Interdiction de la conférence de Younes Adli : Témoignage et indignation de l’universitaire Fatah Bouhmila

AOKAS (SIWEL) — Êtes-vous dans le même pays que moi ? Vous qui me lisez, avez-vous le sentiment de vivre sous le même ciel que moi ? Respirez-vous le même air que moi ou dois-je consulter le docteur pour qu’il me dise que j’ai une fibrose des poumons à trop inspirer un oxygène vicié par un manque de liberté d’expression et d’être ce que je suis ? Parce que mes amis, j’ai l’intime conviction que je vis sous un régime du type Pinochet des années 70 d’après septembre 73.

ien que ça pour ne pas dire que c’est pire parce que le dictateur de triste mémoire qui pourrit actuellement dans la poubelle de l’histoire était cohérent. Ou qu’il avait les moyens de sa politique dictatoriale. Parce que le régime des hauts d’Alger est d’un surréalisme de bas étage que l’on peut qualifier de sous-réalisme à faire pâlir le jeune dictateur de la Corée du Nord.

Comment se fait-il que le président de l’APC d’Aokas autorise une activité culturelle promouvant l’écriture et la production de sens via le livre et que les autorités non-élues de l’endroit l’interdisent par la force. Le centre culturel où devait avoir lieu la conférence-débat de mon collègue Younès Adli de l’université Mouloud Mammeri et où est domiciliée l’association Azday Adelsan qui anime le café littéraire est sous la tutelle de l’APC. La police qui a l’habitude d’assurer la sécurité des lieux les jours d’affluence pour raison d’activité culturelle s’est muée aujourd’hui en kommandantur: quand elle entend le mot kabyle, elle sort ses armes.

Younès Adli est un fonctionnaire de l’état algérien, enseignant anthropologue à l’université de Tizi-Ouzou et auteur de plusieurs ouvrages sur des questions éminemment politiques et sociétales.
Nous l’avons invité pour nous donner une conférence-débat intitulée LA PENSÉE KABYLE comme son livre en deux tomes qui est sorti en librairie il y a de cela plusieurs années. La bibliothèque nationale lui a attribué un ISBN pour dire que son existence dans le champ éditorial national est ce qu’il y a de plus officiel. Mais alors, pourquoi lui interdit-on de parler aux paisibles citoyens d’Aokas ? Que ce cache-t-il derrière la mesure qui vient de je-ne-sais-où et que la police locale à leur tête le chef de sûreté de daïra a mis à exécution en cette après-midi de beau temps que les dieux grecs nous envient de leur Olympe.

Younès Adli en force tranquille a parfaitement géré la situation en essayant de discuter calmement avec les policiers: rien à faire. « Nous avons reçu des instructions pour bloquer l’accès au centre culturel.  » a répondu le chef de sûreté locale. Lorsque nous lui avons demandé de nous montrer une décision d’interdiction écrite, rien à faire. Il a répondu qu’il n’avait pas à se justifier.

Après cela, des citoyens ont émis l’idée d’improviser une marche pour informer les citoyens et aboutir à la daïra, nous avons été violemment empêchés. « Vous ne marcherez pas puisque vous n’êtes pas autorisés. » a ajouté le chef de la police.

Suite à cela, nous nous somme attablés au café sis à un jet de pierres du centre culturel Rahmani Slimane qui nous est resté fermé . Pour la petite histoire et lui faire de la pub, le café en question a pour nom LE TITANIC. Qui coulera dans cette histoire, demain nous le dira et je suis certain que ce n’est pas nous: nous sommes là depuis que le monde est monde et que l’Afrique du nord a connu son premier bipède.

Un échange très fructueux a eu lieu entre une trentaine de personnes et notre ami Younès Adli a dédicacé ses ouvrages pour ceux qui ont voulu les acquérir.

Parler de la pensée kabyle n’est pas toléré par le régime des hauts d’Alger, alors que l’association danse kabyle ou chanson kabyle ne le dérange nullement. Le folklore étant ce qui est mort dans une culture, le régime aime les cimetières.

Je lirai attentivement les deux tomes et je vous en parlerai très sérieusement. Puis je vous recommande de les acheter puisqu’ils sont en vente libre. On m’a appris que la librairie Gouraya de Béjaïa les a. Puis nous avons décidé de nous battre pour organiser la conférence malgré tout. Vous viendrez en débattre avec l’auteur qui nous a promis de revenir lorsque nous vaincrons la Kommandantur.

Fatah Bouhmila
SIWEL 042119 Mar 17

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