L’HISTOIRE NE SOURIT QU’AUX AUDACIEUX

KABYLIE (SIWEL) — Aujourd’hui et à l’occasion du double anniversaire du printemps berbère (en vérité printemps kabyle) et du printemps noir, il est bon de faire une halte et de se poser les bonnes questions afin de situer les vrais enjeux quant à l’avenir de cette Kabylie au cœur de toutes les tourmentes. En effet, poser les   questions qu’il faut et au moment qu’il faut aidera plus d’un à voir plus clair pour pouvoir dégager la voie salutaire à même de tirer tout un peuple des méandres des incertitudes.  Et comme toute question ne peut être que le résultat d’un constat, il est bon de noter d’emblée que bon nombre de nos frères kabyles ont déjà fait leur choix : celui de l’indépendance de la Kabylie. La démonstration de force faite par les indépendantistes à Paris en est une preuve irréfutable. Nul besoin de revenir sur cet événement historique tant les images, les échos, et la magistrale intervention du président du GPK sont implacables ! Pour d’aucun la locomotive pour un «  autre demain »  pour cette Kabylie est désormais en marche. Dés lors on peut s’interroger sur la portée de cet élan et pourquoi il est tant redouté par une bonne partie de l’élite kabyle ?

Le mouvement du MAK est le produit pur du printemps noir. Face au drame que subissait la Kabylie et face à la barbarie qui s’est déferlée sur elle et dans l’urgence fut né le mouvement des aarchs. Le mérite de cette organisation (qui reposait sur la structure ancestrale de la Kabylie) est qu’elle a pu unifier tous les rangs kabyles et surtout mettre  fin à l’effusion de sang donc à sauver des vies. En cela son mérite est grand ! Cependant cette structure avait ses limites car au lieu de donner une portée politique à son action, elle s’est contenté  des revendications à caractères sociaux (la plate forme d’El kseur  en est l’expression). Prêchant par générosité (à la limite de la naïveté) l’organisation du mouvement citoyen n’a pas su se démarquer de cette algérianité qui pourtant écrasait toute identité kabyle autonome. Dés lors, le pouvoir à su l’avoir à l’usure. Son sort était alors scellé, la structure mourra de sa belle mort sans rien obtenir de concret (sur le plan politique) à cette Kabylie.

En parallèle, naissait un autre mouvement inédit jusqu’à lors dans la sphère politique de la Kabylie : c’est le mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (qui a évolué pour devenir maintenant le mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) sous l’impulsion d’un homme : Monsieur Ferhat Mhenni.  A la différence de la structure des aarch, ce mouvement annonçait dés le départ la couleur : il est éminemment politique, son but est de défendre la Kabylie et uniquement la Kabylie. Un tabou venait  de tomber ! Désormais des hommes politiques kabyles pouvaient parler uniquement de leur « Kabylité » , de leur Kabylie sans se référer à cette Algérie qui a bouffé tant d’énergies, tant d’efforts à toutes les élites kabyle depuis le mouvement national à ce jour sans rien obtenir en retour. Pour le MAK, il n’est plus question de se sacrifier pour les autres. La priorité des priorités est cette Kabylie et l’unique horizon pour lui est l’avenir de cette Kabylie. Il a fallu 128 morts, et quelques 6000 blessés pour que la  conscience kabyle se réveil et quelle puisse se regarder  en face et se demander : jusqu‘à quand  la Kabylie continuera à se sacrifier pour les autres eu détriment de ses propres intérêts ? Le premier mérite du MAK est d’avoir osé franchir le rubican et décomplexer les kabyles par rapport à ce sujet. Et c’est déjà en soi une sacrée victoire.

A la vielle de ce double anniversaire des deux printemps,  sur les réseaux sociaux beaucoup  de nos frères kabyles adeptes de hirak  découvrent éberlués qu’aucune région de  cette Algérie ne célèbre avec eux ce double printemps.  Ce «  Khawa- khawa » tant chanté chaque vendredi et ce «  leqbayel el ahrar » dont ils sont affublés, pour mieux les enrober dans ces marches, s’avèrent n’être qu’un marché de dupes. Un de plus.

On ne construit pas sur des faux. On n’avance pas avec de faux concepts.  L’histoire retiendra que parmi les acteurs du 20 avril 1980, certains on pu évoluer et se mettre au diapason des exigences de la situation, d’autres par contre continuent à nourrir des pans entiers de notre jeunesse de faux espoirs (faire chuter le régime et construire une Algérie nouvelle, celle des droits et de la démocratie) ! Il va sans dire que de tous temps, les perdants sont toujours les assimilationnistes,  car l’histoire ne sourit qu’aux audacieux !

Que nos martyrs du printemps noirs dorment en paix, leur sacrifice ne saurait être vain et la meilleure façon de protéger leur mémoire c’est de concrétiser enfin ce rêve : la proclamation d’un état kabyle qui ne saurait tarder à venir. Des femmes et des hommes de bonne volonté y travail d’arche pied.

H@S
SIWEL 202145 AVR 21