L ARVAA N AT IRTEN (SIWEL) — Sur invitation de des responsables locaux dont Youcef Beneddine, blessé du printemps noir 2001 , le Président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Bouaziz Aït-Chebib, et le Secrétaire National aux Relations Extérieures (SNRE), Hocine Azem, ont, encore une fois, joué du verbe de haute volée. En effet, les deux hommes, à l’issue du meeting qu’il ont animé aujourd’hui à Larbaâ Nath Irathen, rendez-vous qui a coïncidé avec le jour du marché, ont convaincu l’assistance, venue de tout le territoire de Larbaâa Nat Iraten et ses environs, que « la solution définitive à la Kabylie ne peut être rien d’autre que son autodétermination ».

 

C’est Bouaziz Aït-Chebib qui prendra la parole le premier. Et contrairement aux autres hommes politiques algériens qui font des dithyrambes inodores et insipides, le premier responsable du MAK sait accrocher l’attention du public dès sa prise de parole en se saisissant de l’authenticité.
« Salut à vous, braves et dignes enfants de Larbaâ Nath Irathen, région qui a enfanté des héros à l’image de Mohamed Djaffel et Abane Ramdane ! », a effectivement commencé son intervention Bouaziz Aït-Chebib. Et dès cet instant, le marché s’arrêta presque totalement. Les emplettes non encore déjà faites, se feront après le meeting.
Les éléments des services de sécurité, fort nombreux sur les lieux s’occuperont à régler la circulation, mission qui est loin d’être une sinécure puisqu’un côté, le public venu assister au meeting était nombreux et de l’autre, les ruelles de Larbaâ Nath Irathen sont très connues pour leur étroitesse.

C’est donc devant cette immense foule que le numéro un du MAK développera son discours à travers lequel il rétablira les véritables enjeux politiques présents et à venir, notamment concernant la Kabylie. C’est dans ce contexte que Bouaziz Aït-Chebib saisira le volet portant sur les élections présidentielles algériennes du 17 avril où il indiquera que les jeux sont faussés d’avance par le pouvoir puisque « aussi bien Abdelaziz Bouteflika que Ali Benflis sont des enfants du même pouvoir en place ». « Ce qui est présenté comme une polémique entre les clans Bouteflika et Benflis n’est en réalité qu’un brouillage de piste, opération orchestrée par le pouvoir », dira l’orateur.
Se voulant encore plus explicite, il ajoutera : « Le DRS (département du renseignement et de la sécurité) tente de nous faire croire que Bouteflika est le mal du pays. Mais n’est-ce pas le DRS qui l’a placé comme chef d’Etat ? »
Ali benflis sera présenté par le président du MAK comme un homme qui ne vaut guère mieux que Abdelaziz Bouteflika. Quant aux autres candidats, l’orateur les ignorera complètement. Cela veut dire qu’il les a considérés comme de simples éléments faisant partie d’un décor.

Après avoir dévoilé la réalité que cache la fausse partie de bras de fer Bouteflika-Benflis, Bouaziz Aït-Chebib s’attaquera à la politique du « pouvoir arabo-islamiste d’Alger » qui veut coûte que coûte maintenir la Kabylie dans son giron dont l’objectif final est de la dépersonnaliser. « Dans sa stratégie de dépersonnalisation du peuple kabyle, indique l’orateur, le pouvoir a recours à tous les moyens possibles ».
Le président du MAK cite alors la propagande selon laquelle, la Kabylie dépend économiquement des rentes pétrolières puisque son territoire est indigent, la Kabylie abrite les nids terroristes….

Le point portant sur le sécuritaire, l’orateur dira bien des choses. « El Qaïda en Kabylie est une invention du pouvoir », cria-t-il. Pour étayer sa thèse, le premier responsable du MAK signalera « la forte présence militaire en Kabylie, et parallèlement, les kidnappings sont devenus légion sans compter « ces terroristes qui infestent notre pays ». « La Kabylie qui a toujours fermé ses portes à l’islamisme ne peut s’accommoder du terrorisme islamiste, clamera l’orateur avant de désigner le pouvoir d’avoir « dirigé ces groupes terroristes vers la Kabylie ».

Concernant les capacités réelles de la Kabylie à lancer son développement le jour où elle accédera à son autodétermination, le président du MAK en énumérera beaucoup et, du coup il accusera le pouvoir de les détruire à présent. L’accusation envers le pouvoir portera également sur son refus de développer la Kabylie sous prétexte qu’il n’existe pas d’assiettes foncières devant abriter des projets industriels ou agricoles. « Pour ériger des pénitenciers et des casernements, il (pouvoir) sait trouver des assiettes foncières », indique l’orateur avant de signaler les ressources naturelles dont rengorge la Kabylie.

Une fois jugé que le pouvoir a son compte, Bouaziz Aït-Chebib s’attaquera au RCD sans toutefois le citer, jugé coupable de « l’appel pour la marche du 15 avril dans le cadre de la commémoration du 20 Avril ». « La journée du 20 Avril doit être commémoré le 20 avril », a crié le numéro un du MAK pour ajouter ensuite : « On n’a jamais célébré la fête du 5 Juillet le 6 ou le 7 juillet et on n’a jamais non plus célébré le Ier Novembre le 31 octobre ou le 2 novembre ». Selon le président du MAK, l’appel de la marche du 15 avril pour fêter le Printemps 1980 n’est qu’une fuite en avant de la part de ses initiateurs.
C’est pourquoi aussi, le président du MAK a renouvelé à partir de Larbaâ Nath Irathen son appel à l’endroit des Kabyles pour venir massivement marcher le 20 avril prochain et exiger à cette occasion la tenue d’un référendum pour l’autodétermination du peuple kabyle et crier que « nous ne sommes pas des Arabes mais bien des Kabyles ! »

Quant à Hocine Azem, il ne se montrera pas prolixe dans son intervention. Toutefois, celle-ci sera aussi percutante que celle de Bouaziz Aït-Chebib. En effet, le SNRE du MAK commencera par exhiber les documents portant programmes d’action des candidats Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis pour indiquer qu’ils n’ont aucune valeur pour le peuple kabyle. Et joignant le geste à la parole, Hocine Azem déchire les documents sous les acclamations de l’assistance.

Une fois « cette question réglée », l’intervenant parlera de la politique de l’ostracisme menée par le pouvoir d’Alger à l’endroit des peuples amazighs. Pour le SNRE, ce n’est pas fortuit si le peuple AZAWAD du Mali et le peuple mozabite sont ignorés d’Alger. « Le pouvoir algérien ne veut reconnaître l’existence des peuples amazighs », a crié Hocine Azem avant de préciser que les peuples palestinien et sahraoui jouissent de l’appui du pouvoir d’Alger car il les identifie comme des peuples arabes. Et pour boucler la boucle, le SNRE trouve « paradoxal » qu’Alger fait tout pour internationaliser les dossiers sahraoui et palestinien alors qu’il fait tout pour étouffer ceux relatifs à ceux des peuples amazighs.

Revenant à l’appel de la marche du « 15 avril », Hocine Azem tournera en dérision ses initiateurs. « certains veulent faire suivre à la journée du 20 Avril le cycle du ramadhan qui chaque année est décalé de dix jours puisqu’il obéit aux règles du calendrier lunaire ». « Non, la journée du 20 avril 1980 va continuer à être commémorée le 20 avril ! », a déclaré Hocine Azem qui a encore rappelé qu’à cette occasion, le peuple kabyle rappellera son exigence à la tenue d’un référendum sur son autodétermination.

Sur ce, le meeting toucha à sa fin. Toutefois, même après la fin du meeting Bouaziz Aït-Chebib et Hocine Azem furent approchés par plusieurs citoyens pour les féliciter de la justesse de leurs propos et les rassurer que les Kabyles ne se reconnaissent qu’à travers le MAK.

cdb
SIWEL 022244 AVR 14

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