AT DWALA (SIWEL) — En hommage à l’illustre Amusnaw kabyle, Mouloud Mammeri, « officiellement » décédé dans un accident de la route, le 26 février 1989, la Confédération d’At Dwala du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, organise un meeting populaire sous le slogan  » Dda Lmulud yerẓa asalu, nekni deg-uvrid-is ad neddu » (Mouloud Mammeri a ouvert la voie, et nous, nous poursuivrons dans cette voie ». Le meeting aura lieu le samedi 28 février à At Dwala centre à 11h30.

 

En hommage à Mouloud Mammeri, digne héritier des imusnawen qui ont transmis génération après générations le savoir et la culture ancestrale, la coordination MAK d’At Dwala organise un meeting à At Dwala.

Reprenant la célèbre citation de l’intellectuel kabyle, écrivain, poète, anthropologue et linguiste berbérisant :
« …Quel que soit le point de la course où le terme m’atteindra, je partirai avec la certitude chevillée que, quelque soient les obstacles que l’histoire lui apportera, c’est dans le sens de sa libération que mon peuple – et avec lui les autres – ira. L’ignorance, les préjugés, l’inculture peuvent un instant entraver ce libre mouvement, mais il est sûr que le jour inévitablement viendra où l’on distin-guera la vérité de ses faux semblants ». , la Confédaration MAK d’AT Dwala organise ce meeting sous le slogan Dda Lmulud yerẓa asalu, nekni deg-uvrid-is ad neddu.

Voici ci-dessous l’affiche que vous trouverez également en pièce-jointe pour éventuelle impression et diffusion, en fin d’article.

QUI EST MOULOUD MAMMERI

Mouloud Mammeri (Dda Lmulud At Maâmmer) est né le 28 décembre 1917 à At Yanni, dans un village de haute Kabylie. Son père était l’amin du village, la plus haute autorité du village, (équivalent, dans la structure sociale kabyle, du maire). Le petit Mouloud grandit au milieu des sages du village, ceux que l’on appelle les « artisans du verbe », détenteurs du savoir ancestral et du verbe poétique. Mouloud entre ensuite à l’école française, il fait ses études primaires dans son village natal, ses études secondaires au Maroc, et ses études supérieures à Alger et à Paris au Lycée Louis le Grand. Puis, il réussit avec succès le concours du professorat de lettres classiques à Paris.

Mouloud Mammeri est mobilisé en 1939. Libéré en octobre 1940, il est à nouveau mobilisé en 1942 après le débarquement américain. Il participe ainsi aux campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne. En pleine guerre d’Algérie, en septembre 1957, Mouloud Mammeri met sa plume au service de la délégation extérieur du F.L.N et rédige sous le nom d’emprunt de « Kaddour » un texte adressé à l’Organisation des Nations Unies.

Mouloud Mammeri écrit son premier roman en 1952 : La Colline oubliée. Si l’œuvre est unanimement cueillie par des critiques littéraires positive au point que le roman obtient le prix des quatre jurés, les messalistes, garants de l’« usurpation identitaire en construction », tenants d’un arabisme agressif et profondément raciste, l’élite littéraire arabisante du PPA-MTLD attaque violemment le romancier kabyle en raison de la dimension kabyle de son roman. Voir à ce propos l’excellent l’article de Hend Sadi, « Mouloud Mammeri ou la Colline emblématique ».

Au cours de sa vie professionnelle, Mouloud Mammeri a été professeur de l’enseignement secondaire et supérieur, directeur du Centre de Recherche Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnologiques du Musée du Bardo à Alger. Il est le premier (et éphémère) président de l’Union des Ecrivains Algériens avant de quitter cette institution pour cause de "divergence" idéologique.

Jusqu’en 1973, Mouloud Mammeri dispensera clandestinement des cours de langue amazighe à une pléiade de jeunes militants et intellectuels kabyles, dont Salem Chaker, Ferhat Mehenni, Hend Sadi, Mustapha Benkhemou, Masin U Harun et bien d’autres encore. L’école clandestine de Mammeri constituera une véritable pépinière du militantisme kabyle

En 1980, l’interdiction de sa conférence à Tizi-Ouzou sur son dernier ouvrage intitulé « Poèmes kabyles anciens sera la brindille de trop qui déclenchera cet immense incendie dans le cœur des kabyles: Le printemps amazigh de 1980 qui déclenchera les premières manifestations publiques sous le parti unique du FLN qui appliquait une arabisation agressive et une répression féroce contre les "récalcitrants" à la dépersonalisation

A la suite du printemps amazigh de 1980, Mouloud Mammeri s’investi plus que jamais dans la recherche universitaire berbérisante. En 1982, il fonde à Paris le CERAM (Centre d’Études et de Recherches Amazighes ainsi que la célèbre revue AWAL, et redonne la parole (Awal justement) aux amazighs muselés dans leurs propres pays. Mammeri animait également au sein de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, à Paris, un séminaire sur la langue et la littérature amazighes et donnait de nombreuses conférences.

Ses recherches et ses travaux, sur l’ensemble des peuples et des territoires amazighs ont permis de produire et de récolter une documentation importante pour le développement de la langue et de la littérature amazighes. Pour combler les lacunes ou les trop nombreux emprunts exogène de la langue kabyle, Mammeri ira par exemple puiser dans le vocabulaire Tamasheq, beaucoup mieux préservé en raison de la localisation géographique des Touaregs, beaucoup moins exposés aux invasions étrangères. Seuls les touaregs ont d’ailleurs pu conserver l’usage effectif des Tifinagh. les Amazighs du Nord en avaient totalement perdu l’usage et la signification. Ils ne savaient même plus qu’ils avaient eu un alphabet qui figure parmi les premiers alphabet de l’histoire de l’humanité.

En 1988, Mouloud Mammeri reçoit le titre de « Docteur Honoris Causa » à l’Université de la Sorbonne, à Paris. Avant sa mort, il accorde un long entretien à Tahar DJAOUT sur l’écriture comme espace identitaire.

Écrivain et chercheur engagé en faveur de la renaissance kabyle et amazighe, Mouloud Mammeri meurt brutalement dans un « accident de voiture », le 26 février 1989, alors qu’il rentrait d’une conférence, donnée au Maroc. L’autopsie « officielle » fait état d’un arbre qui serait tombé sur sa voiture, à la veille de l’ouverture dite démocratique en Algérie. L’écrasante majorité des kabyles ne croient toujours pas à la thèse de la mort « accidentelle » de Mouloud Mammeri.

Ses funérailles, grandioses, constituent une grande première en Algérie. Plus de 200 000 personnes l’accompagnent à sa dernière demeure, dans son village natal perché sur les hauteurs de Kabylie. « La colline oubliée » est noire de monde : jeunes et vieux, hommes et femmes assistent à la cérémonie funéraire alors que les femmes, selon le code musulman, n’ont pas le droit d’être présentes aux enterrements ; une autre première en Algérie, venue tout droit de Kabylie….

Malgré sa mort « prématurée » et « accidentelle » Mouloud Mammeri aura tout de même laissé aux générations futures, de quoi largement reconstituer le puzzle de cette identité brisée, niée et méprisée sur son propre territoire.

En effet, Mouloud Mammeri est l’auteur de plusieurs œuvres littéraires et scientifiques. A l’âge d’à peine 19 ans, il écrit l’un de ses tous premiers articles sur la société Berbère. L’article est publié à Rabat dans la revue « Aguedal » n° 5 et 6 en 1938 et n° 7 en 1939. Il est d’un intérêt particulier pour les kabyles d’aujourd’hui dans le sens où il explique pourquoi les sociétés berbères n’ont jamais constitué d’Etat. (Cet article fera l’objet une autre et très prochaine publication)

Les œuvres de Mouloud Mammeri

Romans :
La Colline oubliée, Paris, Plon, 1952; Prix des quatre jurys,
Le Sommeil du juste, Paris, Plon, 1955,
L’Opium et le bâton, Paris, Plon, 1965,
La Traversée, Paris, Plon, 1982.

Pièces de théâtre :
Le Banquet, précédé de La Mort absurde des Aztèques, Paris, librairie Académique Perrin, 1973,
Le Foehn ou la Preuve par neuf, Paris, Publisud, 1982
La Cité du soleil, sortie en trois tableaux, Alger, 1987,

Laphomic, M. Mammeri : Entretien avec Tahar Djaout, pp. 62-94.

Nouvelle :
Ameur des arcades et l’ordre, Paris, 1953, Plon,
Le Zèbre, Preuves, Paris, N° 76, Juin 1957, pp. 33-67.
La Meute, Europe, Paris, N° 567-568, Juillet-Août 1976.
L’Hibiscus, Montréal, 1985, Dérives N° 49, pp. 67-80.
Le Désert atavique, Paris, 1981, quotidien Le Monde du 16 août 1981.
Ténéré atavique, Paris, 1983, revue Autrement N° 5.
Escales, Paris, 1991, La Découverte

Recueils de contes, traduction et critique littéraire :
Les Isefra de Si Mohand ou M’hand, texte berbère et traduction, Paris, Maspero, 1969,
Poèmes kabyles anciens, textes berbères et français, Paris, Maspero, 1980
L‘Ahellil du Gourara, recueil de chants religieux en berbère du sud algérien Paris, , Maspéro, 1982
Yenna-yas Ccix Muhand, Alger, Laphomic, 1989.
Machaho, contes berbères de Kabylie, Paris, Bordas.
Tellem chaho, contes berbères de Kabylie, Paris, Bordas, 1980.

Grammaire et linguistique :
Tajerrumt n tmazigt (tantala taqbaylit), Précis de grammaire berbère (en berbère),Paris, Maspero, 1976.
Précis de grammaire berbère, Paris, Awal, 1988
Lexique français-touareg, en collaboration avec J.M. Cortade, Paris, Arts et métiers graphiques, 1967.
Amawal (Dictionnaire) Tamazigt-Français et Français-Tamazigt, Imedyazen, Paris, 1980.
Awal , cahiers d’études berbères, sous la direction de M. Mammeri, 1985-1989, Paris, Awal

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SIWEL 111158 FEV 15

PS: en pièce jointe l’appel de la Confédération MAK d’At Dwala

appel__mak_meeting_at_dwala_28_02_14.pdf APPEL _MAK_MEETING AT-DWALA_28.02.14.pdf

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