KIDAL (SIWEL) — Hier, dimanche 15 septembre, des manifestants, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents, ont essuyé des tirs de bombes lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc par les forces de la MINUSMA à Kidal. Les manifestants avaient investi les pistes de l’aéroport pour protester contre la venue d’une délégation gouvernementale malienne et ont tenté d’empêcher l’avion ministériel malien d’atterrir à Kidal. Dans un communiqué rendu public hier soir, le MNLA s’est dit « scandalisé qu’il soit fait usage d’une telle violence envers les femmes et les adolescents de l’Azawad pour avoir exercé leur droit inaliénable à manifester pacifiquement leur opinion sur des sujets qui engagent leur survie et leur avenir ».
C’est une première dans l’histoire officielle des forces internationales placées sous l’égide de l’ONU ! C’est la première fois que l’on voit des forces internationales réprimer ouvertement et aussi violemment une population locale civile des femmes, des enfants et des adolescents… Théoriquement, les forces onusiennes sont censées œuvrer à l’établissement de conditions favorables au retour de la paix. Elles sont également censées garantir la protection des populations civiles, en particulier des femmes et des enfants, et non pas les réprimer en leur tirant dessus avec des balles en caoutchouc et encore moins quand ces populations exercent leur droit à manifester pacifiquement contre une politique qui les concernent en premier lieu …
C’est à peine croyable… La « morale » de la communauté internationale devient de plus en plus…insoutenable. Étant parfaitement informées de la pénible histoire des touaregs, comment les instances de l’ONU, non satisfaites d’imposer aux touaregs une cohabitation infernale, ont-elles pu en plus cautionner et, plus grave encore, assumer la violente répression des populations civiles qui expriment, non sans raison, leur désaccord au retour des autorités maliennes. Faut-il rappeler que ces mêmes populations continuent de subir toutes sortes d’exaction de la part des autorités maliennes et que, de surcroit, les forces dites internationales, celles de la MINUSMA justement, comme celles de la SERVAL restent résolument « inaptes » à les protéger ? !
Pour l’instant, en dehors du MNLA, personne n’a officiellement réagit à cet usage de la force par la MINUSMA contre les manifestants de Kidal. Ni l’ONU qui porte officiellement la responsabilité de la MINUSMA, ni François Hollande qui est en réalité le vrai chef des opérations politiques et militaires dans cette région du Sahel. D’autre part, il est utile de préciser que les forces « onusiennes » de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) se recrutent parmi des candidats de nationalité malienne, (voir le site officiel de cette organisation http://minusma.unmissions.org/). Ce détail, très important, aide à comprendre la facilité dont à fait preuve la MINUSMA pour faire usage de violence contre les touaregs de Kidal, femmes et enfants confondus.
C’est ainsi, qu’un peu plus tard dans la journée, répondant à la force onusienne qui a tenté de les forcer au silence par l’usage de la violence, le convoi militaire qui transportait les ministres maliens de la Réconciliation nationale, de l’Administration du territoire et de la Sécurité, a été « accueilli » à coup de pierres. Ils ont tout de même entendu le farouche refus de la population civile de les voir déambuler à Kidal comme si de rien n’était, comme si 50 années d’injustice et de terribles souffrances pouvaient être effacées par la grâce de la seule présence de SERVAL…
A défaut de "bombes lacrymogène" et de balles en caoutchouc, les civils kidalois ont tout de même réussi à "disperser" les ministres maliens. Ils ont été obligé de revoir à la baisse leur programme et ont du écourter leur visite à Kidal pour retourner plus tôt que prévu à Bamako, actuelle capitale de la Françafrique. Quant à François Hollande, qui aurait cru, avant son élection, qu’il pourrait faire preuve d’autant de cynisme ?
zp,
SIWEL 161625 SEP 13