Le profil économique de la Kabylie : un fort potentiel qui n’attend qu’à être exploité

Le profil économique de la Kabylie

par Lafdal Zidane

Préambule

Cette contribution reprend le travail proposé par M. Bouaziz Ait Chebib dans son fascicule sur le développement économique durable de la Kabylie. Nous allons aborder d’une manière généraliste les différents piliers et les fondations sur lesquels pourra s’appuyer l’économie de la Kabylie indépendante. Les différents piliers rassemblés constituent le profil économique de la Kabylie.

Etat des lieux

Il n’est un secret pour personne que de savoir que le pouvoir colonial algérien œuvre pour un démantèlement méthodique de l’économie de la Kabylie. Il ne cesse de dévaloriser tous les potentiels économiques de Kabylie, à commencer par l’agriculture de montagne, de l’artisanat, et du commerce. Il a magistralement mis à l’écart la Kabylie du développement industriel. Il a organisé systématiquement la fuite des entreprises par le déploiement d’un terrorisme circonscrit à la Kabylie. En conclusion, Alger a réussi son plan machiavélique, celui d’instaurer un désert économique en Kabylie.

Nous avons une Kabylie riche, mais qui baigne dans une misère suffocante. La Kabylie est autonome dans sa misère programmée et dans ses malheurs, naturels ou provoqués, sans avoir le pouvoir de décision pour y faire face. Elle lutte toute seule contre une situation socio-économique des plus dramatiques qui conforte les décideurs algériens dans leurs plans machiavéliques. Ces derniers étant prêts à faire l’impossible pour amplifier le malheur du peuple kabyle. L’installation du terrorisme sur son territoire est sa dernière trouvaille en la matière. Avec un État central qui excelle dans le sabotage et le chantage économiques, des collectivités territoriales dépourvues de pouvoirs et ne disposant même pas d’une fiscalité locale propre, des entreprises endettées et fiscalement étouffées, le développement économique est une dangereuse chimère pour la Kabylie qui glisse de jour en jour dans une logique de désinvestissement.

Le secteur privé, est donc exclusivement kabyle, demeure le seul créateur d’emploi dans une région où le taux de chômage selon les chiffres officiels, dépasse les 30 % (touchant 54 % de sa population de moins de 30 ans), soit le double de la moyenne Algérienne. L’ANSEJ, désormais un fiasco, est un instrument politique qui transforme les chômeurs en chômeurs lourdement endettés. Alger bloque toute initiative susceptible de réaliser le développement économique de la région. Il est de notoriété publique que la Kabylie paye économiquement sa résistance à un régime qui la nie jusqu’à dans son existence. 

Pourquoi cette stratégie de sabotage d’Alger envers la Kabylie ?

Alger essaye de faire croire au peuple kabyle que la Kabylie n’est qu’un foyer de misère pour étouffer toutes tentatives d’émancipation. Pour appuyer cette idée, le plan machiavélique du pouvoir algérien s’applique méticuleusement à réunir toutes les conditions (marasme économique, corruption, terrorisme, banditisme, islamisme) pour que les Kabyles n’envisagent pas autrement leur survie, et celle de la Kabylie, que par une abdication pure et simple au dictat arabo-islamique d’un régime raciste, pour bénéficier de l’aumône de l’Etat-providence afin de ne pas mourir de faim.

Est-ce vrai que la Kabylie est un foyer de misère comme laisse croire Alger ?

La Kabylie n’a pas émergé de nulle part et encore moins à la suite de la découverte d’un gisement de gaz. Elle n’est pas non plus une création contemporaine résultant d’une quelconque prospérité réalisée grâce à la manne pétrolière. La Kabylie existe depuis la nuit des temps. Son existence multimillénaire n’a jamais été conditionnée par une quelconque richesse naturelle. Sa plus grande richesse réside d’abord et avant tout dans le génie de son peuple. Son organisation sociopolitique résolument laïque et démocratique, ses valeurs séculaires et son attachement viscéral à la liberté ont inspiré de grands penseurs.

À ce jour, la Kabylie n’a rien perdu de son authenticité, de sa culture de résistance et encore moins de sa détermination à se hisser au rang d’états nation, libre et indépendant, au sens moderne du terme. Ni la famine, ni la guerre, ni la répression, ni la politique d’arabisation, ni toutes les politiques de dépersonnalisations n’ont pu triompher du peuple kabyle.

Quelle est la solution pour sortir de ce désert économique imposé par Alger?

La solution réside dans la mobilisation de toutes les forces vives de la Kabylie afin de faire de la Kabylie un pôle d’excellence économique dans la région méditerranéenne. La solution consiste également à mettre en synergie toutes les intelligences dont dispose la Kabylie, les compétences formées par ses universités et les différents centres universitaires du monde. Le peuple kabyle devra par ailleurs, assainir, valoriser et exploiter les ressources naturelles dont dispose la Kabylie.

La Kabylie est en mesure de réaliser son développement par l’éducation, les investissements, l’accroissement de la sécurité, l’indépendance de la justice, l’encouragement de l’innovation via la recherche, la conciliation de son progrès économique et social avec la préservation de l’environnement.

La Kabylie devra accompagner son développement par une législation (travail, fiscalité, compétitivité, Attractivité, IDE, etc) moderne favorable à l’expansion et au développement économique aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Kabylie.

En conclusion, la solution est l’édification d’un État Kabyle souverain, libre et indépendant, doté de toutes ces institutions : (État (exécutif), Parlement (législateur), Justice (judiciaire), Banque, Monnaie, son trésor (fond souverain)).

1er Pilier : Le Capital humain, la première des richesses

Il n’est point de richesse que d’hommes et de femmes bien éduquées, bien instruites, et porteurs de projets structurants. C’est l’homme qui crée la richesse et non l’inverse. À quelques exceptions près (ex Norvège), tous les pays rentiers, regorgeant de ressources naturelles sont en sous-développement. Les Pays OPEP sont tous atteints par le syndrome de malédiction des hydrocarbures. Ils sont suspendus aux aléas de la bourse du baril. Les énergies fossiles vivent leurs dernières années.

La majorité des pays producteurs du gaz et du pétrole est en instance d’effondrement voir faillite irréversible. Toutes les richesses des pays développés sont le résultat des efforts fournis par leur capital humain respectifs. Dans les pays développés, le recrutement commence dès la maternelle. La prise en charge du capital humain commence dès la maternelle. La formation du capital humain se fait tout au long de la vie. Le capital humain doit se faire à base de citoyens responsable avec un esprit cartésien, doté d’un raisonnement pragmatique et rationnel, ou la primauté est à la raison loin des idéologies charlatanesques, rétrogrades et moyenâgeuses.

Le capital humain kabyle, vu ses valeurs ancestrales, devra être insensible à la corruption. Le capital humain kabyle redonnera tout son sens à l’adage « la personne qu’il faut à la place qu’il faut ». La diaspora kabyle qui fait les beaux jours de l’occident sera le bras droit et le cerveau droit du capital humain basé en Kabylie.

– Education

L’Éducation est une priorité nationale qui devra être inscrite dans la constitution pour échapper aux alternances gouvernementales et les conjonctures économiques difficiles. Le système éducatif kabyle devra s’inspirer des systèmes éducatifs les plus performants au monde (Singapore, Finlande, Canada, Suisse, les pays scandinaves) mais puisant ses sources des valeurs ancestrales kabyles. Les tendances actuelles dans les pays développés font que la maternelle commence dès 2 ans, l’école primaire dès 5 ans pendant 5 ans. Les durées des études aux collèges et aux Lycées sont respectivement 4 et 3 ans.

L’éducation doit se focaliser non seulement sur les compétences « Savoir faire » mais aussi sur les compétences comportementales « Savoir être ». L’éducation du capital humain doit être élargie au-delà des cursus techniques ou scientifiques, pour inclure des compétences expérimentales, de découvertes, artistiques, musicales, théâtrales, sportives individuelles et collectives, athlétiques, intellectuelles, etc…

La maitrise d’au minimum deux langues étrangères, en plus de la langue maternelle kabyle, doit être obligatoire. Ce n’est qu’avec toutes ces compétences réunies que le citoyen kabyle pourra faire face et affronter la mondialisation et défendre dignement et victorieusement les intérêts de la Kabylie.

– Enseignement Supérieur et Recherche

Les universités, les grandes écoles et tous les établissements de l’enseignement supérieur seront les gisements des ressources humaines kabyles. Les autorités de l’état kabyle y prêteront une attention des plus privilégiées. Tous les cadres de la nation kabyle qui prendront les destinées de l’état kabyle y seront le fruit de ces universités et de ces écoles.

L’enseignement supérieur kabyle devra s’inspirer de ce qui se fait de mieux dans le monde. La tendance mondiale voudrait que ces établissements soient dotés de semi-autonomies institutionnelles, mais qui restent propriétés de l’état Kabyle. Ils doivent être pourvus de budget triennaux globaux sans conditions, habilités à conclure des transactions et des contrats juridiques. Ils doivent être fer de lance de l’innovation et de la création des profils de carrières modernes. Ils doivent se constituer des pôles et des centres d’excellence. Les rapports entre chaque université et l’État kabyle devaient reposer sur des « accords contractuels sur les objectifs obligatoires entre les deux parties. Ces accords, soumis à renouvellement tous les trois ans, devaient couvrir la recherche et l’enseignement, les objectifs stratégiques, le « profil » de l’établissement, l’évaluation et les finalités sociétales d’ensemble. Ils doivent être le prolongement naturel de la société kabyle, dans toute sa diversité. À titre d’exemple, les entreprises peuvent installer des chaires dans ces établissements pour influer sur les cursus, les projets, et la formation de ces salariés. Ils doivent s’ouvrir sur le monde avec l’organisation des cursus internationaux, des diplômes conjoints et des accords bilatéraux avec les universités étrangères (échanges des enseignants, séminaires, colloques, jumelages des programmes et des recherches).

La recherche kabyle devra s’insérer dans les programmes de recherches internationaux, avec des équipes de recherches distribuées internationalement soumis avec des obligations de moyen et de résultats. Les départements de R&D des entreprises doivent être intégrés dans les établissements de recherche via des chaires installées dans ces centres. La recherche ne doit pas se contenter d’invention, mais aussi d’innovation qui est tout autant nécessaire que l’invention. Ces centres de recherche doivent être des tremplins pour de nouveaux entrepreneurs. Ils peuvent abriter des pépinières d’incubation, associées à des business angels et des capital riskers, dotés de boites à outils pour la création de nouvelles entreprises. Ils doivent être en mesure de dispenser des cours sur l’entrepreneuriat pour amplifier les chances de réussite dans de nouvelles aventures entrepreneuriales.

Les plus grosses entreprises mondiales d’aujourd’hui, tels Facebook, Google, Amazon, etc… , n’existaient pas vingt ans auparavant. Le secret de leurs réussites est d’avoir investi dans des secteurs non considérés par les grosses entreprises classiques. Il y a beaucoup de secteurs aujourd’hui qui ne sont pas encore mature et que tout reste à faire. Toutes les entreprises partent à des chances égales. La Kabylie doit se focaliser sur ces technologies d’avenir comme les TIC, les nanotechnologies, les bio technologies, le Big Data, la Cyber Sécurité, les énergies renouvelables, la robotique, la domotique, les objets connectés, les smart cities, etc…

– Formation continue tout au long de la vie

Dans un monde ou les technologies paraissent et disparaissent à une grande vitesse et ou l’espérance de vie ne cesse de s’allonger, afin de garder intacte son employabilité, il devient plus qu’impératif d’évoluer au diapason de ces transformations. La formation continue tout au long de la vie reste sans conteste la méthode la plus efficace pour y parvenir à préserver son employabilité.

La tripartite (autorités étatiques, les entreprises et les établissements de l’enseignement supérieur) doit travailler en permanence pour mettre en place toute la panoplie de moyens nécessaires ( législatif, financier, matériel, fiscal, etc…) pour rendre la formation tout au long de la vie un droit et un devoir indéniable pour tout citoyen ou salarié.

2eme Pilier : Agriculture

De tout temps, pendant des siècles et des siècles, la Kabylie était une terre agricole qui vivait dans l’autosuffisance. Le pouvoir Alger a tout fait pour saboter ce potentiel et déposséder la Kabylie de son vivier agricole. Le métier d’agriculteur est dévalorisé. Les capacités d’irrigation sont anéanties.

Les autorités de l’état kabyle, pour y remédier et réanimé les potentiels agricoles kabyles, instaureront une politique agricole globale en se basant sur les viabilités économiques, sociales, budgétaires et environnementales. Elles devront protéger les terres arables. Il y a urgence de restaurer également les moyens et les capacités d’irrigation (ruisseaux, rivières, canaux, sondages) dont disposaient jadis la Kabylie. Des machines agricoles mutualisées seront mises à disposition des agriculteurs kabyles qui en auront besoin. Le métier d’agriculteur doit être revalorisé en se professionnalisant avec des formations modernes et un réseautage sous la direction des chambres de commerces agricoles. Vu le caractère sensible et stratégique de l’agriculture, il y aura intensification des subventions en faveur des politiques et des initiatives agricoles pour l’autosuffisance en facilitant l’accès aux prêts bancaires.

L’agriculture kabyle devra en outre être en phase avec les politiques agricoles internationales pour se hisser à un haut niveau de compétitivité en adoptant des normes internationales en vigueur, de surcroît celles relatives au développement durable.

– Potentiel Agricole de la Kabylie

La Kabylie dispose de nombreuses potentialités agricoles diverses et variées. La terre kabyle est propice aux cultures de l’olivier, du figuier, du cerisier, aux cultures maraichères et céréalières. Elle est également propice à la culture de la pomme de terre et des légumes secs. La viticulture de toutes sortes est aussi féconde en terre kabyle aussi en raisin de table qu’en exportation vinicole.

Les terres arables kabyles s’étendent le long de la vallée des Issers, jusqu’à la plaine côtière d’Azzefoun en passant par la vallée de Sebaou. Le long du versant sud du Djurjura, les terres agricoles longent toute les plaines de Tuvirets et Imchedllen jusqu’aux plaines côtières Est de Vgayet en passant par la longiligne vallée de la Soummam.

La Kabylie constitue un réservoir agro-alimentaire très important que la plupart des régions d’Afrique du Nord lui envient. La production serait rapidement excédentaire et deviendrait exportatrice. Entretenue à bon escient, elle inondera le marché national kabyle, nord-africain et international de ses fruits, légumes, agrumes et céréales.

– La filière Oléicole

L’olivier, cet arbre emblématique de la Kabylie tant au niveau économique que culturel, est surtout cultivé pour la production d’huile d’olive (zzit uzemmur). L’huile d’olive de Kabylie est réputée pour être une des meilleures du bassin méditerranéen. L’huile d’olive de Tablazt est médaillée à l’exposition universelle de Bruxelles en 1910. Ses débouchés sont dans la consommation gastronomique, médecine traditionnelle, la médecine moderne et dans l’industrie cosmétique.

Au début du 20e siècle, rien que pour la région de Vgayet, on a évalué à plus de 2 millions le nombre d’oliviers. Environ 12 000 tonnes d’olives sont produites, donnant ainsi un élément d’activité économique à plus de 60 moulins à huile européens et plus de 3 000 moulins kabyles. En 1910, le port de Vgayet a exporté 5 227,6 tonnes d’huiles, la plupart achetées par les industriels de Provence, qui les revendaient sous les étiquettes les plus connues.

Cette filière mérite d’être modernisée, accompagnée par l’état kabyle, pour constituer une part importante pour l’exportation. Il y a urgence de réhabiliter les oliveraies existantes et de développer de nouvelles oliveraies. Il appartient au peuple kabyle de restaurer, de préserver et de perpétuer les pratiques rituelles de production ancestrales et leur renforcement par des techniques agronomiques modernes. Cette filière doit se professionnaliser avec la création des centres de centres de formations professionnels spécialisés et l’introduction de l’oléiculture dans la recherche appliquée dans les écoles d’agronomie. Les autorités kabyles devront mettre en place des dispositifs de soutiens à l’investissement dans ce secteur à promouvoir en avantages fiscaux, bonification des taux d’intérêt. Il y a lieu également de travailler sur labellisation du produit local surtout dans la perspective de son exportation.

La revalorisation et la professionnalisation de ce secteur passe par la constitution d’une base de renseignements pour l’agriculteur, l’investisseur et l’industriel. Le rayonnement de l’oléiculture en tant qu’activité génératrice de richesses sera un symbole, motif de fierté pour la Kabylie.

– Le figuier

Le Figuier, qui est le parallèle de l’olivier, fait partie intégrante de l’histoire kabyle. L’importance économique et nutritionnelle du figuier est bien connue, c’est une espèce qui a occupé une place de choix dans l’alimentation de nos ancêtres, car un kilogramme de figues sèches représente une valeur énergétique de 2750 Calories, ce qui équivaut approximativement aux besoins journaliers de l’homme.

L’activité figuicole demeure également une activité économique à part entière et nous incite à prendre des mesures urgentes quant à l’amélioration de la productivité : développement des Techniques culturales ; valorisation de toutes les variétés locales ; adaptation agro-climatique des variétés introduites ; amélioration de la caprification ; amélioration du suivi cultural. Recherche sur la diversification des produits dérivées de la figue (Figues sèches ; confitures, liqueurs, autres produits de consommation quotidienne, et même pharmaceutiques ; etc.)

– La filière laitière, fromages et autres dérivés

La Kabylie, l’un des plus grands bassins laitiers nord-africains, présente des opportunités d’investissements de haute importance. Le choix du groupe DANONE d’installer sa filiale à Akvu n’est pas fortuit. Il est mu par la disponibilité de la matière première qui n’arrête pas de croître en raison de l’augmentation du nombre d’éleveurs et du nombre de collecteurs. Une aubaine pour la création de PME dans le domaine des produits laitiers et de ses dérivés. L’essentiel des fromages vendus en Algérie sont produits par de nombreuses laiteries qui activent à Tizi. La laiterie Soummam est actuellement le premier producteur algérien de yaourt avec 42 % des parts de marché. La Kabylie peut aisément assurer son autosuffisance en produits laitiers tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif, en misant sur le potentiel local par la mise en place des moyens et des structures d’accompagnement nécessaire et une réelle prise en charge, notamment au plan scientifique et technique, des espèces bovines, caprines, et ovines.

L’État kabyle contribuera à dynamiser la production laitière en améliorant la collecte et en optimisant la transformation à travers des mesures incitatives comme :

  • L’élaboration et la mise en cohérence de politiques laitières ; augmentation de la part du budget de l’Etat attribué à l’élevage afin de garantir un contexte favorable au développement harmonieux de la filière lait.
  • La mise en place de mécanismes permettant de faciliter aux coopératives d’éleveurs et de transformateurs l’accès au crédit.
  • L’incitation à la création de petites industries laitières.
  • L’installation de réseaux de collecte dotés de matériel adéquat pour accroître la capacité de collecte de lait de qualité et l’aménagement de pistes stratégiques pour désenclaver les bassins de production.
  • L’amélioration de la distribution des produits laitiers en améliorant les conditions de transport des produits, et leur stockage avant la vente chez le grossiste ou le détaillant
  • Le recours à l’insémination artificielle comme une activité continue et non de campagne
  • La formation technologique des transformateurs, accès à l’équipement via un fonds d’appui technologique pour une meilleure transformation du lait.
  • L’élaboration d’outils de collectes de données et diffusion des résultats.
  • La création d’un organe d’orientation des bailleurs dans l’appui à la filière lait locale pour un développement harmonieux de la filière.
  • La promotion des produits laitiers locaux, sensibilisation du public sur le « consommer local ».

– Filière forestière

Il est urgent de procéder à la sécurisation des forêts contre les incendies, contre le sabotage, contre la déforestation organisés par le pouvoir colonial algérien. L’espace forestier kabyle est composé de forêts denses, sous-bois et maquis, véritable tapis végétal. La végétation est principalement de type méditerranéen avec des forêts de chêne-liège et cèdre de l’Atlas. Pour le chêne-liège, la Kabylie est la région qui possède les plus grandes forêts de cette essence sur la rive sud de la méditerranée. Les forêts de Kabylie sont essentiellement de 3 types :

  • La forêt méditerranéenne à feuilles persistantes dont les principales espèces sont le Chêne vert, le Chêne liège, le houx
  • La forêt méditerranéenne à feuilles caduques dont les principales espèces sont : l’Érable à feuilles obtuses, l’Érable de Montpellier, l’Érable champêtre, Prunus avium et le chêne zeen
  • La forêt méditerranéenne résineuse dont les principales espèces sont : le Cèdre de l’Atlas, le Pin noir, le pin d’Alep, l’If.

La réhabilitation et le développement de l’activité forestière implique quelques mesures comme :

  • Sauvegarde et protection du patrimoine existant
  • Réhabilitation et extension des subéraies
  • La réhabilitation de l’industrie du liège
  • Développement du tourisme forestier, randonnées, activités forestières
  • Valorisation des produits forestiers
  • Extension du patrimoine et protection des bassins versants.
  • Appui au développement des zones de montagne et promotion sociale des populations dans le cadre de programmes spéciaux

– Apiculture

Albert Einstein a démontré que le monde ne subsisterait pas quatre années après la disparition des abeilles. Les abeilles ont un rôle déterminant dans la Vie de l’Humanité. La Kabylie souhaite un développement harmonieux avec la nature et sera donc forcément soucieuse de préserver sa faune et sa flore. L’élevage des abeilles est une activité traditionnelle et séculaire en Kabylie. Cette activité constitue non seulement une source d’apport énergétique, le miel, et thérapeutique, la gelée royale, mais encore une source de revenus pour les agriculteurs.

L’apiculture qui a pris du retard sur les autres activités agricoles dans la région, pourrait être un atout majeur pour l’économie régionale. Il fut un temps aussi où la Kabylie était réputée pour son miel et fournissait l’essentiel de la cire de la vieille Europe. D’où le nom de Bougie donné pour l’actuelle Vgayet.

L’amélioration des rendements de différents produits de ruche à l’instar du miel, de la cire, du pollen, de la gelée royale ou du venin devrait ouvrir des perspectives dans nombre de filières agroalimentaires, pharmaceutiques ou cosmétiques. L’apiculture en Kabylie possède de réelles possibilités de se développer eu égard aux immenses potentialités qui ne demandent qu’à être exploitées.

L’État kabyle devra prendre certaines mesures adéquates comme :

  • Subventions conséquentes pour que chaque apiculteur puisse prendre soin de ses ruches et les traiter chaque fois qu’il sera nécessaire.
  • Assurer le suivi de la production et aider l’apiculteur tout au long de sa démarche.
  • Créer des centres de formation en apiculture, avec du personnel enseignant compétent, et offrir des cours gratuits sur les techniques modernes, mais aussi sur la prévention des maladies.
  • Création d’un laboratoire référentiel pour certifier la production nationale de miel et aider à son exportation.
  • Promotion du miel local pour contrecarrer la concurrence déloyale du miel importé, vendu à bon marché et dont la qualité laisse souvent à désirer.
  • Mettre sur pied d’un dispositif permettant la collaboration des apiculteurs avec les salons de beauté et d’esthétique, les hôpitaux et les firmes pharmaceutiques comme cela se fait à l’étranger, puisque la médecine, la forme et la beauté ont toujours eu besoin du miel et de ses dérivés.
  • Production d’hydromel « boisson des Dieux » ; alcool à base de miel

3eme Pilier : Pèche et ressources halieutiques 

La Kabylie dispose d’une façade maritime de plus de 300 km de long Tizi-Ouzou (85km), Béjaïa (100 km), une partie de Jijel (Ziama mansouria), une partie de Boumerdes (Cap Djinet, Dellys). La Kabyle dispose d’énormes potentialités halieutiques dans nos zones côtières

  • Tizi: 26.000 tonnes/ans, dont 12.000 tonnes  de poissons bleu, 14.000 tonnes de poisson blancs
  • Vgayet : 10.000 tonnes/an
  • Vumerdes : 16.000 T/an (Dellys, cap Ginet)

Les sites marins permettront aussi l’élevage intensif de plusieurs espèces telles que, la dorade, le Loup, la crevette, la carpe, le mulet. Il y’a également d’énormes opportunités d’investissement dans

  • l’industrie des conserves et de la salaison étroitement liée à la pêche au poisson bleu
  • l’industrie des farines et huiles de poisson traitant les déchets des usines et le surplus de la pêche (une installation par centre de pêche)

Ces ressources constituent un débouché facile et rémunérateur de ces produits en Europe. Les produits de la pêche et de l’aquaculture devraient constituer, par ailleurs, à l’avenir, un aliment de substitution, voire un refuge pour les familles nombreuses et celles à faibles revenus.

L’état kabyle devra entreprendre d’urgence la prise en charge des fonctions de :

  • Valorisation de transformation et de commercialisation de ces produits
  • Permettre le développement d’unités de transformation
  • Densifier et élargir le tissu agroalimentaire
  • La protection des fonds et la recherche de nouvelles zones chalutables
  • Développement conjoint de la pêche du poisson bleu
  • des installations portuaires
  • des industries de conserves et de farines
  • l’organisation du marché local, sous l’égide d’une administration stricte et avec l’aide d’un service scientifique
  • organisation de la sécurité des bateaux en mer (canots de sauvetage) ainsi qu’une recherche scientifique appliquée aux pêches et industries dérivées, l’investissement dans la formation
  • Organisation du tourisme maritime, estivale, croisières, transport des voyageurs, fret maritime
  • Développement des ports de plaisance
  • Développement des croisières méditerranéennes

La pêche qui ne joue qu’un rôle très secondaire dans l’économie kabyle en dépit de possibilités certaines, pourrait devenir une industrie florissante génératrice de richesses et d’emplois.

4eme Pilier : Tourisme

Le tourisme est un facteur de développement durable par excellence. Le tourisme est un secteur pluridimensionnel. La Kabylie est un espace attrayant d’une exceptionnelle beauté, ce qui lui vaut d’ailleurs pour l’anecdote le surnom de « la petite Suisse ».

Elle dispose en effet d’importantes potentialités touristiques d’une grande variété qui font d’elle une destination idéale, actuellement peu ou mal valorisée, voire laissée en jachère.

Elle renferme un potentiel naturel alternant entre un tourisme culturel (sites archéologiques et historiques), balnéaire (régions côtières) et climatique (région de montagnes) auquel il faut ajouter une richesse artisanale. C’est un immense gisement de pôles touristiques intégrant une infinité de variétés, un adjuvant aidant au décollage économique.

La Kabylie regorge des potentialités touristiques certaines, de par sa situation géographique privilégiée et de ses importantes ressources naturelles et touristiques : 

  • Une côte de plus de 300 km de longueur. De Dellys à Ziama
  • elle renferme près d’une centaine de plages paradisiaques. Le touriste ou le vacancier ne sera qu’émerveillé.
  • Sa côte sauvage et très escarpée est pratiquement inexploitée.
  • Le tourisme balnéaire avec des centaines de kilomètres de littoral vierge dont l’exploitation peut être prolongée par les opérateurs au-delà de la saison estivale par la promotion des sports aquatiques tels que la pêche sous-marine ou la voile, offre des possibilités d’investissement à même de booster la dynamique du tourisme en Kabylie

La Kabylie possède des zones protégées qui sont:

  • Le Parc national du Djurdjura
  • Le Parc national de Gouraya à l’ouest de Béjaia
  • Le Parc national de Taza sur la corniche kabyle entre Béjaïa et Jijel.

Ces trois parcs (254,2 km² soit 25420 hectares) ont même été classés réserve de biosphère mondiale par l’UNESCO, c’est-à-dire des zones modèles conciliant la conservation de la biodiversité et le développement durable. Ces parcs nationaux ne manquent pas d’attraits en ce sens qu’ils favorisent le tourisme écologique grâce à la richesse de la faune et de la flore ; leurs stations climatiques, leurs monuments naturels et les particularités de leur géologie, leur géomorphologie et leur réseau hydrographique. Ceci, en plus des possibilités de pratiques d’activités comme la spéléologie, les randonnées pédestres, le ski, l’alpinisme et autres sports de montagne.

Les différents sites et monument historiques existant à travers la Kabylie constituent un patrimoine d’une valeur inestimable dont l’exploitation correcte aura une retombée positive pour le développement de la région, à titre d’exemple :

  • Développement de la capacité hôtelière,  des maisons d’hôtes, des gites, des offices de tourisme, des circuits, des séjours à thème
  • La constitution de la géologie des sols a également marqué le relief superficiel et souterrain d’où l’apparition des gorges et des gouffres qui suscitent des visites de loisirs et des découvertes et un grand intérêt pour la recherche scientifique.
  • S’agissant du tourisme de santé (thermalisme), La Kabylie possède un potentiel de haute valeur constitué de sources de grande qualité : Sidi Yahia El Aidli dans la commune de Bouhamza, Sillal à Tifra et El Qirya à Adekar, Hammam El Bibans – Hammam Ibainan , Hammam Guergour et Hammam Ouadda, Hammam Ksana …. Ses sources thermiques sont régulièrement fréquentées par des dizaines de milliers de curistes qui viennent des quatre coins d’Algérie, pour leurs caractéristiques curatives confirmées par les scientifiques.

La Kabylie a tout pour attirer les touristes étrangers. Chaque destination a ses propres atouts, mais ce qui intéresse le plus un étranger, c’est l’authenticité. Le touriste est toujours habité par une curiosité touristique qu’il cherche à satisfaire par la découverte de faits culturels et sociologiques de lieux, d’objets naturels et qui n’ont pas été altérés par des artifices dénaturant. Le tourisme procure à plusieurs pays des rentes importantes, ce qui concourt au développement socio-économique. Le tourisme va constituer pour la Kabylie autonome un secteur alternatif aux ressources des hydrocarbures.

Le tourisme de la Kabylie connaîtra son essor par :

  • La valorisation du tourisme en le mettant au coeur de la politique du développement économique.
  • Le soutien étatique à la hauteur de l’importance de ce secteur stratégique.
  • La moralisation de l’activité en luttant contre des trabendistes qui courent derrière le gain facile
  • La mise en place de la stratégie touristique  avec des professionnels du métier.
  • Inculquer à la population une culture touristique valorisant le secteur
  • La formation des personnels de service
  • Le développement des voies et réseaux divers,
  • La préservation et l’entretien des éléments attractifs tels que les plages, les parcs et monuments historiques,
  • Le recensement du potentiel patrimonial matériel et immatériel afin de mettre en lumière le patrimoine archéologique et historique de la Kabylie.
  • La restauration et la protection des centaines de sites historiques et archéologiques que recèle la Kabylie.
  • La modernisation des infrastructures hôtelières
  • La création des zones d’extension touristiques ; la revalorisation de celles qui existent et leur exploitation de façon adéquate.

5eme Pilier : L’artisanat

La Kabylie se distingue par sa richesse liée à son héritage séculaire valorisé par une production artistique et artisanale en perpétuel mouvement. La production artisanale kabyle est riche de par sa diversité, son originalité et sa qualité. Elle recouvre 52 métiers portés par un important effectif d’artisans hautement qualifiés. L’artisanat kabyle, héritage d’une vieille civilisation, expression d’un peuple artiste qui s’exprime par la poterie, la bijouterie, le tissage, la sculpture, la vannerie, la peinture, la musique, la danse…

L’artisanat kabyle a joué un grand rôle économique et social. Il reste une source non-négligeable de revenus et continue à constituer pour la population un complément de ressource indispensable. L’artisanat kabyle est aujourd’hui menacé. La pénurie des matières premières, l’absence de soutien étatique, ont contribué à étouffer le marché de l’artisanat traditionnel. L’évolution technologique, l’apparition des métiers à référent industriel ont porté un coup funeste aux conceptions artisanales ancrées dans les foyers. Sa sauvegarde, sa réhabilitation et son intégration dans le processus de développement vont avoir des répercussions positives, entre autres :

  • participation à la stabilisation et la promotion des populations rurales par l’élargissement du marché local et la création d’emplois nouveaux avec de faibles investissements.
  • Un apport conséquent en devises à l’économie.
  • Sauvegarde et promotion du patrimoine culturel, ce qui va contribuer à l’extension de l’activité touristique.

Des actions de sauvegarde et de développement en faveur de cet art ancestral doivent être entreprises:

  • Création de musées des arts traditionnels
  • Collecter tous les éléments constitutifs de ces arts ancestraux, les valoriser et les transmettre aux générations futures.
  • Mettre le cap sur la formation afin de pérenniser cette activité séculaire et la développer par l’introduction de nouvelles techniques, afin d’enrichir et de diversifier davantage les produits locaux.
  • Assouplir les conditions de recrutement des formateurs pour assurer la relève des artisans- enseignants qui partent en retraite.
  • Promouvoir cette activité à la fois économique et culturelle, à travers une politique orientée vers l’exportation des produits kabyles comme le font si bien nos voisins marocains et tunisiens
  • Libérer les artisans et futurs artisans des contraintes bureaucratiques.
  • Accorder des avantages fiscaux et faciliter l’octroi de crédits pour moderniser les ateliers existants et en créer de nouveaux, compte-tenu du fait que chaque atelier fait vivre au moins six ou sept familles.
  • Multiplier l’organisation de salons d’artisanat, des expositions, des fêtes, etc. aussi bien ici en Kabylie qu’ailleurs.
  • Promouvoir de manière permanente le produit local pour faire face à la concurrence des produits étrangers qui inondent le marché algérien dans un contexte de mondialisation.
  • Encourager les artisans à s’organiser en coopérative pour conjuguer leurs efforts afin de relever les défis de la concurrence déloyale.

6eme Pilier : Attractivité culturelle et sportive

La Kabylie propose une attractivité culturelle étonnante qui sera le catalyseur de notre tourisme. La Kabylie doit être une terre vivante en termes d’arts, de célébrations et de festivités. Chacune des régions kabyles devra s’appuyer sur ses spécificités locales et sur ses talents pour organiser des évènements culturels qui rendraient vivants les territoires. Un évènement important (festival, semaine culturelle, rallye etc) permet de faire affluer des visiteurs sur un territoire donné. Le Festival Racont’Art rassemble chaque année, sur une semaine, des milliers de visiteurs dans les ruelles de Djemâa Serridj, « le village aux mille sources ». Ceci suppose un surcroît d’activité pour les transports, la location de voitures, les hôtels, les auberges, les différents commerces, les artisans, etc.

On peut citer encore la Fête des bijoux des Ath Yenni, ou encore le Festival de Djoua. Chaque village dispose de son lot d’artistes ou de sportifs en devenir et qui, faute de considération et de moyen d’épanouissement, perdent pied. Les autorités kabyles devront assumer au mieux leur rôle, auprès des jeunes notamment, en favorisant leur épanouissement. Toutes les potentialités créatives de la jeunesse kabyle doivent être exploitées afin de créer une dynamique culturelle. Il faut encourager la créativité et l’organisation évènements permettra de développer l’espace culturel kabyle, de le rendre fécond à nouveau. Attractif, il servira le tourisme kabyle tout comme celui-ci servira le croisement des cultures et donc la puissance créatrice.

Plus loin dans le temps, la Kabylie sera à même de proposer une industrie culturelle et sportive intéressante qui sera appelée à représenter honorablement le pays à l’échelle continentale et internationale.

7eme Pilier : Les ressources hydriques

L’eau est essentielle à la survie et au bien-être de l’homme. Elle est indispensable au fonctionnement de nombreux secteurs de l’économie. Il y a consensus sur le fait que l’eau devient une denrée rare, donc de plus en plus chère. Certains chercheurs et observateurs parlent déjà de « guerres de l’eau » à venir. Les futurs conflits qui opposeraient bien des pays comme la Turquie et l’Irak, l’Égypte et le Soudan, Israël et la Jordanie… seraient en rapport avec l’eau. L’eau est impliquée dans la plupart des industries. 15 % des consommations d’eau dans les pays développés concernent l’industrie. À titre de comparaison avec l’or noir, un Baril du pétrole (159 litres) coûte de nos jours 50 euros. Un pack d’eau de 9 litres vaut 3 euros environ. Donc, 159 litres d’eau coûtent 53 euros. Le prix d’or noir décline, alors que le prix de l’eau ne fera qu’augmenter. Les pays du golf sont, d’ores et déjà, importateurs d’eau.

L’énergie hydraulique produit 19 % de l’électricité mondiale et peut constituer une source de développement pour la Kabylie au vu de ses ressources en eaux déjà disponibles sous forme d’eaux souterraines (nappes phréatiques et profondes exploitées par des puits ou des forages) ou d’eaux de surface, retenues ou en écoulement (barrages, lacs et rivières).

Alger est alimentée en eau potable par le barrage de Taksebt. Sétif est alimentée par le barrage de Kherrat. Bordj Bou-Arreridj est alimentée par celui de Bouhamza. De par son relief, la Kabylie est un véritable réservoir d’eau. La Kabylie possède un bassin de réception des eaux qui va du majestueux Assif Agrioun (Kherrata-Souk-El Tenine) jusqu’à Tagdempt (embouchure du Sebaou à Dellys) en passant par le volumineux Isser. Soit une moyenne annuelle de 900 à 1 200 mm de pluies, un enneigement conséquent et assez constant. Les eaux superficielles susceptibles d’être mobilisées sur les cours d’eau sous forme de barrages et de retenues dépassent largement le volume de 2 milliards de m3. La mise en place d’un système d’emmagasinement et de stockage de ces milliards de m3 est vitale

Forte d’une pluviométrie abondante, de ses barrages hydrauliques – deux, sur les piémonts nord et sud du Djurdjura (Taksebt, à Tizi-Ouzou, et Tilesdit, à Bouira), un sur le piémont des Bibans (Tichy Haf, à Béjaïa) et le quatrième sur le moyen Isser (Koudiat Acerdoune, dans la daïra de Lakhdaria), la Kabylie a de quoi développer le secteur de l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire et l’énergie électrique. Il est de notoriété publique que l’essentiel de l’énergie électrique en Algérie est basée en Kabylie dont l’électricité va jusqu’au Maroc et en Tunisie.

Les ressources souterraines en eaux de la Kabylie sont énormes, pratiquement, dans chaque village kabyle, il y a une fontaine. Les hydrologues qualifient le Djurdjura de « château d’eau troué ». La Kabylie étant clairsemée de sources d’eau potable minérale et thermo-minérale susceptibles de permettre de produire et exporter une des meilleures eaux minérales répondant aux vertus thérapeutiques et aux normes gustatives internationales. Le leadership de « IFRI » sur le marché algérien et sa bonne position sur le marché international notamment en France, Canada, Grande-Bretagne, Dubai dénote la haute qualité des sources minérales que regorge la Kabylie. Cette terre généreuse ne demande qu’à être traitée avec respect et reconnaissance. Les industriels recherchent une ressource en eau sécurisée, d’une qualité irréprochable. C’est là une spécificité qui a fait gagner à Ifri , Toudja Ces groupes ont déjà été approchés par des géants étrangers de l’agroalimentaire pour des partenariats.

La préservation des ressources hydriques est un chantier vital pour gérer les ressources en eau de façon durable tout en satisfaisant une demande en constante augmentation. Le bon sens commande donc de prendre des mesures appropriées pour économiser l’eau, notamment par :

  • Une campagne de sensibilisation en direction du citoyen sur la nécessité d’économiser l’eau, à défaut d’en éviter les gaspillages domestiques.
  • L’encouragement de l’irrigation par aspersion qui permet, sans aucun aménagement du terroir cultivé, d’économiser 30 % à 50 % d’eau par rapport à l’irrigation gravitaire.
  • Sur le plan industriel, dans le cadre d’une démarche de non-pollution, l’incitation des industriels, d’investir dans la prévention par des réaménagements internes, des restructurations et par la séparation des réseaux d’assainissement, de recyclage et de réutilisation des eaux…
  • Des modifications du processus de fabrication et de procédés « propres », véritables innovations qui permettront d’assurer une meilleure gestion (économie de l’eau) et maîtrise de la pollution émise (réduction des flux polluants).

8eme Pilier : Les ressources minières

Le massif kabyle à Tizi contient d’importants gîtes des minerais. Parmi eux, on peut citer le Plomb, le Zinc, le Cuivre, la pyrite, Le Fer, le Baryum, L’Arsenic, l’Antimoine, le Mercure, le Nickel, l’Argent, l’Indium, le cadmium, la galène, le germanium, les terres rares.

Le pays kabyle recèle plusieurs gisements importants tels que le gypse, le calcaire, du sable, l’argile, de dolomie, des carrières d’agrégats, des gîtes pour la fabrication de ciments, des grès, du tuf.

Le sous-sol de la wilaya de Vgayet renferme d’important gisements de substances minérales, métalliques et non-métalliques dont, le gisement de polymétaux (Zn, Pb, Cd et Ag) à Amizour ; les gisements d’argile à R’mila, Tala Hamza et Boukhlifa ; les gisements de gypse et de la céléstine à Boudjellil ; le gisement de grès siliceux a T/IGHIL ; le gisement de calcaire a Ighil Ali

Une meilleure exploitation du gisement d’Amizour, le cinquième au monde par son importance, orientée vers l’exportation, sera d’un apport important pour booster l’économie kabyle. La consommation mondiale de zinc en 2004 a été de l’ordre de 10 millions de tonnes. Le zinc est l’un des métaux non-ferreux cotés à la bourse des métaux de Londres. Son prix au comptant, exprimé en $, est cyclique : entre 1994 et 2005, il a varié entre 725 $/t et 1 760 $/t. En 2006, il a dépassé les 3 000 $/t

La prospection minière doit faire l’objet d’un intérêt particulier pour déceler les trésors cachés en terre kabyle. Les pseudo-recherches réalisées dans ce domaine par l’État algérien n’ont aucun crédit dès lors que l’une de leurs vocations consiste à prouver à tort la pauvreté du sol kabyle pour inculquer un sentiment de vulnérabilité économique au peuple kabyle.

Selon les sources gouvernementales, il y aurait aussi de l’or en haute Kabylie. Le secteur de l’industrie et des mines offre une multitude de créneaux d’investissement dans la sous-traitance, les activités liées aux bâtiments et travaux publics ainsi que dans l’industrie de transformation en général et celle de l’exploitation minière.

9eme Pilier : Hydrocarbures

Nous n’avons pas beaucoup de données sur ces ressources, vu l’opacité entretenue par le pouvoir colonial envers tout ce qui est Kabyle. Néanmoins, il y’aurait également du pétrole et du gaz dans l’offshore au large de Vgayet. Un contrat d’exploration de gaz et de pétrole au large de Vgayet vient d’être signé entre Sonatrach, Eni, Exxon mobile et Anadarko. Vgayet dispose également d’un socle de compétences en matière de raffineries et le transport des hydrocarbures.

10eme Pilier : Energies Renouvelables

Si on compare la Kabylie à des pays ayant le même profil, à titre d’exemple, le Danemark puise 40 % de son énergie des énergies renouvelables. La politique énergétique kabyle pourrait avoir une portée d’envergure. En faisant le choix des énergies renouvelables, la Kabylie inscrit son développement dans l’avenir et la modernité. La Kabylie fera du Développement Durable son leitmotiv.

La Kabylie libre, consciente des enjeux, placera sa confiance totale dans les énergies renouvelables, qu’elle contribuera alors à développer. La production d’une énergie renouvelable offre des avantages substantiels : énergies locales, énergies créatrices d’emplois et préservation de l’environnement. Grâce à son potentiel en énergies renouvelables, elle assurera son indépendance énergétique. La Kabylie concourra au développement et à la généralisation de parcs solaire et éoliens sur son sol, ses mers et ses montagnes.

Ces technologies nouvelles sont un créneau très attractif et intéressent de près les investisseurs étrangers, ce qui permettra au gouvernement kabyle de trouver facilement des partenaires pour assurer le financement des projets de grande envergure. l’Union européenne est prête à financer des installations d’énergies renouvelables en Kabylie.

11eme Pilier : Industrie

La Kabylie se dotera très rapidement de pôles industriels pour accompagner prioritairement les secteurs vitaux que sont notamment l’alimentaire et l’énergétique. L’industrialisation de la Kabylie pourrait être présentée comme suit :

  • Industrie alimentaire et énergétique
  • Industrie des biens de consommations
  • Industries de l’environnement, (recyclage et traitement de déchets…)
  • Industrie du bois, liège et dérivés
  • Industrie chimique
  • Industrie minière et métallurgique
  • Industrie métallique.

Toutes ces industries doivent être programmées dès le départ non seulement pour les besoins internes mais aussi avec l’option exportatrice. Dans la planification, la réalisation et la mise en service successive de ces industries, l’apport des compétences des cadres Kabyles (ingénieurs, entrepreneurs, chercheurs, professeurs….) aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Kabylie doit être placé au-dessus de toute autre considération.

12eme Pilier : TIC et nouvelles technologies

Les plus grosses entreprises mondiales d’aujourd’hui sont spécialisées dans les nouvelles technologies. Ces entreprises à l’image de Facebook, Google, Twitter et Amazone n’existaient pas vingt ans auparavant. Le secret de leurs réussites est d’avoir investi dans des niches et des créneaux non considérés par les entreprises mastodontes classiques. Ces nouvelles entreprises high-tech ont su innover et réinventer de nouveaux modèles. Ils ont su créer de nouveaux besoins qu’au jour d’aujourd’hui personne ne peut s’en passer.

La Kabylie devra s’inspirer de cet état d’esprit. Pour commencer, la Kabylie doit se rendre disponible pour être une terre d’Offshorisation des services informatiques des entreprises occidentales, comme l’est le voisin Marocain, les lointaines Inde, Malaisie et Philippines. Comme l’est également les pays européens, la Pologne et la Roumanie. Ce modèle d’offshorisation permettra à la Kabylie de mettre son pied dans les nouvelles technologies à moindre coûts. Il suffit d’avoir des ingénieurs à qui on dispense des formations accélérées sur des sujets bien précis comme :

  • Administration des systèmes et systèmes d’exploitation
  • Administration des infrastructures Web, réseau, sauvegarde et stockage
  • Administration des bases de données
  • Administration des ERP
  • Développement des applications et langages de programmation
  • Tierce maintenance applicatives
  • Helpdesk, Call center
  • Cyber sécurité, Big Data, Cloud, IOT, Robotique, Domotique, etc…
  • Autres services informatiques…

A long terme, la Kabylie pourra construire des salles machines (Data Center) et pourra prétendre à fournir des services plus poussés.

Agents économiques : PME, PMI, SCOP

Les principaux agents économiques qui porteront très haut l’économie kabyle sont les PME, les PMI et les coopératives SCOP. Le profil du tissu économique kabyle sera beaucoup plus proche de celui de l’Italie. Il sera composé par de petites entreprises ou industries familiales à taille humaine. Les PME jouent un rôle majeur dans la croissance économique et ce sont elles qui créent la plupart des emplois nouveaux. Elles créent 60 à 70 % de l’emploi dans la plupart des pays dans le monde. Dans la zone OCDE, elles représentent 95 % du tissu industriel.

Les PME sont le moteur de l’innovation et des performances industrielles. Les pouvoirs publics kabyles vont réunir les conditions nécessaires pour la création et l’expansion de ces entreprises, afin d’optimiser les contributions que celles-ci peuvent apporter à la croissance. Les PME, de Vgayet ont exporté, durant l’année 2010, plus de 380.000 tonnes de marchandises. Ces flux record, réalisés par une dizaine d’entreprises, ont généré 16,5 milliards de DA, soit l’équivalent de 225 millions de dollars. Les produits exportés sont de nature diverse, quoique dominés par les produits agroalimentaires (huiles, sucre, boissons et laitages) et industriels, notamment les emballages, les produits ferreux et les lièges.

Une politique incitative à la création du plus grand nombre possible de PME, structures à même de générer des richesses et des postes d’emploi, va se traduire par des mesures concrètes :

  • Revaloriser les PME existantes
  • Faciliter la création et le développement des entreprises et améliorer l’accès au capital-risque et autres formes de financement.
  • Alléger la fiscalité
  • Favoriser l’entreprenariat, encourager les regroupements d’entreprises peut aussi améliorer les performances et la compétitivité des PME.
  • Réduire les charges administratives qui pèsent sur les petites entreprises
  • Faciliter l’accès au foncier industriel, l’accès aux crédits bancaires, à l’information.
  • Encourager les réseaux qui rapprochent petites entreprises et investisseurs potentiels
  • Faire bénéficier les PME de mesures incitatives via un accès facilité aux marchés publics.

Investissements Directs Etrangers (IDE)

Aucune économie de par le monde n’est construite sans investissements. Les investissements sont généralement faits par l’épargne locale ou les investissements directs étrangers (IDE).

La Kabylie par son ouverture sur le monde et sa capacité à s’adapter aux exigences du monde moderne, sera en mesure d’accueillir et d’intéresser les investisseurs étrangers. Actuellement, deux compagnies seulement activent dans la région ; le groupe français Danone qui a installé, en 2002, à Vgayet (Bejaïa) sa filiale algérienne : Danone Djurdjura Algérie ; et le géant danois de produits pharmaceutiques, Novo Nordisk, installé en 2007 à Tizi. Ce nombre est insignifiant, mais pas surprenant, vu la plan machiavélique orchestré par Alger pour fuir tous les investisseurs potentiels désirant investir en Kabylie.

Les particularités et les ressources existantes, une fois libérées, feront de la Kabylie une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers. Mais elle dispose aussi de plusieurs atouts attractifs, entre autres :

  • La position géographique stratégique d’une région méditerranéenne, séparée de quelques dizaines de kilomètres de mer seulement des grandes villes de sud de l’Europe comme entre autres Marseille, Naples, Barcelone… Cette position favorise les échanges internationaux.
  • Le port de Vgayet, actuellement deuxième port algérien en termes de volume d’activité, derrière celui d’Alger, dessert un hinterland composé de sept wilayas du Sud Est du pays. Il dispose de ce fait des dessertes routières reliant l’ensemble des villes du pays, de voies ferroviaires et d’un aéroport international.
  • La culture locale est caractérisée également par l’ancrage de la langue française que les populations ont sauvegardée au lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962, ce qui permet de faciliter en conséquence le contact et l’adaptation des étrangers qui y sont établis.
  • La laïcité et la tolérance, deux valeurs ancestrales et universelles qui rapprochent culturellement le peuple kabyle des autres peuples du monde.
  • Des ressources humaines de qualité et un degré d’émancipation avancé.
  • Importantes ressources naturelles et ses paysages attirants permettant le lancement de projets d’investissement dans le tourisme ; l’industrie, et l’agriculture.
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Zidane Lafdal
SIWEL 091749 May 17 UTC

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