Récit de Dda Muh sur la vague d’arrestation de militants à Iwaḍiyen (Ouadhias)
GOUVERNEMENT PROVISOIRE KABYLE
MOUVEMENT POUR L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE
MAK-ANAVAD
RAPPORT D’ARRESTATION DE MILITANTS PAR LA POLICE/GENDARMERIE COLONIALE

 

Le 28 septembre dernier a eu lieu le dépôt du Mémorandum pour le droit à l’autodétermination de la Kabylie, par Mass Ferhat Mehenni, président du MAK-Anavad, à l’ONU.

Pour marquer cet événement historique et porter la nouvelle auprès du peuple kabyle, notamment aux populations de la région d’Iwaḍiyen, les militants du MAK-Anavad des différentes coordinations et sections de cette région (At Avdelmumen, Cherfa, Ighil Imula, At Vuvadu, Aggni Gueghran et Iwaḍiyen auxquelles se sont jointes les coordinations de Souk n Letnin, Maatkas et Vughni) avaient décidé d’organiser une caravane d’information et de sensibilisation pour la journée du 30 septembre.

Composée de plus de 120 militants, auxquels se sont joints les villageois, et à bord d’une douzaine de véhicules sur lesquels étaient hissés les drapeaux kabyles, cette caravane avait sillonné la presque totalité des villages composants les Archs sus-cités, sur un rayon de près de 50 km.

Au point de départ de cette caravane, dans la journée du samedi 30 septembre 2017, une prise de parole avait eu lieu pour expliquer aux présents la portée historique de ce mémorandum et donner le signal du départ de la caravane.

Au village historique d’Ighil Imula, où fût proclamée la « déclaration du 01 novembre 1954 », les couleurs kabyles ont été levées. L’hymne national kabyle a entonné accompagné d’une minute de silence.

En cours de route, des sympathisants nous avaient informé que nous étions suivis : « ils vous suivent avec un véhicule banalisé, une auto-école, ils sont en civil. Il s’agirait de policiers et gendarmes ».

La joie et l’enthousiasme de cette belle journée ensoleillée du 30 septembre 2017 fût de courte durée, car plusieurs d’entre-nous ont été arrêtés à l’entrée de la ville d’Iwaḍiyen et conduits au commissariat de cette ville où on avait passé le restant de la journée, jusqu’à 21h30 pour certains d’entres-nous.

Une fois la caravane terminée, au village Ighil Imula avec levée de drapeau kabyle, je me suis fait accompagner par quatre militants (Mrs Meziane, Boualem et Ahmed) pour rentrer chez moi, à Iwaḍiyen.

Meziane, un militant activant en région parisienne, était au volant du véhicule. En empruntant la RN 30, roulant dans le sens Vughni-Iwaḍiyen, notre véhicule avait été intercepté, à la limite des deux communes Tizi n Tlata – Iwadyen, par plusieurs policiers du régime colonialiste d’Alger qui nous avaient intimé l’ordre de nous arrêter : Fouille du véhicule, confiscations de nos papiers d’identité et de tous objets appartenant aux quatre militants se trouvant dans le véhicule ainsi que d’un emblème kabyle, drapeau, en notre possession.

Une fois leur « tache » terminée, leur barrage fût levé, car d’habitude, il n’y avait pas de barrage à cet endroit. Nous avions été conduits manu-militari au commissariat d’Iwaḍiyen.

La 1ere vague des militants arrêtés se compose de Mrs : Ali S., président de la coordination ; Meziane S., Ahmed O. et Muhand-Wamar Hachim. Dans la seconde vague, ils avaient Mrs : Lunis At si Saïd, président de la section du village Ighil Imula, Nassim K., Massi S. et Feradj O.

A l’intérieur de cet édifice, construit, rappelons le, sur un ancien charnier des maquisards de l’ancienne wilaya III historique, s’entament des interrogatoires individuels qui respectent à la lettre les directives contenues dans la circulaire du «1er ministre algérien» du mois de juillet 2016 portant sur le traitement réservé aux militants du MAK-Anavad par le régime d’Alger.

A titre d’information, l’endroit où a été édifié le commissariat des Iwaḍiyen abritait une ancienne caserne du 7e BCA de l’armée coloniale française durant le conflit armé 1954-1962, appelé communément « Lfirma n Muhand Arav ». De ce fait, notre présence dans ces locaux nous ont rappelé, dans une certaine mesure, ce que subissaient les anciens maquisards de la Wilaya III historique par les criminels de guerre du 7e BCA.

Est ce que l’édification de ce commissariat, avec la complicité des valets locaux du système d’Alger, en ce sinistre endroit que fût un ancien charnier des anciens maquisards, n’a pas pour objectif d’emmurer notre mémoire ?

Avec une volonté politique à toutes épreuves et une détermination caractérisée, nos militants répondaient calmement aux questions et exprimaient leur décision de ne pas signer les PV dressés par des policiers. Le militant Mr Meziane S., outre l’interrogatoire subit comme tout le monde, a eu droit à une séance de prise d’empreintes digitales et de photos, de face et de profil.

Pour ce qui est des autres militants, les prises d’empreintes et de photos n’ont pas eu lieu, car elles ont été réalisées lors de nos arrestations antérieures. En ce qui me concerne, ces « faits de hautes-œuvres » m’ont été appliqués dans les locaux du commissariat central de Tizi-Ouzou où j ai passé plus de 8h lorsque j’avais été kidnappé par des policiers en civil tout prés de mon domicile à Iwaḍiyen le 26 janvier 2017. Je peux donc me permettre de dire que je suis à mes énièmes interpellations et arrestations.

Ma 1ere arrestation remonte au 17 juillet 2004, 1er jour de la 1ère université d’été du MAK à Azzefoun, j’étais sur le chemin dans ma voiture pour rejoindre cette manifestation historique du MAK quand je fût arrêté par des policier du commissariat d’Iεeẓẓugen (Azazga) et conduit devant le procureur de cette ville. Je relaterai cet épisode en d’autres circonstances…

Une fois sortis du commissariat des Iwaḍiyen, avec d’autres militants qui étaient là en rassemblement à observer un sit-in, on avait entamé nos slogans habituels : « Kabylie indépendante, vive la Kabylie libre, vive le MAK-Anavad »… Dès le regroupement des militants pour une pose photo souvenir, une nuée de policiers sortent en courant à la recherche du drapeau kabyle avec lequel la photo de groupe «aurait été prise ». Une course poursuite s’est alors engagée entre nos jeunes militants et les policiers dans les ruelles de la ville. Mais le ridicule ne tue pas !

Suite à cette action, quatre militants ont été à nouveau arrêtés et conduits à l’intérieur du commissariat. D’autres militants arrivaient pour un nouveau rassemblement qui avait duré jusqu’à leur libération qui est intervenue à 21h30. Certains militants ont parcouru plusieurs kilomètres, et de nuit, pour nous rejoindre. C’est le cas de ceux du village historique d’Ighil Imula qui avaient fait plus de 8 km.

A l’intérieur des locaux du commissariat des Iwaḍiyen, nous avions remarqué une espèce de sympathie à l’égard de notre combat de la part de certains policiers d’origine kabyle. Cependant, quelques officiers zélés qu’on pouvait compter sur le bout des doigts, car ils n’étaient que 2 ou 3, affichaient une agressivité d’une âpreté singulière à l’égard de notre mouvement. Leur objectif s’inscrirait dans l’optique de plaire à leurs maîtres d’Alger auxquels ils prêtent allégeance, car de convictions, ils n’en ont point. Pour ces individus, l’opportunité est propice pour leur carrière en essayant d’utiliser le MAK-Anavad comme « escabeau », car pour grimper en hauteur une échelle est nécessaire !

Au fond, ils sont à plaindre, car ils sont dans l’ignorance totale quant au jugement de l’histoire et celui de la Kabylie Indépendante.

Par cette action de caravane qui s’insère dans un processus de lutte résolument pacifique, et à l’occasion du dépôt du mémorandum historique sus-cité, les militants du MAK-Anavad viennent une fois de plus de démontrer à la face du monde que leur volonté politique est inébranlable, que leur détermination est plus que jamais renforcée pour mener à terme, dans l’union et la fraternité avec toutes les forces saines, le combat pour l’indépendance de la Kabylie.

Sous la conduite du grand militant infatigable, Mass Ferhat Mehenni, les militants du MAK-Anavad viennent ont opté pour la devise de l’état de New Hampshire, un des états des USA : « Live Free or Die » (Vivre libre ou mourir) tout en gardant la devise kabyle : Ad nerrez wala ad neknu ; ou encore mieux : Ur nettruz ur nkennu.

Vive la Kabylie libre et indépendante,
Muhand-Wamar Hachim

SIWEL 052220 Oct 17 UTC

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