KABYLIE (SIWEL) — A la veille des élections présidentielles algériennes dont le but est de permettre au régime de se ressourcer et se renforcer en se légitimant à travers un scrutin préfabriqué, des voix s’élèvent contre le 4e mandat de Bouteflika. Bien entendu, nous condamnons le pouvoir qui a réprimé les rassemblements organisés à cet effet. Cependant, on aurait aimé voir ces protestataires dénoncer en 2001 ce même Bouteflika ainsi que ses parrains militaires qui assassinaient la jeunesse kabyle à coup de balles explosives. Par Muh Taheccat, Cadre du MAK

 

A la veille des élections présidentielles algériennes dont le but est de permettre au régime de se ressourcer et se renforcer en se légitimant à travers un scrutin préfabriqué, des voix s’élèvent contre le 4e mandat de Bouteflika. Bien entendu, nous condamnons le pouvoir qui a réprimé les rassemblements organisés à cet effet. Cependant, on aurait aimé voir ces protestataires dénoncer en 2001 ce même Bouteflika ainsi que ses parrains militaires qui assassinaient la jeunesse kabyle à coup de balles explosives.

Ceux qui se focalisent aujourd’hui sur le 4e mandat d’un candidat moribond se font les alliés inconscients et plus probablement conscients du DRS car ce dernier ne fait que tenter de se racheter une virginité en jetant en pâture un homme à l’article de la mort tout en lui incombant la responsabilité de tous les maux de l’Algérie alors même que c’est lui qui l’impose depuis 1999.

Cette levée de bouclier contre un quatrième mandat de Bouteflika n’est que de la poudre aux yeux et ne représente qu’une énième participation à la lutte des clans qui fait rage au somment du pouvoir. C’est simplement que le jeu a changé de registre et qu’il y a lieu de donner l’illusion d’une opposition à un système alors que l’enjeu réel se limite au réaménagement de la rente.
Le clan Bouteflika, qui maintient son candidat au moyen du soutien précieux du Val de Grace, comme le DRS et ses candidats partagent le même souci à savoir la pérennité et la sauvegarde du système et les candidats ne sont en lice que pour la meilleure part du gâteau. Aussi, la mémoire et le simple bon sens recommande non pas un boycott mais un rejet pur et simple de ces élections de la honte et non pas de prendre parti pour l’un ou l’autre clan, sachant que ces derniers ne font que s’affronter sur la meilleure façon de domestiquer les peuples d’Algérie afin de les spolier de leurs richesse tout en les abrutissant et en les terrorisant via l’instrumentalisation de l’arabo-islamisme qui demeure l’unique constante de tous les clans du pouvoir tant il s’avère efficace dans l’anéantissement des peuples.

Il est fort intéressant de constater la très large médiatisation dont ont bénéficié les rassemblements contre le 4e mandat de Bouteflika, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger et indique clairement que la lutte des clans au sommet du pouvoir algérien est autrement plus importante que la lutte des peuples en quête de liberté, de dignité et de leur droit légitime d’exister. L’aveuglement répressif de la dictature algérienne n’est ni rapporté ni dénoncé par la presse et les ONG des droits de l’Homme quand il s’agit de la Kabylie, puisque bon nombre de rassemblement, de marches ou de protestations de la même ampleur, et même bien souvent supérieures à celles de ces protestations contre ce 4e mandat, sont volontairement ignorées.

Toute cette agitation à propos de Bouteflika laisse perplexe en Kabylie car ce dernier n’a jamais été le président du peuple kabyle et il ne le sera jamais, tout comme il ne l’était pas lorsqu’il a proféré des insultes contre le peuple kabyle au théâtre communal de Tizi-Ouzou sous les applaudissements de ses larbins locaux en jurant que Tamazight ne sera jamais officielle et tout comme il l’était encore moins lorsqu’il a ordonné l’usage d’armes de guerre contre les manifestants kabyles du Printemps Noir faisant 127 martyrs et des milliers de blessés, dans l’indifférence totale du reste des algériens. On se souvient aussi de la campagne électorale de Bouteflika en 1999 quand elle était qualifiée de « dernière fraude du siècle » avant que le RCD ne rejoigne le gouvernement de cette même fraude de l’hiver 2000 à l’été 2001 ; et malgré la participation d’un parti Kabyle se voulant algérien, Bouteflika n’a jamais eu la reconnaissance du peuple kabyle. Aussi, il convient de rappeler que la Kabylie n’a pas attendu 2014 pour rejeter Bouteflika, le clan d’Oujda, comme les clans rivaux car tous poursuivent le même objectif : Nous anéantir.

Ni Bouteflika, ni aucun autre candidat, ni aucune élection organisée par le pouvoir assassin ne peuvent être à la hauteur des aspirations de la Kabylie qui rejettera comme à l’accoutumée cette énième mascarade du 17 avril. Le peuple kabyle n’est concerné ni par le prochain simulacre d’élections présidentielles, ni par la lutte des clans du régime qu’il ne reconnait pas et qu’il combat depuis 1962, le jour où l’armée usurpatrice des frontières est venue spolier la liberté que nos aînés croyaient avoir arrachée au colonialisme français, alors que nous ne faisions que changer un colonialisme par un autre. Aujourd’hui, ayant tiré enseignement de son lourd passé et consciente des manipulations dont elle est l’objet, la Kabylie n’acceptera plus jamais d’être utilisée comme le « joker » d’un jeu où elle n’a pas droit à la parole et où on lui dénie même toute existence. Sa seule aspiration est de se libérer du despotisme criminel du régime algérien et de ses alliés pour édifier son propre Etat. Le seul scrutin pour lequel le MAK emploie toute son énergie est le référendum d’autodétermination de la Kabylie, seule et unique issue à la paix, la liberté et la prospérité de la Kabylie. Il n’y a aucun avenir possible pour la Kabylie dans le cadre arabo-islamique et encore moins avec l’optique qu’un quelconque partenariat avec l’une ou l’autre de ses options destructrices, dans un clan ou un autre du pouvoir algérien.

Muh Taheccat, Cadre du MAK

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