imposée au fil des ans de rejet et de déni linguistique et culturel dont les Kabyles souffrent, et revendiquent en vain depuis la fin de l’occupation Française et  l’instauration de la première république algérienne indépendante. Une république factice, gérée par la descendance de ‘’Banou Hillal’’ qui trouvent opportunité pour s’emparer définitivement des terres Kabyles qui avaient échappées totalement à l’expansionnisme de leurs aïeux, envahis sur l’Afrique du nord comme une nuée de sauterelles, à l’exception de cette « Île inabordable », comme décrite par certains notables historiens.

« L’Algérie est arabe », première acte agitateur des nouveaux gouverneurs qu’en leur réalité, ignorés complètement par les champs de batails durant la guerre féroce qui à durée sept ans d’affilé.

La France à créée « l’Algérie Française », les arabes ont reçue l’héritage, qu’ils l’autoproclament « Algérie arabe », et les Numides sur le podium, excepté les Kabyles qui ont reprit la lutte pour une identité remarquablement fossilisée et transformée en un véritable délit punit par la loi constitutionnelle qui tire ses lois fondamentales du texte coranique en promouvant uniquement la langue et la culture arabe.        

La Kabylie est désormais seule, au flambeau levé dans le ciel. Elle est l’unique cible du pouvoir algérien qu’il n’arrive pas à descendre malgré les plusieurs tentatives destructrices.

La loi coranique n’à pas donc trouvée lieu dans la gestion sociale des villages régis par tajmaɛt, et les lois constitutionnelles algériennes sont loin d’être les préoccupations primaires du peuple Kabyle.

Le pouvoir algérien à rendu compte du rôle primordial joué par ces institutions (tijmuyaɛ) sur le plan organisationnel et fraternel au sein de la société Kabyle, donc il fallait par tous les moyens destituer ces organismes ou les inclure dans le cadre constitutionnel pour se permettre leur contrôle et s’ouvrir davantage sur les secrets des mouvements qui se déroulent en toute liberté à l’intérieur des villages.

Pour mieux comprendre cette analyse critique, nous avons procédés au Journal Officiel de la République Algérienne, tout en basant sur la loi n° 12-06 du 18 Safar 1433 correspondant au 12 janvier 2012 relative aux associations.

Avant d’exposer quelques articles relatifs à cette présente loi, il faut souligner que Tajmaɛt est portée par l’état algérien au même titre qu’une simple association pour avoir soi-disant un statut officiel sous agrément, et pouvoir bénéficier des subventions destinées au développement de leurs programmes d’activités sociales. Le terme « Tajmaɛt » n’est plus réputé dans le nouveau langage administratif, mais plutôt désormais « Comité du village » élu par l’assemblée générale en présence d’un huissier de justice qui valide les dossiers des candidats à l’élection.

NB : Le terme « association », est  aussi celui appliqué par rapport au « comité du village ».   

Loi n° 12-06 du 18 Safar 1433 correspondant au 12 janvier 2012 relative aux associations :

Article 2: (2em partie) Ces personnes (les membres constituant l’exécutif) mettent en commun, bénévolement et dans un but non lucratif, leurs connaissances et leurs moyens pour promouvoir et encourager les activités dans les domaines, notamment, professionnel, social, scientifique, religieux, éducatif, culturel, sportif, environnemental, caritatif et humanitaire. C’est-à-dire le comité de village peut investir dans les domaines arrêtés par cette présente loi, mais remarquablement qui épargne totalement le domaine politique, ce qui mène à l’impuissance et à l’illégitimité du comité de défendre les droits politiques internes de son unité territoriale, contrairement à ce qui été Tajmaɛt dans les années auparavant. 

Article 6 : L’association se constitue librement par des membres fondateurs. Ces derniers se réunissent en assemblée générale constitutive constatée par un procès-verbal d’huissier de justice.

Qui veut dire qu’un village quelconque n’est plus indépendant de s’auto gérer librement. L’état peut intervenir et contester autoritairement le choix des membres optés pour l’exécutif, selon le volet qui arrange ses intérêts, mais pas ceux des villageois.

Après avoir accompli la déclaration constitutive comme annonce l’article 7, vient ce qui suit.

Article 8 : La déclaration accompagnée de toutes les pièces constitutives est déposée par l’instance exécutive en la personne du président de l’association ou son représentant dûment habilité, contre un récépissé de dépôt délivré obligatoirement par l’administration concernée, après vérification contradictoire immédiate des pièces du dossier

Cet article donne le plein pouvoir aux services de la sureté de la localité approximative d’avorter la décision finale prise par les villageois, et le procès-verbal établi par l’huissier de justice. Cette administration compétente peut rejeter une déclaration constitutive non seulement pour des motifs administratifs à l’exemple de cas de présentation d’un dossier incomplet, mais aussi, en raison d’autres motifs d’une nature politique ou autres.  

Article 19 : Sans préjudice des autres obligations prévues par cette présente loi, les associations sont tenues de transmettre, à l’issue de chaque assemblée générale ordinaire ou extraordinaire, à l’autorité publique compétente, copie de procès-verbal de la réunion ainsi que des rapports moraux et financiers annuels, dans les trente (30) jours qui suivent leur adoption.

Article 20 : Le refus de fournir ces documents sus-indiqués aux articles 18 et 19 ci-dessus est puni d’une amende de deux mille dinars (2000 DA) à cinq mille dinars (5000 DA).

Ces deux articles résument presque l’idée générale qu’on désire simplement transmettre à nos chers lecteurs respectueux. Le pouvoir algérien oblige aux responsables des comités des villages de transmettre tout ce qui à été tenu dans les assemblées et réunions intimes des villageois, et il leurs menace en parallèle en cas de refus ou de désobéissance optée.

C’est à travers ces comités agrées, que l’état algérien veut passer l’œil et lever le store sur l’intimité quotidienne des villages Kabyles.

Article 39 : Il est procédé à la suspension d’activité de l’association ou à sa dissolution en cas d’ingérence dans les affaires internes du pays ou d’atteinte à la souveraineté nationale.

Article 43 : Sans préjudice des actions ouvertes aux membres de l’association, la dissolution de l’association peut être également demandée par :

_L’autorité publique compétente devant le tribunal administratif territorialement compétent, lorsque l’association à exercée une ou des activités autres que celles prévues par ses statuts, ou reçu des fonds provenant de légations étrangères en violation des dispositions de l’article 30 de la présente loi, ou s’il est établi qu’elle n’exerce plus son activité de manière évidente

Ce qui veut dire que l’état jouit de plein pouvoir à intervenir dans les affaires internes des villageois, et peut même procéder à la dissolution du comité du village qui est l’instance souveraine élue respectueusement et démocratiquement par les habitants.

Voilà comment « Tajmaɛt » qui été jadis un gouvernement tout puissant, réduite en une petite association soumise à des lois qui servent les intérêts de nos destructeurs. 

En ce sujet, nous appelons solennellement, l’ensemble des comités des villages au niveau de toute la Kabylie à se désabonner volontairement de cette loi diffamatrice et coloniale, par conséquence, on à pas besoin d’agrément pour être d’une manière officielle. Notre existence n’à carrément besoin d’être approuvée ni par l’Algérie, ni par autre pays quelconque. Nous sommes un peuple ayant tous ses droits à disposer de lui-même conformément aux textes fondamentaux du l’ONU.

NA/MA
SIWEL181008 FEV 21