Des journalistes interrogés à un barrage policier algérien sur le motif de leur déplacement en Kabylie

KABYLIE (SIWEL) — A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, une délégation de journalistes qui s’était rendue vendredi 04 mai 2018 au village d’Ulku pour se recueillir sur la tombe du journaliste et écrivain kabyle Tahar Djaout assassiné par le pouvoir algérien et ses islamistes devant son domicile le mercredi 26 mai 1993, a dû subir un interrogatoire par des policiers algériens coloniaux au niveau d’un barrage de contrôle routier installé à Azeffoun, sur le littoral kabyle.

Alors que l’un des policiers s’était bien assuré qu’il s’agissait d’une délégation de journalistes auprès des conducteurs des deux véhicules qui ont obtempéré à l’ordre de s’arrêter, les policiers ont demandé aux journalistes de s’expliquer sur le motif de leur déplacement dans cette région et ont exigé la pièce d’identité du supposé « chef de la mission ».

L’un des journalistes qui a contacté Siwel précise que cette activité était pourtant prévue depuis une semaine et de surcroît co-organisée par l’Association des Journalistes et Correspondants de la wilaya de Tizi Ouzou et la direction locale de la culture, ce qui a suscité le mécontentement des journalistes, en plus de l’attitude et le comportement peu professionnel des policiers algériens en faction.

Cet épisode démontre la vacuité du sens du communiqué de la présidence algérienne qui, toute, honte bue, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse le 03 mai, qualifie la corporation de « Vigiles de la République » en s’adressant aux journalistes mis au pas et aux ordres, une presse qui tait la répression et les kidnappings de militants Kabyles pacifiques par la police coloniale algérienne en Kabylie, des journalistes godillots qui feignent ignorer le plan Challe qui encercle la Kabylie et qui fait d’elle une caserne à ciel ouvert…

A rappeler que Reporters Sans Frontières (RSF) dans son classement 2018 sur la liberté de presse classe l’Algérie, 136ème pays sur 180, le 1er étant la Norvège et le dernier la Corée du Nord. RSF relate notamment le cas du blogueur kabyle Merzoug Touati arrêté le 18 janvier 2017 par la police algérienne à Vgayet (ex Béjaïa), en Kabylie, après avoir diffusé sur son blog un entretien sur Skype avec un ressortissant israélien. Il croupit à ce jour toujours dans les geôles algériennes.

wbw
SIWEL 052355 MAI 18

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