COMMUNIQUE (SIWEL) — Suite à la multiplication de l’action répressive et intimidante du pouvoir algérien à l’égard des militants du MAK-Anavad et à l’entêtement des autorités algériennes à vouloir laisser mourir le Dr Fekhar, la confédération MAK-Anavad de Bouzeguene publie le communiqué suivant.

 

Notre identité kabyle en particulier et amazighe en général, qu’elle soit noble ou ignoble aux yeux de ceux qui la regardent de travers, demeure l’ossature de notre combat, notre façon de voir et d’aller à la rencontre du monde, notre incapacité ou notre force de le comprendre, de l’aimer, de l’affronter et de le changer. Elle demeure une extension de nous-mêmes. Le clonage identitaire et l’assimilation n’ont jamais libéré et la pensée et la réflexion. Ils n’ont fait qu’inoculer l’effacement et la négation de soi.

Le pouvoir des mots n’a jamais glorifié le cri de ceux qui souffrent en silence dans les sous-sols de l’Algérie colonialiste, le marasme des cœurs brisés qui ont le seul déshonneur d’avoir embrassé la liberté et apporté l’espoir comme nouvelle foi dans ce système rouillé qui emprisonne la beauté et la liberté.

Pour que les temps bavardes ne les oublient pas, le 31 janvier dernier, un rassemblement a été organisé devant le portail de Hasnaoua pour dénoncer encore et encore les multiples arrestations ordonnées par les lutins du pourvoir. Depuis des mois, des militants des droits de l’homme tels que : Kamel-Eddine Fekhar et ses codétenus ; Imad Belaïd qui s’est vu infliger une peine de 6 mois pour avoir exprimé ouvertement son appartenance et son rejet de l’Algérie corrompue et usurpée ; Slimane Bouhafs et le jeune emprisonné pour avoir brandi le drapeau kabyle pendant que le drapeau algérien flotte sur la corruption de l’Algérie d’aujourd’hui…

Atteinte à l’islam, dit-on ? Pourquoi la classe ministérielle, marionnettes du régime, y compris les islamistes, n’ont pas condamné le viol des lieux sacrés et n’ont pas dénoncé l’arrestation arbitraire de Kamal-Eddine Fekhar qui se trouvait sur les lieux pour accomplir ses devoirs et prier dans la sérénité ? L’islam ne condamne-t-il pas toute ségrégation, hypocrisie ? Berbère, dit-on ? Le musulman ne doit-il pas passer outre les considérations ethniques, les classes sociales et les origines ? N’a-t-il pas enseigné les grandes valeurs morales et humaines dont jouissent les autres peuples ?

La Justice en Algérie est un ring d’intérêt où les juges et les magistrats exécutent aveuglement les lois et les décisions de leurs patrons. Confinés dans la haine de soi, ils n’ont que du mépris pour tout ce qui représente la liberté : économique, de penser, de faire, d’étudier et même celle de la foi. Et depuis que les rues confectionnent des docteurs spécialistes de la métaphysique, Dieu est devenu un mot, la foi un ordre. « Le crime de penser n’entraîne pas la mort. Le crime de penser est la mort. Maintenant qu’il est reconnu comme mort, il [devient] important de rester vivant aussi longtemps que possible. » Le temps rebrousse chemin et nous (re)vivons « 1984 » version Orwell.

La pensée du régime algérien, distribuée sous forme de recette de cuisine pour les gens qui ont le cerveau à la limite du coccyx, ne fait que renfermer l’âme dans les tombeaux de l’obscurantisme… À titre de rappel, l’Afrique du Nord baigne encore dans les traditions judéo-chrétiennes malgré l’islam qui berce les actes quotidiens. La question reste posée : a-t-on mis en prison le jeune chrétien pour avoir choisi le christianisme, abandonné la religion de l’État ou, sans doute, pour avoir choisi la liberté de culte et s’est mis sur la Voie et écouter la voix qui parle à son âme et son cœur ? L’islam, le christianisme et le judaïsme peuvent pourtant cohabiter ensemble si Dieu est au-dessus de leurs comptes bancaires…

Le journalisme, dans l’Algérie en particulier et le monde entier en général, est devenu un travail salarial et des comptes rendus à un patron qui, tel un boss, oriente l’information et fabrique l’opinion en fonction de ses intérêts, son idéologie et l’orientation de ses investissements et investisseurs. Depuis que l’argent sale a pris le pouvoir et le monopole, depuis que l’argent domine la pensée et la réfection politique (dans son objectivité), scientifique, sociale, culturelle et économique, le journaliste est devenu un peintre qui joue avec l’encre noir dans le seul objectif de noircir des feuilles blanches et effacer avec sa gomme silencieuse le cri de la liberté.

Comme d’habitude, fidèle à ses pratiques mesquines, à chaque manifestation, les lutins du pouvoir procèdent à des arrestations arbitraires, tantôt visées, tantôt à l’aveuglette, pour mieux imposer sa bassesse sur les ailes de la liberté qui, dans son envol, embrasse de plus en plus les cœurs de ceux et celles qui souhaitent un nouveau soleil dans le ciel de l’Algérie. Y-a-t-il de l’injustice dans les actes justes des enfants rejetés par votre « Algérie » ? Je ne crois pas même si notre liberté est sentie comme une menace à vos intérêts, vos biens et l’avenir de vos enfants bâti sur la misère et le désarroi du peuple ?

Au nom de la coordination du MAK-Anavad (Bouzeguène), nous dénonçons tous ces actes infâmes et ces arrestations arbitraires dont sont victimes les détenus de l’opinion. Nous dénonçons toute l’injustice et les interrogatoires que les militants de la Liberté subissent dans les locaux de l’insécurité…

Nous dénonçons fermement le silence de la Ligue des droits de l’homme et ceux qui ne cessent de financer, aider, protéger et cautionner le crime contre la liberté dans une Algérie où l’insulte et la honte, l’injustice et le mépris sont devenus monnaie courante des décideurs.

Nous saluons aussi l’action de solidarité entamée par des femmes M’zabes qui, malgré les temps rudes, observent un jeûne illimité, jusqu’à la libération de tous les détenus M’zabs. Ces femmes donnent, ainsi, une bonne leçon de combat pacifique, un courage sans mesure, notamment aux M’zabs qui – jusqu’à présent – n’arrivent pas à trouver de moyens pour organiser des mouvements de protestations pacifiques après que les principaux militants aient été incarcérés ou contraints à l’exil ou au silence.

Vive la Kabylie libre et indépendante !

Zahir M., président de la confédération
MAK-Anavad Bouzeguene

SIWEL 052141 JAN 17

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