CHORFA/ SIDI AICH (SIWEL) — plusieurs militants du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) ont reçu des convocations à Chorfa et Sidi Aich. Quelques uns d’entres eux se sont rendus au poste de police pour savoir exactement ce qui leur était reproché. Les forces de police algérienne les avaient en fait convoqué pour leur administrer une leçon de morale sur leur activité au sein du MAK. Ils les ont exhorté à « s’éloigner » du MAK qui cherche a « diviser le pays » en leur rappelant que c’était un mouvement « illégal » et « dangereux ». Les militants du MAK ont pleinement assumé leur engagement au sein du MAK rappelant à la police algérienne que la violence était une pratique de l’Etat algérien et que, contrairement aux forces répressives algériennes, leur mouvement était d’essence pacifique et ne réclamait qu’un droit reconnu à tous les peuples du monde, celui de disposer de lui-même.

 

La leçon de morale sur l’unité de la "nation algérienne", qui se définie, rappelons-le comme une nation arabo-islamique, était l’objet même de la convocation des militants du MAK, en plus d’une séance d’intimidation sur l’illégalité du mouvement dans lequel ils activaient.

A Sidi Aich, ces "convocations" font suite aux nombreuses arrestations (plus de 80) enregistrées lors de la marche du 20 avril à Vgayet. Pour rappel, la manifestation du 20 avril qui avait été empêchée et réprimée à Tizi-Ouzou avait quand même eu lieu à Vgayet, malgré les arrestations, les intimidations et les insultes. La marche, malgré toutes ces entraves, fut un grand succès. D’autre part, il semble que cette série de convocations répond à une logique d’intimidation envers les militants du MAK qui préparent une nouvelle marche pour le 19 mai prochain dans le but de commémorer les évènement de mai 1981 qui a donné lieu au printemps de Vgayet et durant lequel il y eut une très forte répression ainsi que de nombreuses arrestations, y compris parmi des lycéens mineurs qui ont dû passer le bac en prison. Le MAK ayant décidé de rendre au peuple kabyle toutes les dates phares de son histoire contemporaine se voit ainsi harcelé à travers ses jeunes militants qui subissent alternativement "répression", "intimidation" et "leçon de morale". Loin de casser la dynamique du MAK, ces méthodes semblent plutôt renforcer la détermination des militants du MAK dont les rangs ne cessent de s’accroitre au grand damne du pouvoir algérien et de ses relais.

A Chorfa, ces convocations font suite aux émeutes qui avaient éclaté dans plusieurs localités de Tuvirett contre le bourrage des urnes en Kabylie. Le 17 avril 2014, des jeunes kabyles de Chorfa avaient effectivement manifesté contre le simulacre d’élection présidentielles en Kabylie et s’étaient insurgé contre le bourrage des urnes qui se déroulaient sous leurs yeux. Furieux, ils avaient finit par bruler les urnes en signe de protestation. S’en est suivi une très dure répression qui a vu les forces de la gendarmerie algérienne renouer avec leur pratiques ultra répressives contre la jeunesse kabyle. Plusieurs jeunes de Chorfa avaient, en effet, subi des sévices à l’intérieur même des brigades de la gendarmerie algérienne. A leur libération, sous une forte pression populaire, ils ont été libérés et transférés par leurs concitoyens à l’hôpital d’Imceddalen (Ex Mechdallah). Enfin, pour rappel, dans un esprit de vengeance contre les protestations publiques des jeunes manifestants qui s’opposaient aux élections présidentielles algériennes, les gendarmes algériens ont mis le feu au dortoir du lycée " Aliane Hmimi", privant ainsi des dizaines de lycéens d’internat.

Dans la foulée de cette violente répression , le 19 avril, la coordination MAK de Chorfa, sur laquelle le régime algérien tente de reporter la violence des émeutes à Tuvirett, publie un communiqué dans lequel elle accuse la gendarmerie algérienne d’user de violence face à des citoyens qui se sont mobilisés pour défendre leur souveraineté et contrer le bourrage des urnes. Accusée d’être derrière ces évènements, la coordination MAK de Chorfa a rappelé le caractère démocratique et pacifique du combat mené par leur mouvement, et accusant les service de "sécurité" algériens de se comporter en force d’occupation en Kabylie.

Trois semaines plus tard, voilà que les forces de police convoquent les militants du MAK pour leur faire des leçons de morale sur l’unité de la nation algérienne et le caractère illégal de leur mouvement. Loin de se laisser impressionner, les militants qui ont répondu à la convocation ont pleinement assumé leur engagement au sein du MAK, tandis que d’autres militants ont tout bonnement refusé de se rendre au commissariat, pressentant d’avance qu’ils auraient droit à des séances d’intimidations

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