GUELMA (SIWEL) — Le théâtre d’expression amazighe serait-il en passe d’être rayé de toute présélection au festival de théâtre professionnel prévu à Guelma ? C’est du moins ce qui a été décidé par le commissaire de la présélection du dit festival qui agit avec zèle pour satisfaire l’esprit colonial qui anime le sérail algérien.

Suite aux protestations des associations culturelles de Kabylie, le ministre algérien de la culture arabo-islamique n’a pas manqué de réagir.

 

Le commissaire de ce festival "national" n’est autre que le directeur du théâtre régional de Guelma et, comble de l’ironie, cela se passe dans la région de la reine berbère Dihya, dont la statue a été récemment mise à feu par des apprentis daechistes, estimant sans aucun doute possible que la reine Dihya, qui lutta avec acharnement contre l’invasion arabo-islamiqu au 7ème siècle, devait être effacée de l’histoire et de la mémoire de cette région du vaste monde amazigh.

La première réaction face à cette exclusion du théâtre kabyle de ce festival est venue des associations culturelles et de artistes de Tizi Wezzu qui "dénoncent énergiquement cette décision", celle-ci étant perçue, et à juste titre, comme étant régionaliste, pour ne pas dire carrément raciste, et ce d’autant plus que les troupes théâtrales en langues amazighes trouvent étrangement toutes les peines du monde à se produire ailleurs qu’en Kabylie.

Evidemment, les protestations des associations culturelles et des artistes, n’ont pas été du gout du ministre algérien de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui a réagi par voie de communiqué officiel aux protestations des associations culturelles kabyles en « exhortant les théâtres régionaux à sélectionner les pièces destinées à être produites ou à concourir dans des festivals sur des "critères professionnels et artistiques" et non sur des bases "linguistiques ou régionales" » (sic) … comme le rapporte l’article de l’inénarrable Agence de presse algérienne (APS) rappelant en outre que le ministre de la culture arabo-islamique algérienne n’a pas manqué de souligner « la nécessité de faire preuve de professionnalisme dans la production de pièces de théâtre, en Arabe et en Tamazight, "les deux langues nationales et officielles" » (re-sic).

Et pendant que les pièces de théâtre kabyles sont frappées d’ostracisme sur le sol de la reine amazighe Dihya, le court métrage "Koceila" du cinéaste Tahar Houchi qui a été récompensé à Agadir (maroc) lors de la 8e édition du Festival Issni N’Ourgh International du film amazigh (FINIFA), sera quant à lui projeté au 9e Festival du film Sciacca (Sud de l’Italie) dans la catégorie "Regard innocent", un focus sur le cinéma arabe, aux côtés d’autres productions du Liban, d’Irak, de Syrie, du Qatar et du Maroc, nous apprend l’agence algérienne APS

En d’autre termes, les productions artistiques kabyles et amazighes sont sabotées chez elles sur leur propre territoire et quand elles sont quand même primées après avoir surmonté les mille et un obstacles du parcours du combattant réservé aux œuvres "autochtones", eh bien elles sont tout bonnement présentées au niveau international dans la catégorie « Monde Arabe » …

ak/zp,
SIWEL 241048 AOU 16

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