SE RÉAPPROPRIER SON HISTOIRE UNE ENTREPRISE URGENTE

KABYLIE (SIWEL) — Se réapproprier son MOI, afin de consolider sa présence dans le présent et garantir sa pérennité dans l’avenir, suppose une conscience aiguë de son identité et de son appartenance. Cette entreprise salvatrice pour l’identité de tout peuple, repose sur une connaissance totale de son histoire (son passé) avec ses hauts et ses bas.

Un peuple sans mémoire est voué à disparaitre, cela est connu de tout le monde, et ce depuis la nuit des temps. C’est ce besoin de survivre en tant qu’ethnie, peuple et civilisation qui a poussé les humains à graver leur mémoire (par des dessins, des gravures, des écrits) sur de divers supports (rochers, parchemins, livres…). C’est aussi cela qui a motivé la construction d’édifices grandioses (Pyramides, sanctuaires, murs, et divers ouvrages) qui témoignent d’un passé glorieux à même de raviver la flamme du désir d’exister chez les descendants de ces civilisations. En fait ces prodigieuses bâtisses participent dans la conservation du sentiment d’appartenance et de la mémoire collective d’un peuple donné. Effacer l’histoire d’un peuple c’est perturber son présent et hypothéquer son avenir. Le pouvoir local algérien a très bien compris cela, lui qui de tout temps (depuis 1962) a occulté d’enseigner l’histoire de la Kabylie dans les écoles, et ce à ce jour ça continu.

En effet, à aucun moment l’histoire quasi millénaire de la Kabylie ne fut abordée par le système scolaire algérien, reléguant vers l’oubli la portée psycho-historique de ce peuple (kabyle) dont les premiers soubresauts remontent à la préhistoire. Des générations entières de Kabyles furent donc privées de cette sève nourricière du MOI profond qui est l’histoire. Pour le pouvoir, c’était un enjeu : taire cette conscience balbutiante chez les Kabyles quant à leur enracinement dans cette terre, mais aussi quant à leur prise de conscience que de tout temps ils étaient un peuple au sens profond de ce terme. Pourtant malgré entorse faite à la vérité historique par le pouvoir d’Alger envers l’histoire authentique de la Kabylie, dans leur subconscient a toujours subsisté ce sentiment d’un ancrage dans une identité particulière et d’être un groupe qui partage un même destin. En effet ce n’est pas un hasard si les Kabyles désignent leur patrie : tamurt n leqbayel/le pays des Kabyles (à noter que cette reconnaissance vient aussi des non kabyles qui désignent la Kabylie par : bled qbayel/pays kabyle). Ce n’est aussi par hasard que les Kabyles se désignent entre eux par ce vocable : arraw n tmurt/les enfants du pays ou encore : mmi-s n tmurt/fils de mon pays. Preuve par neuf que le MOI kabyle porte les résonnances d’un passé qui même officiellement occulté est toujours vivace dans le subconscient de la majorité des Kabyles.

C’est quelque part, aucun MOI (même à l’état d’un gène restrictif) est toujours tenace : il tend à émerger d’entre le brouillard que les vastitudes de l’histoire à déversé sur lui. Et pour peu qu’une faible lueur jaillisse ce MOI se saisit de l’occasion et part à la recherche de sa vérité, de sa totalité de sa vitalité. Avec l’avènement du net, nos jeunes découvrent avec émerveillement, mais aussi avec avidité le royaume des Ait Abbas, le royaume de Koukou. Ils redéfinissent ainsi la géographie même de cette Kabylie qui avant la colonisation française poussait ses frontières jusqu’à Tebessa. Ils découvrent des noms de rois et de héros qu’on leur a toujours caché (les Iouanoughen qui fonderont le royaume des Ait Abbes, Ahmed Oulkadi, Abed Elaziz roi des Ait Abbes….), ils découvrent les innombrables victoires des Kabyles sur les Espagnols, sur les Turcs, sur les Français…. bref un passé lointain et récent fait de gloires et de victoires.

Cependant, découvrir ces faits ne suffit pas pour enraciner ce sentiment de fierté (premiers leviers qui conduit vers une conscience totale de son MOI). Pour y parvenir, nos hommes de culture devraient investir ce terrain par des écrits (romans historiques, bandes dessinées, scénarios de films et séries) pour une meilleure divulgation de toutes ces épopées historiques vécus par nos aïeux. L’enjeu est de taille et sa portée sur le plan psychologique vitale. Vivement cette entreprise de réhabilitation du MOI kabyle et de la réappropriation de notre histoire dans sa globalité et son entièreté.

H@S
SIWEL 102110 FEV 21