LAƐNAYA KABYLE FACE AU TERRORISME ÉTATIQUE COLONIAL ALGÉRIEN

KABYLIE (SIWEL) — Une première en Kabylie, le jugement pris par tajmaɛt (assemblée de village) Imzizou (Fréha), porte à la fois sur une question d’ordre social, juridique et politique contrairement aux habituelles décisions sur des sujets concernant la gestion sociale ou économique et la vie du village.

À l’unanimité, les citoyens du village Imzizou (Fréha) ont pris la décision de bannir un de leur citoyen, en l’occurrence le sulfureux politicien Omar Aït Mokhtar proche du pouvoir colonial arabo-islamiste algérien.

Il a eu l’impertinence de déposer plainte auprès de la gendarmerie coloniale algérienne contre l’un des leurs, monsieur Ould Braham, à la suite de la décision, pourtant collective, de fermer l’école du village le jour du vote le 12/06.

Selon tajmaɛt la fermeture de cette école obéissait à la nécessité de préserver l’ordre publique, éviter des échauffourées entre la gendarmerie coloniale et les jeunes du village au cas où les gendarmes, rejetés par l’ensemble des Kabyles, tenteraient d’imposer la votation, acte aussi rejeté par tous les villageois et avec eux tous les Kabyles qui ont déclaré Ulac Lvot Ulac.

En parallèle de ce jugement du 15/06 pour « haute trahison et atteinte ignominieuse aux valeurs ancestrales du village » à l’encontre de ce politicien, candidat du Front national algérien (FNA), les citoyens d’Imzizou vont aussi actionner Laɛnaya, ici la solidarité, envers monsieur Ould Braham, en initiant une pétition pour attester que c’est « tout le village qui a procédé à la fermeture de l’école ».

Laɛnaya et le serment Jmaɛ Limane avec ses pendants la laïcité et la démocratie, sont les principes fondamentaux de la Kabylie. Il est solidarité multiple, hospitalité, protection, sécurité et pour le citoyen Kabyle et pour le village qui peut solliciter l’aide d’un autre village et pour l’étranger vivant ou de passage en terre Kabyle qui en fait la demande.

Désormais monsieur Ould Braham bénéficie de Laɛnaya de son village Imzizou et par extension de toute la Kabylie.

Laɛnaya est cette autorité de contrainte à laquelle a fait appel Mas Ferhat Mehenni lors de son appel de Londres le 3 juin 2018. Loin d’être un appel à la constitution de milices armées, comme ont voulu perfidement le faire accroire certains Kabyles de service prompts à crier haro sur les Kabyles dignes, mais qui gardent, comme en ce moment, un silence lâche devant tous les dépassements que subissent les kabyles de la part de cette junte militaire, il est un appel à la revivification des traditions de solidarité et de protection Kabyles dans toute leurs dimensions.

Sur les réseaux sociaux l’ensemble des Kabyles a salué cette initiative qui espèrent servir d’exemple et amener à d’autres initiatives à travers toute la Kabylie et pour juger les contrevenants et pour protéger les Kabyles de l’arbitraire colonial algérien.

Face à la situation désastreuse que vit la Kabylie sur tous les plans et particulièrement dans le domaine des droits humains des Kabyles constamment bafoués, le recours à la substitution de l’autorité coloniale par l’autorité Kabyle est seul à même de protéger les Kabyles de toutes ces dérives fasciste arabo-islamistes.

Actuellement des centaines de militants Kabyles pacifiques sont, soit injustement emprisonnés, sous contrôle judiciaire, apatrides dépourvus de papiers d’identités ou chassés de leur travail à cause de leur militantisme politique pacifique etc…

L’exemple du village d’Imzizou saura-t-il amener les Kabyles à engager une réflexion urgente sur la situation grave que vivent les Kabyles et particulièrement les familles des détenus victimes du terrorisme judiciaire algérien ?

Ces abus de pouvoir sont une prise en otage manifeste de toute la Kabylie et de tous les Kabyles. Actuellement des villes et des dizaines de villages Kabyles déplorent un des leurs victime de ce terrorisme étatique colonial algérien.

Depuis 1962 les valeurs ancestrales Kabyles sont bafouées de manière systémique obéissant à une politique délibérée, pensée, réfléchie dont le but est de les effacer.

Accompagnée d’un racisme systémique anti-kabyle, propagé, non seulement par des personnes ordinaires mais pire par les médias officiels, des politiciens, des anciens ministres, des députés, ces deux dernières années, la junte militaire a fait monter de plusieurs crans la répression, les arrestations et la pression raciste quand en parallèle pour tenter de se disculper et tromper l’opinion internationale elle vote une loi criminalisant le discours de haine et la discrimination qu’elle n’a jamais appliqué malgré les différentes plaintes déposées.

Il est vain pour les Kabyles d’évoquer les valeurs ancestrales à certaines occasions quand des Kabyles, enfants de martyrs qui ont libéré ce pays confisqué sont interdits de leur terre, de leur papiers, de leurs familles, de leurs ancêtres, de l’air de leur montagnes, pour le seul fait de s’opposer pacifiquement à une bande voyous arabo-islamistes, charlatans de la religion qu’ils manipulent.

Les Kabyles ont-ils perdu à ce point le sens et la valeur profonde de ces valeurs ancestrales pour accepter un tel sort, regarder ailleurs et ânonner sur les droits humains et la démocratie pendant que leurs enfants souffrent le martyr de l’exil, de la prison et de la misère sociale qui les jettent sans retour dans la Méditerranée ?

Il est plus que temps d’y mettre un terme d’autant plus que la Kabylie dispose des institutions et du cadre juridique issu du droit Kabyle pour faire face à ce terrorisme étatique algérien organisé par une junte affolée qui y tente à travers de donner l’image d’un semblant de puissance qu’elle n’a au demeurant jamais eu.

Il faut absolument que cela cesse, ici et maintenant, à froid, de manière pacifique.

PS: Au moment où nous écrivons ces lignes un autre militant Kabyle pacifique, Taleb El Hadi vient d’être enlevé chez lui par des agents de la junte coloniale.  

CLKI – Chroniqueurs Libres de la Kabylie Indépendante
SIWEL 200935 MAI 21