NEW YORK (SIWEL) — Le secrétaire général adjoint aux droits de l’homme des Nations Unies, M. Simonovic, a estimé le mardi 21 octobre, que l’offensive des djihadistes de l’EI contre les Yézidie en Irak « pourrait » constituer une « tentative de génocide ». M. Simonovic a ajouté que « Les atrocités perpétrées par les combattants (sic) du groupe djihadiste au cours des quatre derniers mois « peuvent être » considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». L’usage du conditionnel, « pourrait constituer une tentative de génocide », dans la bouche de ce responsable aux droits de l’homme de l’ONU, est aussi malheureux que le retard mis à énoncer une évidence, constatée de visu par le monde entier, depuis déjà un bon moment.

 

La « Convention pour la prévention et la répression du génocide » adoptée par l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU) en 1948 définit le génocide comme « des actes commis dans l’intention de détruire, tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Dans ce cas, pour les Yézidie, la dimension religieuse est évidente, et c’est le secrétaire général adjoint aux droits de l’homme des Nations Unies, M. Simonovic, qui l’affirme lui-même :« il existe des preuves selon lesquelles les membres de l’EI ont affiché leur volonté de les exterminer s’ils refusaient de se convertir à l’islam». . Il convient néanmoins de préciser que l’EI n’a pas seulement « affiché sa volonté de » … mais il est bel et bien passé à l’acte, massacrant des milliers de Yézidis.

Cela n’a pourtant pas empêche M. Simonovic de mettre toutes ses phrases au conditionnel : l’offensive des djihadistes de l’Etat islamique (EI) contre la minorité Yézidie en Irak « pourrait » constituer une « tentative de génocide »…. Les atrocités perpétrées par les combattants (sic !) du groupe djihadiste au cours des quatre derniers mois « peuvent être » considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité »…. Il est tout de même sidérant de voir que les « terroristes » sont donc des « combattants » et leurs atrocités, pourtant bien mentionnées comme telles, « pourraient» constituer une «tentative de génocide»…ce qui veut donc dire que n’est pas certain que ce soit le cas mais qu’il se pourrait bien que…

« Les éléments dont nous disposons nous laissent penser que les attaques contre les yézidis en Irak pourraient relever du génocide. » Ce sont les mots que le secrétaire général adjoint aux droits de l’homme de l’ONU a prononcé à son retour mardi 21 octobre d’une semaine en Irak. Pour se défendre de l’emploi d’un ton conditionnel qui en a choqué plus d’un, Ivan Simonovic a affirmé que le rôle de qualifier les atrocités commises par l’Etat islamique revient à la Cour pénale internationale et non à l’ONU.

Son rôle, à l’ONU, a-t-il dit, est d’informer et d’alerter. C’est pour cela qu’il se contente de parler de « tentative de génocide » même s’il explique son propos avec des exemples affirmatifs : « des milliers de Yézidis ont été tués, certains enterrés vivants, ou réduits en esclavage. Les combattants de l’EI, qui ont progressé ces vingt-quatre dernières heures en direction des monts Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak, ne laissent d’autre choix aux membres de cette minorité religieuse kurdophone que de se convertir à l’islam ou d’être tués. »…soit !

L’argumentaire est donc parfaitement clair ! Alors à quoi sert l’ONU, si elle énonce des évidences, constatées depuis belle lurettes, mais qu’elle ne prend ni position, ni ne se "permet" de juger des faits aussi graves ?

L’ONU ne peut pas se contenter d’informer ou d’alerter sur des faits, du reste très largement connus du monde entier. Ce qui est attendu de l’ONU, c’est qu’elle prenne des positions claires, nette et précises, au lieu de se contenter d’être la "caisse enregistreuse" des puissances occidentales dont tout le monde sait le grand rôle qu’elles ont joué dans les drames qui s’abattent sur ces peuples, rien que par leurs amitiés malsaines avec certains Etats, dont la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar

Toutes les informations rapportées, par l’ensemble de la presse, comme par les témoignages recueillis auprès des rescapés de l’assaut des terroristes de l’EI sur le mont Sinjar, rapportent que des milliers de Yézidies, kurdes non musulmans, sont considérée par le Daech comme une « secte adoratrice du diable ». C’est à ce titre, qu’ils ont été égorgés, exécutés, enterrés vivants ou encore réduits en esclavage. Les femmes, y compris les très jeunes filles, ont été réduites à l’esclavage sexuel, « données » comme butin de guerre à des combattants djihadistes, ou bien elles ont été vendues comme du bétail dans les marchés des villes tenues par l’Etat islamique. Quant aux jeunes garçons, ils ont été soit réduit en esclavage, soit ils ont été « pris en charge » dans des écoles coraniques pour en faire de futurs Djihadistes…qui iront ensuite massacrer leur propre peuple.

Pour l’ONU, comme pour le monde entier, il ne s’agit même plus de condamner, il s’agit d’agir … et d’agir vite !

Fort heureusement pour les Yézidis, les Kurdes n’ont pas attendus une quelconque approbation de la communauté internationale, ou une décision de la CPI pour juger si oui ou non il s’agit d’un génocide. Ils ont immédiatement volé au secours des Yézidis alors qu’ils sont eux-mêmes sous la menace du même ennemi et qu’ils sont loin de disposer des mêmes moyens que cette coalition des plus grandes puissances militaires du monde qui se sont contentées d’observer…

En effet, en août dernier, au moment où des milliers de terroristes du Daech se sont déversés sur les Yézidis, des dizaines de camions venus du kurdistan irakien et syrien sont allé chercher les milliers de civils de cette minorité prise au piège par l’Etat islamique dans les montagnes de Sinjar. Les camions empruntaient un corridor ouvert à travers champs par les combattantes et les combattants kurdes du PYD, la branche kurde syrienne du PKK, en Turquie. En plein territoire occupé par les terroristes de l’EI, les combattant(e)s kurdes ont réussi à sécuriser un couloir d’une dizaine de kilomètres de large, créant un corridor pour le sauvetage de près de 70 000 Yézidis.

L’opération d’évacuation des populations a duré dix jours et elle a été menée de bout en bout les combattant(e)s (e) kurdes de Syrie, d’Irak et de Turquie. Tout est dans le courage, la détermination et la sincérité du combat qui est mené. Les forces irakiennes ont pris la fuite et ont abandonné Mossoul aux Djihadistes en l’espace de 3h de combats et si ce n’était les peshmerga kurdes, le barrage de Mossoul serait aujourd’hui encore entre les mains des djihadistes. Les Kurdes font preuve d’une réelle détermination à combattre l’EI et à protéger les populations civiles. Ils sont venus de la Syrie voisine, prêter main forte à leurs frères d’Irak (peshmerga) et de Turquie (PKK) pour sauver les Yézidis.

A ce jour, après plus d’un mois de combats acharnés, et dans un rapport de force totalement disproportionné, Kobanê n’est toujours pas tombé entre les mains de Djihadistes! Ils y a ceux qui luttent contre le monstre islamiste et ils y a ceux qui font semblant de le combattre tout en le nourrissant…copieusement !

mi
SIWEL 221754 OCT 14

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