DRAA LMIZAN (SIWEL) — Draâ el-Mizan a vécu un moment émouvant avec l’Association des familles des déportés en Nouvelle-Calédonie, communément appelés  » Les kabyles du pacifique ». En effet, ces kabyles ont été déportés en Nouvelle-Calédonie, distante de 22 000 km de leur Kabylie natale, par la France coloniale, après l’insurrection de 1871.

Le président de l’association, M. Belarbi, a rappelé que leurs ancêtres s’étaient soulevés après avoir reçu une missive de Cix Aheddad les appelant à l’insurrection contre les envahisseurs français. Après leur arrestation, ils furent condamnés et exilés en Nouvelle-Calédonie. Ils étaient 212 au total, dont 11 de Draâ el-Mizan. Ils ont été embarqués vers l’inconnu au bout d’un voyage qui dura du 2 septembre 1874 au 18 janvier 1875.

 

Aujourd’hui, les descendants de ces déportés, constitués en association, demandent une reconnaissance et une réhabilitation de la participation de leurs aïeux à ce haut fait d’armes et les faire reconnaître par l’histoire, ce qui ne leur a jamais été accordé à ce jour.

Rentrés sur la terre de leurs aïeux avec un "visa", les membres de cette association comptent écrire des lettres au président de la République algérienne et au ministre des anciens combattants de la guerre d’Algérie, pour demander la reconnaissance des ces oubliés de l’histoire, au même titre que ceux qui ont combattu la colonisation française après eux et de permettre à leurs descendants d’avoir un passeport algérien, ce qu’ils n’ont par ailleurs jamais obtenu, et de rentrer au pays de leurs ancêtres sans être soumis au visa, comme des étrangers.

Qui sont les Kabyles du Pacifique

Les Kabyles du Pacifique sont des Kabyles, hommes et femmes, déportés au bagne de Nouvelle-Calédonie pour avoir participé aux insurrections de 1870-71 en Kabylie. Arrêtés en 1871, leur procès a lieu à Constantine en 1873 pour 212 accusés. Leur condamnation ne règle pas leur sort pour autant. La plupart sont envoyés dans les geôles de la métropole, d’abord à Château-d’Oléron ou à Saint-Martin-de-Ré, puis ces dépôts devant fermer, ils sont transférés au fort de Quélern (près de Brest). Dans le même temps certains d’entre eux ont été laissés à Oran, ce qui embarrasse le gouverneur de l’Algérie qui pense même à les envoyer aux îles Marquises. Ils sont finalement envoyés au fort de Quélern, via Marseille. Un autre groupe, encore, partage à Thouars la peine des communards. Ils sont finalement tous envoyés en Nouvelle-Calédonie.

On a en fait peu de documents sur cette bannissement, hormis les documents militaires et pénitenciers. Seuls les témoignages de leurs compagnons de mésaventure que furent les communards ont permis d’éviter l’oubli auquel ils étaient voués. Alors que les communards déportés ont pu bénéficier d’une amnistie en 1879, les Kabyles du Pacifique restent exilés à des milliers de kilomètres de leur terre malgré les campagnes de sensibilisation de l’opinion française auxquelles participent les communards de retour à Paris.

Il existe à Nessadiou, au sud de Bourail, un lieu appelé usuellement « cimetière des Arabes », le cimetière de ces Kabyles du Pacifique dont on a même changé le nom, même après leur mort.

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