TIZI-WEZZU (SIWEL) — Hier, la nomenklatura algérienne a procédé à l’inauguration d’une série de stèles à la mémoire de onze colonels Kabyles de la guerre d’indépendance algérienne. Il n’est pas anodin de rappeler que certains de ces héros kabyles de la guerre d’Algérie ont été assassinés par cette même nomenklatura, Abane Ramdane et Krim Belkacem en l’occurrence, tandis que la dépouille du plus célèbre d’entre eux, le colonel Amirouche, a été séquestrée durant des décennies dans les caves du «Commandement général de la Gendarmerie algérienne» … , par le « gardien de la révolution algérienne », Houari Boumedienne…

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’Etat algérien est doté d’un cynisme qui fait froid dans le dos et qui donne ici tout son sens à la célèbre expression de Kateb Yacine : «On nous tue et on nous rend hommage».

 

« L’hommage » a donc été mis en scène par le ministre algérien des Moudjahidines (Maquisards). Ce dernier était à la tête d’une forte délégation d’officiels algériens dont le wali (préfet) de Tizi-Ouzou, des « élus » locaux et une armada de représentants des autorités civiles et militaires algériennes. Les organisations étatiques satellites n’ont pas été en reste, à l’image de l’UGTA par exemple…

Bref, c’est toute la «famille révolutionnaire» algérienne qui s’est mobilisée pour rendre un « hommage » officiel et ostentatoire aux colonels kabyles, 53 ans après l’indépendance algérienne mais…sans le peuple kabyle, et précisément au moment où la Kabylie tourne ouvertement le dos à cette Algérie arabo-islamique… et c’est sans aucun doute ce qui motive cette soudaine et très officielle « reconnaissance algérienne » des colonels kabyles de la guerre d’Algérie.

Fidèle à la doctrine uniformisante de l’Etat algérien, le ministre algérien des « Moudjahidine » a officiellement dévoilé une série de stèles sculptées sur la base d’un modèle unique, en commençant par celle du « héro » qu’il a présenté comme étant le « cerveau des accords d’Évian », en l’occurrence le colonel Krim Belkacem. Inutile de préciser que l’assassinat de Krim Belkacem par l’Etat algérien, que le ministre représentait à cet «hommage», n’a à aucun moment été évoqué. Pareillement pour « l’architecte du Congrès de la Soummam » Abane Ramdane, qui a été assassiné en 1957 ( la stèle indique 1958 comme pour perpétuer la falsification de l’Histoire) durant un guet-apens tendu par l’ébauche du futur Etat algérien, autrement dit l’armée des frontières. Il n’a pas non plus été question d’évoquer la séquestration de la dépouille du colonel Amirouche dans les caves du « Commandement général de la Gendarmerie algérienne » …

Le ministre algérien des anciens maquisards ne manquera pas de préciser en revanche que «Ces héros de notre glorieuse révolution ne sont pas seulement des symboles pour la wilaya de Tizi-Ouzou mais ce sont des symboles pour l’Algérie entière», ajoutant qu’il faut les « faire connaître à notre jeunesse […] pour qu’ils les prennent en exemples »…Mais comme le précise un vieux proverbe kabyle « tikkelt kan i tettɛedday ghef wuccen ».

Enfin, précisons que quelques journalistes ont tout de même tenté de questionner le vaillant ministre algérien sur les cas extrêmement gênants de Krim, Abane et Amirouche, mais au lieu de répondre aux « questions qui fâchent », le vaillant « ministre algérien des Maquisards » a de suite pris la fuite pour aller rejoindre son QG d’Alger…

mel/wbw
SIWEL 071714 JUIL 15

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